La pandémie a torpillé l’équilibre alimentaire

Par Virginie LEGOURD Publié le 17/06/2022 Mis à jour le 20/06/2022
Actualité

L'épidémie de COVID-19 s’est accompagnée de nombreuses mesures restrictives : confinement, couvre-feu, fermeture de restaurants... qui ont pu avoir un impact néfaste sur les comportements alimentaires. 

Depuis le 11 mars 2020, l’épidémie due au Covid-19 a officiellement été déclarée comme une pandémie, la première causée par un coronavirus, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour freiner la pandémie, un premier confinement strict a été institué en France du 17 mars au 11 mai 2020, bouleversant la vie quotidienne de la population. Il a été suivi d'autres. Comme en France, de nombreux pays (mais pas tous, à l'instar du Japon) ont opté pour des mesures de confinement. Dès le début de ces mesures exceptionnelles, des enquêtes ont été menées pour suivre les différents comportements alimentaires dues à cette situation. Deux d'entre elles révèlent les impacts du confinement sur la santé, précisément sur les habitudes alimentaires entraînant la consommation de produits ultra-transformés et la prise de poids.

On ne mange plus comme avant 

Le comportement alimentaire varie, évolue en fonction de nombreux facteurs : environnement, revenus, éducation... Sa principale fonction physiologique reste d'assurer un apport suffisant en énergie, en macronutriments (glucides, lipides, protéines) et micronutriments, comme les vitamines, les minéraux, et les composés phytochimiques tels que les caroténoïdes, les polyphénols, les terpènes. Une partie de ces composés est nécessaire à l'ensemble des cellules de l'organisme. Cependant, on assiste depuis quelques décennies à une évolution du comportement alimentaire avec la consommation de plus de produits ultra-transfomés. La pandémie et les confinements n'ont pas arrangé les choses. 

L’analyse de 23 études internationales montre que les confinements ont modifié les comportements alimentaires

Sur un ensemble de 826 études ayant suivi des populations durant leur confinement, 23 ont été incluses dans ce travail de collecte, d'évaluation critique et de synthèse des connaissances. Le but de cette revue systématique était d'évaluer les changements de comportements alimentaires pendant la pandémie de COVID-19 en établissant une comparaison avant et après. Les conclusions de cette analyse fournissent des informations sur les modifications des comportements alimentaires. Elles montrent une augmentation du snacking et une préférence pour les sucreries et les aliments ultra-transformés. On y constate également une hausse de la consommation d'alcool. Le respect d'une alimentation saine a clairement diminué. 

Pour tout savoir sur les aliments ultra-transformés, le livre du Dr Anthony Fardet Halte aux aliments ultra-transformés ! 

Résultats ?  Les fruits, les légumes et les aliments frais sont moins consommés. Le nombre de personnes adoptant une alimentation saine diminue.

Une prise de poids généralisée 

D’autres études ont trouvé que le poids des personnes soumises aux confinements avait augmenté. Dès le début du confinement, une enquête répétée de Santé publique France (enquête CoviPrev) a permis de suivre différents comportements de santé. Il en ressort que parmi les personnes interrogées, celles qui ont perçu le confinement comme une période difficile à vivre ont pris du poids. Elles ont déclaré avoir mangé en plus grande quantité que d’habitude, grignoté davantage, réduit leur consommation de fruits et légumes, fait moins d’activité sportive, présenté un état dépressif et des troubles du sommeil. En France, dès la 5ème semaine de confinement, 37% des personnes ayant participé à l'étude ont modifié leur alimentation : davantage de cuisine, mais ausi de grignotages, consommation de produits gras, sucrés, salés...

Résultat ? En huitième semaine de confinement, 27% des répondants déclaraient grignoter davantage, contre 22% pendant la 5ème semaine. 36% ont constaté une prise de poids en huitième semaine alors qu'ils n'étaient que  27% en 5ème semaine.

Ce qui devrait alerter les autorités de santé publique

Ces études suggèrent que les confinements ont influencé les comportements alimentaires. Si le confinement a pu favoriser la cuisine-maison, d’autres changements se révèlent défavorables, voire dangereux pour la santé. Face à de tels résultats, on attend des autorités sanitaires qu'elles adaptent leurs messages de nutrition et de santé publique pour remédier à ces impacts négatifs d'une part, mais également pour mieux gérer la situation, en cas de nouvelles restrictions. En effet, des confinements répétés risqueraient d’aggraver les pathologies liées à l’alimentation. 

Pour aller plus loin, lire : La meilleure façon de manger 

Références
  1. González-Monroy C, et al. Eating Behaviour Changes during the COVID-19 Pandemic: A Systematic Review of Longitudinal Studies. Int J Environ Res Public Health. 2021 Oct. 22;18(21):11130.
  2.  Eating behavior and determinants of weight gain in French adults during the COVID-19 lockdown: Perceived trends (CoviPrev, 2020)

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