Surpoids, diabète : comment le sucre perturbe le microbiote

Par Elvire Nérin - Journaliste scientifique et auteure Publié le 05/09/2022 Mis à jour le 05/09/2022
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En perturbant le microbiote, le sucre conduirait à la prise de poids, la résistance à l'insuline et au diabète.

Notre experte : le Dr Martine Cotinat, auteure de Je rééquilibre mon microbiote

Une étude sur des souris, publiée dans le journal Cell, montre que le sucre altère la flore intestinale, déclenchant une chaîne d'événements qui conduit au surpoids, à des maladies métaboliques, et au prédiabète. Ces résultats suggèrent que si l'alimentation est importante en prévention de l'obésité et du diabète, il est nécessaire d'avoir un microbiote intestinal varié et équilibré. Or certains aliments comme le sucre nuisent à la qualité de la flore intestinale.

Lire : Tout savoir sur le sucre

L'alimentation modifie le microbiome

Le Dr Ivalyo Ivanov, professeur agrégé de microbiologie et d'immunologie à l'Université Columbia, et ses collègues, ont étudié les effets d'un régime alimentaire de type occidental, riche en sucre et en graisses sur le microbiote des souris.

Après quatre semaines de régime, les animaux présentaient les caractéristiques du syndrome métabolique avec prise de poids, apparition d'une résistance à l'insuline et d'une intolérance au glucose. Et leurs microbiomes avaient radicalement changé : la quantité de bactéries filamenteuses segmentées que l'on trouve fréquemment dans le microbiote intestinal des rongeurs, des poissons et des poulets avait fortement diminué alors que d'autres bactéries augmentaient considérablement.

Les modifications du microbiome altèrent les cellules immunitaires

La réduction des bactéries filamenteuses semble essentielle à la santé des animaux par un effet sur des cellules immunitaires appelées Th17. La baisse des bactéries filamenteuses a réduit le nombre de cellules Th17 dans l'intestin, alors que ces cellules sont nécessaires pour prévenir les maladies métaboliques, le diabète et la prise de poids.

Ces cellules immunitaires sont des médiateurs de l'immunité cellulaire ; elles jouent un rôle essentiel dans la défense contre les agents pathogènes, en particulier au niveau des barrières muqueuses et épithéliales. "Ces cellules immunitaires produisent aussi des molécules qui ralentissent l'absorption des 'mauvais' lipides au niveau de l'intestin et diminuent l'inflammation intestinale", ajoute le Dr Ivanov. "En d'autres termes, elles maintiennent l'intestin en bonne santé et protègent le corps contre l'absorption de lipides néfastes."

Coupable : le sucre ou le gras ?

Quelle composante du régime riche en graisses et en sucre a conduit à ces changements ? L'équipe d'Ivanov a découvert que le sucre est en cause. "Le sucre élimine les bactéries filamenteuses et les cellules Th17 protectrices disparaissent en conséquence", dit le chercheur. "Lorsque nous avons nourri des souris avec un régime sans sucre et riche en graisses, elles ont conservé les cellules Th17 intestinales et ont été complètement protégées contre l'obésité et le prédiabète, même si elles mangeaient autant de calories."

Mais l'élimination du sucre n'a pas été bénfique à toutes les souris. Chez celles qui n'avaient pas de bactéries filamenteuses au départ, donc avec un microbiote altéré, l'élimination du sucre n'a pas eu d'effet. Les animaux sont devenus obèses et ont développé un diabète.

"Cela suggère que certaines interventions diététiques populaires, telles que la réduction des sucres, ne peuvent fonctionner que chez les personnes qui ont certaines populations bactériennes dans leur microbiote", déclare le Dr Ivanov.

Dans ces cas, certains probiotiques pourraient être utiles. Chez les souris d'Ivanov, des suppléments de bactéries filamenteuses ont conduit à la récupération des cellules Th17 et à la protection contre le syndrome métabolique, malgré la consommation par les animaux d'un régime riche en graisses.

Bien que les humains n'abritent pas les mêmes bactéries filamenteuses que les souris, les chercheurs pensent que d'autres bactéries peuvent avoir les mêmes effets protecteurs. Le microbiote est important, mais la véritable protection vient des cellules Th17 induites par les bactéries, disent-ils.

"Pour une santé optimale, il est important non seulement de modifier son alimentation, mais également d'améliorer la qualité et la diversité du microbiote", dit le Dr Cotinat.

Lire aussi l'entretien avec le Dr Martine Cotinat sur le microbiote

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