Pourquoi on s’arrête de manger ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 04/03/2009 Mis à jour le 01/03/2017
L'essentiel

Pour la majorité d’entre nous la satiété n’est pas le signal qui nous pousse à terminer un repas. Pourquoi continue-t-on à manger alors même que nous n’avons physiologiquement plus « faim » ?

Et vous, pourquoi est-ce que vous vous arrêtez de manger ? Parce que vous avez fini votre assiette ? Parce que l’heure de votre pause-déjeuner est finie ? Ou parce que vous n’avez plus faim tout simplement ? Simplement ? Pas si sûr, le fait de « n’avoir plus faim », n’est pas la principale raison qui nous fait mettre fin à un repas. Alors pourquoi on s’arrête de manger ? Pour en avoir le cœur net, deux spécialistes de psychologie alimentaire ont posé la question à des volontaires (1).


Les Français plus « intérieurs » que les Américains

Le professeur Brian Wansink de l’université de Cornell et le professeur Pierre Chandon de l’Insead de Fontainebleau (voir interview) ont recruté un groupe d’étudiants français et un groupe d’étudiants américains auxquels ils ont remis un questionnaire où figuraient 6 raisons de mettre un terme à son repas. Parmi les réponses proposées les chercheurs ont distingué les signaux « intérieurs » du type « j’arrête de manger parce que je n’ai plus faim », des signaux extérieurs du type « j’arrête de manger parce que mon émission de télévision est terminée ».

En décortiquant les réponses des volontaires, les chercheurs se sont vite aperçu qu’il existait une différence très nette entre les deux groupes. Si les Français sont majoritairement guidés par des facteurs intérieurs liés à leur degré de satiété, les Américains sont nombreux à lister des signaux externes pour expliquer qu’ils arrêtent de manger.

Cela pourrait-il expliquer pourquoi l’obésité est plus importante aux États-Unis ? En tout cas ça pourrait bien y contribuer. « En France nous avons encore des règles alimentaires, explique Pierre Chandon. Nous mangeons en majorité à l’heure des repas, l’alimentation reste encore assez structurée et ces rythmes et ces habitudes nous aident à manger plus sainement. En revanche aux États-Unis c’est beaucoup moins le cas, les habitants se sont éloignés de la culture alimentaire originelle au profit d’un système où l’on mange un peu n’importe quand ».


Des amis qui donnent de l’appétit

Les repas à table entre amis sont-ils un barrage à l’épidémie de surpoids ? C’est en effet un avantage non négligeable, mais manger à table n’est pas forcément une garantie de manger juste à sa faim. D’ailleurs les grandes bouffes entre amis comportent elles aussi des pièges qui peuvent nous pousser à continuer à manger alors même que l’on n’a plus faim.

Pourquoi ? Parce que dans le feu d’une conversation à bâtons rompus avec Paul on se ressert une portion de frites sans s’en rendre compte, parce que Michel mange toujours trop vite et que nous calons notre rythme sur le sien sans y prêter attention, parce que Marie prend un dessert et qu’alors nous l’accompagnons. Au final nous avons mangé jusqu’à deux fois plus que si nous avions mangé seul, sans même nous en rendre compte.

Le professeur de psychologie John de Castro a même mis au point une relation mathématique entre le nombre d’amis présents à tables et les quantités de nourriture consommées (2,3). En moyenne, au cours d’un repas en duo vous mangerez 35 % de plus que lors d’un repas en solo. Si vous êtes accompagnés d’un groupe de 7 personnes ou plus, vous mangerez presque deux fois plus que lorsque vous êtes seul !


Les conseils de LaNutrition.fr pour déjouer les pièges

Fiez-vous à vos signaux intérieurs. Bon d’accord, dit comme ça, cela semble simple mais en pratique c’est une autre histoire. Pour éviter d’être soumis aux signaux dits extérieurs le mieux reste de ne consacrer le temps du repas… qu’au repas. Exit les diners devant la télé où vous allez continuer à manger jusqu’à la fin des infos de 20 heures. Terminé le petit déjeuner pris en lisant le journal au terme duquel vous aurez englouti 15 biscottes avant d’arriver à la fin de la page des sports. Et à l’heure du goûter, pour éviter d’arriver à la fin du paquet de biscuits en pensant n’en avoir grignoté « que deux », prenez vos deux biscuits et laissez le paquet au placard. Devoir l’ouvrir pour vous resservir vous fera réfléchir à deux fois.

Pour les repas entre amis, surtout ne les fuyez pas, ça serait tellement dommage, mais organisez-vous. Brian Wansink conseille quelques règles pour éviter de trop manger alors même que vous n’aurez plus faim :

  • Installez-vous à côté des petits appétits.
  • Essayez de commencer à manger en dernier.
  • Calez votre rythme sur le convive qui mange le plus lentement.
  • Évitez les situations dans lesquelles on vous demandera « je vous ressers un peu ? » (ou la tentation de vous resservir vous-même) en ne finissant jamais complètement votre assiette, comme si vous aviez encore à manger.
  • Préréglez votre consommation en décidant, avant le repas et non pendant, quelle quantité vous allez manger.


Pour tout savoir sur les raisons qui nous poussent à trop manger lisez aussi les articles :

Grandes assiettes, gros repas

Ces allégations santé qui nous font trop manger

Et l'interview du spécialiste de psychologie alimentaire Pierre Chandon qui nous explique qu'il est difficile d'évaluer les quantités.

 

Références

(1) Obesity (Silver Spring). 2007 Dec;15(12):2920-4.Internal and external cues of meal cessation: the French paradox redux? Wansink B, Payne CR, Chandon P.

(2) John De Castro : « Eating Behavior: Lessons from the Real World of Humans », Ingestive Behavior and Obesity, vol. 16, 2000, pp. 800-813

(3) John M. DeCastro « Family and Friends Produce Greater Social Facilitation of Food-Intake Than Other Companions », Physiology and Behavior, vol. 56, 1994, pp. 445-455.

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