Des médecins et chercheurs accusent l’industrie pharmaceutique d’être à l’origine de centaines de milliers de décès

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 12/04/2018 Mis à jour le 12/04/2018
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Devant le Parlement européen, des médecins dénoncent les conséquences dramatiques de l’avidité de l’industrie pharmaceutique et de l’industrie agro-alimentaire.

Dans un discours prononcé au Parlement européen à Bruxelles, le 12 avril 2018, des médecins et chercheurs, dont le cardiologue Aseem Malhotra, demandent une enquête pour savoir pourquoi des centaines de milliers de personnes continuent de mourir chaque année du fait de la surprescription de médicaments.
Outre le Dr Malhotra, le groupe de médecins comprenait Sir Richard Thompson, ancien président du Collège Royal des Médecins, qui fut aussi le médecin personnel de la Reine pendant 21 ans, Carl Heneghan, professeur de médecine à l'Université d'Oxford, et Hanno Pijl, professeur de diabétologie à l’université de Rotterdam.
Ces médecins et chercheurs estiment que des millions de personnes se voient prescrire des médicaments inutiles – psychotropes, statines, médicaments antihypertenseurs ou encore hypoglycémiants. Selon eux, ces médicaments, qui représentent un coût considérable pour les systèmes de santé, sont souvent dénués de bénéfices mais engendrent des effets indésirables pouvant conduire à des décès.
Sir Richard Thompson a jugé que la plupart des patients qui prennent des statines « n’en bénéficieront pas »
En 2015, le directeur des Services de santé britanniques (NHS), Sir Bruce Keogh, a admis que dans un cas sur sept les traitements (y compris les opérations) sont inutiles et n’auraient pas dû être prescrits à des patients.

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Médicaments : combien de morts ?
Selon le Dr Peter Goetsche (université de Copenhague), les médicaments sur ordonnance sont la troisième cause de mortalité après les maladies cardiaques et le cancer. En particulier, somnifères, antidépresseurs, anxiolytiques seraient responsables d’un demi-million de morts chaque année dans les pays occidentaux, soit pour la population de la France, plus de 35 000 décès pour les seuls psychotropes. Le Collectif « Bon usage du médicament », évalue de son côté à environ 10 000 le nombre de décès dus « au mauvais usage » de l’ensemble des médicaments prescrits en France. Ce collectif est une émanation de l’industrie pharmaceutique.

Ces médecins accusent les laboratoires pharmaceutiques de « piper les dés » en dépensant deux fois plus en marketing qu’en recherche pure, en finançant des recherches dans le but d’augmenter leurs revenus et non les bénéfices pour les patients, en publiant des études biaisées dans les journaux médicaux, et en payant des leaders d’opinion qui orientent les prescriptions des médecins et la perception des patients.

Lire : Pr Claude Béraud : "Trop d'examens inutiles"

Ces médecins se disent particulièrement alarmés par la situation des plus âgés. Après 75 ans, dit le Dr Malhotra, une hospitalisation sur trois est due aux effets indésirables des médicaments. En novembre 2017, une étude de l'Université de Cambridge (Royaume-Uni) a révélé que la moitié des plus de 65 ans prend au moins cinq médicaments par jour. Ils étaient 12% dans ce cas il y a 20 ans. Dans le même temps, la proportion de personnes ne prenant pas de médicament est passée d'environ 20% à la fin des années 1990 à 7% aujourd'hui. Selon les chercheurs, la prise de cinq médicaments par jour augmente d'environ 47% les risques de décès prématuré.

Les médecins demandent également une révision complète des recommandations nutritionnelles officielles qui, selon eux, alimentent l’épidémie d'obésité. Une attention beaucoup plus grande devrait être accordée aux interventions visant à modifier le mode de vie, ce qui se traduirait par des bénéfices réels pour les patients, sans le moindre risque. Ils citent notamment les études montrant que le diabète de type-2 peut être inversé par un simple régime alimentaire, ou que le régime méditerranéen est plus efficace que les statines pour prévenir l’infarctus. L’adoption de bonnes règles diététiques par les seuls diabétiques, estiment-ils, diviserait par deux les besoins en médicaments et en insuline.
Ils encouragent les diabétiques à ne pas suivre les conseils officiels qui visent à limiter les graisses et manger des féculents.
Cette initiative fait suite à une lettre du député européen Nathan Gill demandant à Theresa May, le premier ministre britannique, d’engager une révision fondamentale des conseils nutritionnels, notamment pour les diabétiques.

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