Les risques liés à l’utilisation des OGM

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 21/04/2008 Mis à jour le 28/02/2017
S'il existe des avantages indiscutables à produire des OGM, il n'en reste pas moins que tous les doutes sur de possibles conséquences néfastes n'ont pas été complètement levés. Le premier de ces risques est la menace que font peser les OGM sur la santé humaine. De nombreux scandales sanitaires comme l'amiante, la vache folle ont affaibli la confiance des consommateurs. Mais d'autres risques sont pointés du doigt, notamment sur le modèle idéologique et économique qu'imposent les OGM.

Les risques pour la santé humaine

Les deux types de risques associés à la consommation d’OGM ou de produits issus d’OGM sont l’allergie et la toxicité.

Dans les pays développés, les allergies sont en augmentation d’année en année et il est possible que les OGM les poussent vers le haut. Quant aux risques toxiques, la majorité de la communauté scientifique s’accorde à dire que la consommation d’OGM ne présente aucun risque pour la santé humaine. Cependant, quelques études, souvent critiquées, concluent qu’il est impossible d’écarter l’absence de risque.

Les risques pour l’environnement

Les principaux risques liés à l’environnement concernent la biodiversité. Des études ont montré que les toxines produites par des cultures OGM tuent indifféremment des insectes nuisibles ou inoffensifs pour la culture. Par exemple, une expérience en laboratoire a montré que la toxine Bt tue un grand nombre de chenilles du Papillon Monarque qui n’est pas la cible initiale (1). Un autre problème de la culture plein champ des OGM est lié au transfert de gène. Certains scientifiques craignent que le déplacement du pollen de la plante GM à une mauvaise herbe entraîne un transfert de gène et donne à celle-ci des propriétés de résistance aux herbicides. Mais ce phénomène est aussi valable pour la contamination des cultures non GM par la proximité des cultures GM. On appelle cela la pollinisation croisée. En France, la Haute autorité a conclu dans son avis du 9 janvier 2008 que des études ont « démontré l’impossibilité d’une absence de pollinisation croisée entre champs OGM et champs sans OGM à une échelle locale ». Elle précise que pour certains maïs transgénique le pollen peut se disperser « sur de grandes distances kilométriques » (2). Ignacio Chapela, enseignant-chercheur à l’Université de Berkeley aux Etats-Unis a publié en 2001 dans la revue Nature un article sur la contamination du maïs mexicain par du maïs transgénique. Alors même que le Mexique a toujours refusé de produire du maïs transgénique ! (3)

 

Les risques agronomiques

La résistance des insectes ou des plantes nuisibles aux cultures posait déjà un problème en agriculture avant l’apparition des OGM. En effet, il reste toujours, après le passage d’un produit chimique, quelques insectes ou quelques plantes résistantes à ce produit. Ils se reproduisent et au bout de quelques années, la population entière de nuisibles est devenue résistante à l’herbicide ou à l’insecticide. Il existe des solutions alternatives pour retarder ce phénomène de résistance, comme la rotation des cultures. Mais l’utilisation des OGM de façon massive risque d’induire une résistance de tous les insectes sensibles à la toxine Bt par exemple. Les pesticides deviennent moins efficaces et il faut alors en mettre plus ou en inventer d’autres… mais jusqu’où ?

Les préoccupations d’ordre économique

Le processus de recherche-création-mise en marché d’un OGM agro-alimentaire coûte évidement très cher et les compagnies souhaitent que la filière soit rentable. Ainsi, le brevetage des variétés créées risque de faire augmenter le prix des semences et de léser les petits producteurs. A part si ceux-ci décident de ne pas en planter. Mais le risque vient d'une contamination involontaire des champs, auquel cas, la culture sera classé comme OGM et les agriculteurs seront obligés de dédommager l'entreprise propriétaire de la variété OGM. C’est le cas d’agriculteurs américains accusés par la compagnie Monsanto de s’être procuré des semences OGM illégalement, sans avoir versé la redevance. Eux se défendent, mettant sur le compte de la pollinisation croisée la contamination de leurs cultures (4).

Mais au-delà du problème des prix, c’est le système industriel imposé par les OGM qui est mis en cause. De nombreux experts s’accordent à dire que si le marché est « inondé » d’OGM, les alternatives et le choix des agriculteurs seront réduits. Ce sera la disparition des agricultures paysannes et la dépendance des agriculteurs aux entreprises vendant des OGM (5). Quant au fait que les OGM aideront à résoudre la faim dans le monde, le problème ne viendrait pas de la quantité mais de la répartition. « La faim ne résulte pas d’un défaut de production mais d’un défaut d’accès à la propriété foncière, d’infrastructures minimales pour mieux répartir les écarts de production entre régions, d’accès aux information… » a déclaré l’économiste indien et prix Nobel Amartya Sen. Enfin, la rentabilité des OGM est remise en question. On peut citer le cas de la première plante génétiquement modifiée et commercialisée en 1994 aux Etats-Unis. Une tomate qui se conservait 10 jours au frigo sans prendre une ride, la Flavr Savr de la société Calgene. Jugée trop chère et trop fade, elle a disparu des étals au bout de quelques mois… Une chercheuse de l’Inra, Sylvie Bonny a montré dans une étude publiée dans la revue Agronomy for Sustainable Development que le soja transgénique et le soja conventionnel ont des « résultats économique équivalents » (6).

(1) Transgenic pollen harms monarch larvae (Nature, Vol 399, No 6733, p 214, May 1999)

(2) Projet d’avis sur la dissémination du MON810 sur le territoire français, Comité de préfiguration d’une haute autorité sur les organismes génétiquement modifiés institué par le décret n°2007-1719 du 5 décembre 2007

(3) Quist D, Chapela IH. Transgenic DNA introgressed into traditional maize landraces in Oaxaca, Mexico. Nature. 2001 Nov 29;414(6863):541-3

(4) Deborah B. Whitman, Genetically Modified Foods: Harmful or Helpful? April 2000, HYPERLINK "http://www.csa.com/"www.csa.com

(5) Inf’OGM, Les OGM remis en question, mars 2002, Fiche n°2, 1p, HYPERLINK "http://www.infogm.org/"www.infogm.org

(6) Sylvie Bonny , Genetically modified glyphosate-tolerant soybean in the USA: adoption factors, impacts and prospects. A review, Agron. Sustain. Dev. 28 1 (2008) 21-32

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