Allergies et résistance aux antibiotiques : les OGM sont-ils en cause ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 21/04/2008 Mis à jour le 10/03/2017
L'essentiel
Le problème des allergies alimentaires est récurrent dans le monde entier. Les OGM sont-ils responsables de l’augmentation des risques d’allergies ? De plus les OGM, de part leur fabrication en laboratoire, portent des gènes résistants aux antibiotiques que l’on a introduit exprès pour trier le matériel génétique et ne garder que celui qui nous intéresse. Est-on menacé par cette résistance ?

Les allergies augmentent-elles à cause des OGM ?

Le risque d’allergie peut augmenter dans le cas d’ingestion d’aliments issus d’OGM. En effet, le transgène peut coder pour des allergènes non présents à l’origine dans la plante ou peut produire des protéines qui activent des allergènes contenus dans la plante. Les OGM risquent d’augmenter les cas d’allergie, mais de combien ? Une question pour l’instant qui reste sans réponse.

Le monde allergique

De manière générale et en dehors de la consommation d’OGM, les cas d’allergies alimentaires sont en augmentation dans le monde et plus particulièrement dans les pays industrialisés (90% des cas identifiés viennent des Etats-Unis).

Elles affecteraient aujourd’hui entre 3 et 5 % de la population française et le risque s’élève chez les enfants de moins de 6 ans puisque environ 8% sont allergiques. Les aliments identifiés pouvant provoquer des allergies sont le blé, le soja, le céleri, le lait, les noix du Brésil, les fraises, le gluten, les œufs, le poisson, les crustacés, le kiwi, les cacahuètes et certains fruits à coques.

A noter que les allergies dépendent à la fois de la protéine allergène contenue dans l’aliment mais aussi de la personne qui la consomme. Pour cela, on ne maîtrise pas encore totalement la prédiction du caractère allergène d’une molécule. En revanche, on connaît certaines de leurs propriétés communes : les protéines sont de masse moléculaire comprise entre 10 et 70 kDa et sont stables à la chaleur, au PH et aux protéases. De plus, elles sont souvent glycosylées et ont des séquences particulières d’acides aminés.

 

Peut-on maîtriser le risque allergène des OGM ?

 

André Gallais et Agnès Ricroch écrivent dans leur livre consacré au OGM qu’à l’heure actuelle, la majorité des transgénèses sont simples, avec transfert de deux gènes maximum. Ils précisent que dans ce cadre, les risques pourraient être maîtrisés. En revanche, « si dans les années à venir, se développent des variétés transgéniques impliquant un nombre plus grand de transgènes, ce contrôle deviendrait beaucoup plus difficile » (1). Robert Naquet du CNRS indique que certaines précautions sont appliquées pour limiter les risques, comme la comparaison des molécules à celles déjà connues et allergisantes, la garantie des normes rigoureuses en sachant que le risque zéro n’existe pas et la non utilisation des plantes allergisantes comme sources de nouveaux gènes. Ses vérifications permettent d’éliminer les constructions génétiques à risques.

Les coupables ne sont peut-être pas les OGM

Jean Daydé, Directeur de la Recherche de l’Ecole d’Ingénieurs de Purpan, enseignant-chercheur au sein du Laboratoire d’Agrophysiologie et membre de l’Unité mixte de recherche Inra / Ecole d’Ingénieurs de Purpan (équipe Micronutriments et Santé) répond à LaNutrition :

Aux Etats-Unis, le nombre de cas d’allergies, notamment dues au soja, augmente chaque année, pensez vous que cela puisse être lié aux OGM ?

Le soja est connu pour contenir des protéines allergènes. Mais je ne pense pas que l’on puisse corréler les allergies comme conséquences directes de la consommation d’OGM, consommation qui concerne avant tout l’alimentation animale. L’augmentation des cas détectés fait sans doute suite à l’augmentation de la consommation de produits à base de soja, réputé pour être un aliment riche en protéines et pourvu d’effets santé positif

 

Les OGM peuvent-ils augmenter la résistance aux antibiotiques ?

 

L’insertion de gène dans une cellule hôte nécessite le marquage du gène transféré par un gène de résistance aux antibiotiques. Le risque associé concerne l’ingestion de ces gènes résistants aux antibiotiques. L’Afssa a donné son avis sur l’usage de ces micro-organismes GM qui présenterait « un risque non négligeable de transfert de ces gènes à des bactéries de la flore intestinale » (2). Ce risque est aujourd’hui écarté puisque l’Union Européenne en a interdit l’utilisation depuis 2005. D’autres techniques sont aujourd’hui utilisées comme celle d’enlever le gène marqueur avant de multiplier la plante pour éviter qu’il ne se retrouve dans le produit fini.

 

(1) A. Gallais, A. Ricroch, 2006. Plantes transgéniques : faits et enjeux. Editions Quae.

(2) Afssa, Résumé de l’avis de l’Afssa sur l’évaluation des risques relatifs à la consommation de produits alimentaires composés ou issus d’organismes génétiquement modifiés. Janvier 2002.

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