22 additifs qui n'ont rien à faire dans nos assiettes

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 10/02/2015 Mis à jour le 12/04/2018
Point de vue

L'industrie agro-alimentaire devra tôt ou tard renoncer à ces additifs. Soyez acteur du mouvement.

Depuis plusieurs années mon équipe de journalistes scientifiques et diététiciens met régulièrement à jour nos deux guides conso devenus référents, Le bon choix au supermarché édition 2016-2017 et Le bon choix pour les enfants, qui recensent les aliments qu’on peut acheter, et ceux qu’il vaut mieux éviter.

C’est un travail qu’on peut qualifier de titanesque. Imaginez : rayon par rayon, nous achetons des centaines d’aliments, puis nous goûtons chacun d’eux (c’est parfois une punition) et décryptons sa composition. Une fiche individuelle est créée par aliment, avec ses ingrédients. Parallèlement, nous analysons la littérature scientifique, et nous échangeons avec nos toxicologues, dont le Pr Jean-François Narbonne, quand nous avons une interrogation.

Pour décider si, pour une catégorie donnée, par exemple les biscuits, un aliment ira en page de gauche (les « fréquentables ») ou en page de droite (« à éviter »), nous lui appliquons une série de critères, notamment la qualité des glucides et des graisses, la charge glycémique, la teneur en sel et… la présence et/ou le nombre d’additifs.

Ce sont je pense, deux ouvrages utiles pour ceux qui les consultent, mais aussi pour tous ceux qui consomment des produits de l’industrie agro-alimentaire. En effet, les fabricants n’aiment pas être étrillés dans Le bon choix : lorsqu’un aliment est mal classé une année, nous voyons l’année suivante sa formule évoluer vers quelque chose de plus « propre », pour reprendre notre jargon.

Ce travail nous place donc en pôle position pour voir comment l’industrie fait évoluer ses pratiques. Nous avons assisté à la quasi-disparition des graisses partiellement hydrogénés sous la pression du public et des chercheurs qui réclamaient moins d’acides gras « trans ». A l’inverse, nous voyons depuis quelques années certains additifs envahir les rayons, à commencer par les additifs aux phosphates.

Lire : Phosphore et additifs aux phosphates, la cote d'alerte est dépassée

Il faut dire que l’industrie agro-alimentaire est accro aux additifs. La plupart du temps pour des raisons économiques : les additifs sont là pour flatter la vue et le goût, allonger la durée de vie des aliments, augmenter leur praticité, remplacer des ingrédients plus nobles (et plus chers).

Mais voilà : vous n’achetez pas des aliments pour augmenter les marges des fabricants. Vous le faites pour le plaisir, et pour qu’ils vous gardent en bonne santé.

Lire : Les frites au MacDo : un peu de patates, beaucoup de chimie

Pour la première fois, nous publions ici une première liste des additifs que nous recherchons quand nous examinons les produits alimentaires, et qui n’ont, à notre avis, rien à faire dans notre alimentation (la liste n’est pas exhaustive : pour consulyer la liste complète, voire notre Nouveau Guide des additfs).

Les colorants à éviter

Jaune de quinoléine (E104). Ce colorant jaune se trouve surtout dans les sodas et confiseries mais aussi dans certaines confitures et dans les boissons alcoolisées. Il est interdit aux Etats-Unis et en Australie parce que c’est un agent mutagène, potentiellement cancérogène. Le jaune de quinoléine est aussi susceptible de provoquer des réactions allergiques chez les personnes sensibles.

Azorubine / carmoisine (E122). Ce colorant synthétique rouge que l’on trouve essentiellement dans les charcuteries est interdit en Australie, en Norvège, en Suède et aux États-Unis.

Amarante (E123). Ce colorant rouge est autorisé uniquement dans les vins apéritifs, spiritueux, y compris les boissons spiritueuses de moins de 15 % d'alcool en volume et les oeufs de poisson. Il est interdit aux Etats-Unis, en Norvège, en Russie et en Autriche. Des chercheurs japonais ont établi que l’amarante est génotoxique.

Rouge Ponceau 4R / rouge cochenille (E124). Ce colorant est utilisé en pâtisserie fraîche ou sèche, entremets, flans, fruits au sirop, confiserie, bonbons, chewing-gum, chorizo. Ce colorant est probablement génotoxique.

Erythrosine (E127). Ce colorant n’est autorisé que autorisé pour les cerises pour cocktail, cerises confites ou bigarreaux au sirop. Le potentiel cancérogène de l’érythrosine est connu depuis de nombreuses années.

Rouge “allura” AC (E 129). On le trouve dans les sodas, les apéritifs, les saucisses et les viandes pour hamburger. Ce colorant est probablement génotoxique.

Noir brillant BN (E151). Ce colorant se trouve dans les harengs fumés. Il est interdit aux Canada, aux État Unis, en Finlande, Japon, en Norvège. C’est un agent mutagène et génotoxique.

Les additifs au phosphate à proscrire

L’Agence européenne des aliments doit réévaluer ces additifs avant le 31 décembre 2018, une tâche à laquelle est assignée une « priorité haute ». Mais compte tenu des études défavorables qui s’accumulent chaque jour, et qui lient l’excès de phosphore à des risques cardiovasculaires, rénaux et maintenant de cancer, nous conseillons de ne plus consommer d’aliments qui renferment ces additifs, afin d’obliger les industriels à changer leurs pratiques. En voici la liste :

  • Acide orthophosphorique (E338)
  • Orthophosphates de sodium (E 339)
  • Orthophosphates de potassium (E 340)
  • Orthophosphates de calcium (E 341)
  • Orthophosphates de magnésium (E343)
  • Diphosphates (E 450)
  • Triphosphates (E 451)
  • Polyphosphates (E 452)

Les autres additifs indésirables

Nitrate de sodium (E251) et nitrite de sodium (E205). Ce sont des conservateurs très présents dans les charcuteries et les viandes traitées façon charcuteries (volailles…). Ils sont classés comme des cancérogènes probables par le Centre international de recherches sur le cancer (Lyon) en présence d’amines ou d’amides apportés par les viandes ou les poissons. Remplacer les nitrites est certes compliqué; en plus de la belle couleur qu'ils donnent au jambon, ils sont surtout là pour prévenir le développement de la bactérie à l'origine du botulisme (Clostridium botulinum). Il existe des alternatives : probablement plusieurs substances naturelles devront être mises ensemble à contribution (CCMP, lactates, antioxydants...). Comme cela entraînerait un coût supplémentaire pour les producteurs, et une modification des méthodes de production, rien n'avance du côté de la recherche de solutions plus sûres. 

Lire : Les charcuteries augmenteraient la mortalité

BHA (E320). Cet antioxydant de synthèse est considéré comme un cancérogène potentiel par le National Toxicology Program des Etats-Unis.

Glutamate monosodique (E621). Cet exhausteur de goût se retrouve dans de nombreux plats cuisinés et soupes. Une partie de la population et certains asthmatiques y est sensible et réagit par des symptômes regroupés sous le nom de « syndrome du restaurant chinois ». Les acides aminés excitateurs comme l’acide glutamique et l’acide aspartique sont soupçonnés d’être toxique pour les neurones et de favoriser des maladies dégénratives comme Parkinson.

Hexaméthylènetétramine (E239). Ce conservateur de synthèse utilisé dans certains fromages contient du formaldéhyde, produit chimique toxique. Il n’est pas autorisé en Australie et Nouvelle-Zélande.

Orthophénylphénol (E231). Conservateur de synthèse autorisé pour le traitement externe des agrumes, interdit en Australie et Nouvelle-Zélande. Il peut être à l’origine de réactions cutanées et d’inflammation des muqueuses.

Parabènes (E214-E219). Ces conservateurs pour cosmétiques sont également utilisés comme additifs alimentaires. Certains peuvent se comporter comme des hormones femelles. Plusieurs parabènes alimentaires sont interdits en Australie. A éviter chez les enfants et pendant grossesse et allaitement.

À lire : Nous avalons 4 kg d'additifs alimentaires par an

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