Moins de reflux et de troubles digestifs quand on supprime les édulcorants

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 18/09/2014 Mis à jour le 21/06/2022
Actualité

L’aspartame, le sucralose et la saccharine, de « faux » sucres utilisés dans de nombreux aliments ou boissons interfèrent avec le microbiote intestinal, augmentant ainsi le risque de troubles digestifs, d’intolérance au glucose et de maladie métabolique.

 

Notre experte : Dre Martine Cotinat, gastro-entérologue, auteure de Soignez le reflux naturellement

Pourquoi c’est important

Les édulcorants de synthèse non caloriques (aspartame, acésulfame K, saccharine, sucralose…) sont des sucres artificiels qui ont un fort pouvoir sucrant sans apporter de calories. Ils sont omniprésents dans les produits dit "lights", aliments ou boissons. Ces édulcorants n'ont jusqu'ici pas fait la preuve qu'ils aident à perdre du poids. La consommation régulière d’édulcorants augmente le risque de résistance à l’insuline et pourrait donc favoriser le diabète de type 2. Une grande étude menée sur plus de 60 000 femmes a montré que la consommation de boissons sucrées light était associée à un risque de diabète multiplié par deux.

De plus, la consommation d'édulcorants est associée dans des études à une augmentation des symptômes de troubles gastro-intestinaux fonctionnels, dit le Dr Martine Cotinat, puisque le microbiote intestinal peut métaboliser les édulcorants non absorbés, ce qui entraîne des changements dans les habitudes intestinales. Par ailleurs, dit-elle, la consommation d'édulcorants pourrait modifier les hormones capables de réguler le transit intestinal.

Les troubles gastro-intestinaux fonctionnels comprennent le syndrome du côlon irritable, la dyspepsie fonctionnelle, la constipation fonctionnelle, la diarrhée et le reflux gastro-œsophagien (RGO). Ce sont des affections récurrentes qui représentent au moins 30 % des consultations en gastro-entérologie.

Les édulcorants favorisent les troubles gastro-intestinaux fonctionnels

Une étude évaluant les symptômes gastro-intestinaux chez des animaux de laboratoire a montré que les lapins nourris avec 750 à 1000 mg/kg/jour de sucralose développent des symptômes gastro-intestinaux, par rapport à des animaux qui n'avaient pas reçu d'édulcorants.

Dans un essai contrôlé et randomisé chez l'homme, un régime alimentaire sans édulcorant de synthèse a diminué significativement la présence de symptômes gastro-intestinaux après 5 semaines : satiété précoce, brûlures ou  douleurs rétrosternales,  douleurs épigastriques,  douleurs abdominales, inconfort post-prandial. Au début de l'étude, plus de 50% des participants avaient au moins un symptôme La douleur épigastrique (35 %) et l'inconfort post-prandial (20 %) étaient les principaux symptômes ayant reculé. Ainsi, dit le Dr Cotinat, l'élimination d'édulcorants de synthèse non caloriques de l'alimentation peut favoriser la motilité gastro-intestinale et la vidange gastrique, ce qui pourrait améliorer la douleur et l'inconfort épigastriques après avoir mangé ou bu. Dans cette même étude, un régime alimentaire avec édulcorants a augmenté la diarrhée, la constipation et l'inconfort post-prandial. Ces inconvénients sont en partie dus à l'impact des édulcorants sur le microbiote, dit le Dr Cotinat.

Edulcorants et microbiote

En étudiant l'influence des édulcorants artificiels sur des souris de laboratoire et sur des volontaires, des chercheurs israéliens ont rapporté dans Nature que ces faux sucres perturbent la composition de la flore intestinale, ainsi que la capacité à utiliser le glucose. «Les édulcorants artificiels ont été introduits massivement dans notre alimentation avec l'idée de réduire les apports caloriques et de normaliser les niveaux de glucose sanguin sans remettre en cause notre appétence pour le sucré» écrivent les chercheurs. «Mais nos travaux suggèrent qu’ils pourraient avoir directement contribué à renforcer l'épidémie qu'ils étaient censés combattre».

Trois édulcorants très répandus - aspartame, sucralose et saccharine – ont été ajoutés à de l'eau ingérée par les souris, aux doses journalières admissibles fixées par les autorités de santé américaines ajustées au poids des animaux. Les souris ont développé une intolérance au glucose contrairement à celles qui n'avaient ingéré que de l'eau ou de l'eau sucrée. L'expérience a été répétée sur d'autres souris à des doses variables d'édulcorants, avec le même résultat. L'intolérance au glucose survient lorsque l'organisme réagit moins aux effets de l'insuline pour contrôler le taux de sucre dans le sang. Elle précède le diabète.

Lire : Le sucralose, l'édulcorant qui diminue la sensibilité à l'insuline

Comme ils pensaient que ces troubles pouvaient être liés à la flore intestinale, les chercheurs ont transplanté des excréments provenant de souris nourries avec des édulcorants sur des souris débarrassées de leurs propres bactéries grâce à un traitement antibiotique. Ces souris ont présenté à leur tour une intolérance au glucose.

Et chez l'homme ?

A partir de questionnaires alimentaires, les chercheurs ont déterminé chez 380 personnes que celles qui consommaient le plus d’édulcorants avaient une glycémie à jeûn et une intolérance au glucose plus importantes. Et ce, indépendamment de leur poids. Ils ont aussi testé leur hypothèse sur 7 volontaires qui n'avaient pas l'habitude de consommer des édulcorants. Après avoir pendant 7 jours reçu les doses journalières admissibles, quatre d'entre elles ont présenté des taux élevés de glucose ainsi que des modifications de la flore intestinale.

Selon le Dr Eran Elinav de l'Institut Weizmann en Israël, à l'origine de l'étude, certaines bactéries pourraient interagir avec les composés chimiques des édulcorants - qui ne sont pas absorbés par l'intestin - en favorisant des réactions inflammatoires à l’origine de troubles métaboliques tels que l'intolérance au glucose ou le diabète.

D'autres preuves de la toxicité des édulcorants sur le microbiote

Une étude parue dans la revue Molecules a confirmé la toxicité de six édulcorants pour les bactéries du microbiote intestinal : l’aspartame (E951), le sucralose (E955), la saccharine (E954), le néotame (E961), l’advantame (E969), et l’acésulfame K (E950). Ces six molécules sont autorisées par les autorités de santé américaines et européennes.

Les chercheurs des universités Ben Gourion du Neguev en Israël et de Nanyang à Singapour ont modifié des bactéries Escherichia coli bioluminescentes pour qu’elles fassent de la lumière en présence de molécules toxiques. Ils ont ainsi montré que les édulcorants étaient toxiques dans ce modèle de bactéries, ce qui suggère qu’ils le sont aussi sur les bactéries de la flore intestinale, dont fait partie Escherichia coli. L’édulcorant qui paraissait le plus toxique pour les bactéries était la saccharine (E954).

Pour Ariel Kushmaro, un des auteurs de cette recherche, « ceci est une autre preuve que la consommation d'édulcorants artificiels affecte négativement l'activité microbienne intestinale, qui peut causer un large éventail de problèmes de santé. » En effet, un déséquilibre du microbiote intestinal est associé au diabète et à l’obésité.

En pratique 

Si vous souffrez de troubles digestifs fonctionnels, il existe des solutions éprouvées qui apportent un soulagement durable au reflux, des solutions qui évitent les complications et la prise prolongée de médicaments potentiellement dangereux. Par exemple, les personnes souffrant d'un reflux gastro-oesophagien se voient souvent prescrire avec des médicaments bloqueurs d’acidité ; ceux-ci permettent d’améliorer la qualité de vie, mais dit le Dr Cotinat« ils ne s’attaquent pas à la cause du reflux ». Le traitement nutritionnel consiste à augmenter les aliments protecteurss et supprimer ceux qui sont néfastes comme les aliments ultra-transformés, les produits sucrés et les produits light. Pour plus de détails lire Soignez le reflux naturellement.

A lire : Sugarland et Sucre, l'amère vérité

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