Les oméga-3 du poisson préviennent les maladies cardiovasculaires

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 12/02/2008 Mis à jour le 10/03/2017
Les acides gras oméga-3 du poisson diminuent le risque de maladie cardiovasculaire. La preuve par les études cliniques.

Le poisson est une source remarquable de graisses de la famille oméga-3. Elles portent des noms compliqués : acide eicosapentaénoïque et acide docosahexaénoïque. Par souci de simplification, on les appelle EPA et DHA.

Le nombre d’études épidémiologiques qui associe la consommation de poisson gras à un risque coronarien plus faible est tel qu’un livre entier pourrait leur être consacré. Aussi, nous ne vous présenterons que les preuves cliniques, c’est-à-dire les résultats d’études dans lesquelles un groupe de cardiaques a consommé un supplément de poisson ou des capsules d’huile de poisson tandis que l’autre groupe ne recevait pas ces suppléments.

En 1989, une équipe de chercheurs britanniques a montré qu’en consommant plus de poissons gras, les cardiaques voient leur mortalité totale et cardiovasculaire diminuer de 30 % par rapport aux autres. [1] L’étude a été publiée dans le Lancet.

Dans une étude de 1997, le groupe de malades cardiaques qui recevaient un supplément quotidien d’huile de poisson a connu deux fois moins de morts par infarctus que le groupe qui consommait un placebo. L’étude a duré un an. [2]

En 1999 sont parus à nouveau dans le Lancet les résultats de l’étude italienne GISSI au cours de laquelle plus de 11 000 patients ont pris, en plus de leurs médicaments, une capsule d’un produit appelé OMACOR qui contient des acides gras EPA et DHA concentrés et purifiés (une partie des patients prenait aussi de la vitamine E). Par rapport au groupe qui ne prenait rien, les malades qui prenaient OMACOR ont vu leur risque de mourir diminuer de 20 %, la mortalité cardiovasculaire baissant elle de 30 %.

Qu’il s’agisse des acides gras du poisson ou de l’acide alpha-linolénique des noix et du colza, l’ensemble des preuves scientifiques est donc impressionnant. " Sur les plans médicaux et scientifiques, dit le Dr Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur au CNRS, nous disposons aujourd’hui d’un dossier extrêmement solide sur les acides gras oméga-3, bien plus solides que ceux de nombreux médicaments prescrits de façon systématique, et à grands frais pour l’assurance maladie."

Mieux que les statines

En fait, aucun médicament destiné à prévenir l’infarctus ne fait mieux que les oméga-3. Chez les patients ayant eu un infarctus du myocarde, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine ne réduisent le risque de mortalité totale que d’environ 17 %. [3]

Même les fameuses statines, ces médicaments hypocholestérolémiants dont on fait grand cas et qui rapportent des milliards aux laboratoires qui les commercialisent, sont globalement moins efficaces que les suppléments d’acides gras oméga-3. Lorsqu’on analyse jusqu’en 2001 les études conduites avec des statines sur le risque d’infarctus chez des cardiaques, on ne trouve aucun bénéfice de ces molécules par rapport aux acides gras oméga-3 sur le risque de mortalité totale. [4]

Michel de Lorgeril a de son côté étudié les bénéfices des statines tels qu’ils ressortent des études d’intervention publiées en 2002 et 2003. Sa conclusion ? Des quatre études, seule l’étude HSP, qui utilisait une statine appelée simvastatine, a trouvé un bénéfice sur le risque de mortalité totale. Et encore est-il modeste : 13 % au mieux.

« En conséquence, dit Michel de Lorgeril, tout patient coronarien ou tout patient à risque élevé d’être coronarien, devrait bénéficier d’une supplémentation systématique en acides gras oméga-3 par application du simple principe de précaution, car ces acides gras ont clairement fait la preuve de leurs propriétés cardioprotectrices et ceci sans effet secondaire à craindre et à un coût fort modeste pour l’Assurance Maladie. »

Depuis 1966, 12 études cliniques ont testé les suppléments d’oméga-3 chez des victimes d’infarctus ; ces études ont été conduites contre placebo : un groupe prenait les oméga-3, un autre une capsule dénuée d’effet. Prises collectivement, elles démontrent clairement que ces personnes peuvent, grâce aux oméga-3, diminuer de plus de 30 % leur risque de mourir d’un deuxième infarctus. [5]

 

 

[1] Burr ML : Effects of changes in fat, fish, and fibre intakes on death and myocardial reinfarction : diet and reinfarction trial (DART). Lancet 1989, 2(8666) : 757-761.

[2] Singh RB : Randomized, double-blind, placebo-controlled trial of fish oil and mustard oil in patients with suspected acute myocardial infarction : the Indian experiment on infarct survival – 4. Cardiovasc Drugs Ther 1997, 11 : 485-491.

[3] Priori SG : Task force on sudden cardiac death of the European Society of Cardiology. Eur Heart J 2001, 22 : 1374-1450.

[4] Priori SG : Task force on sudden cardiac death of the European Society of Cardiology. Eur Heart J 2001, 22 : 1374-1450.

[5] Bucher HC : N-3 polyunsaturated fatty acids in coronary heart disease: a meta-analysis of randomized controlled trials. Am J Med. 2002, 112(4):298-304.

A découvrir également

Back to top