Alzheimer : comment j'ai aidé ma maman grâce au protocole ReCODE

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 23/03/2023 Mis à jour le 24/03/2023
Point de vue

Naturopathe, Cynthia Gariépy a suivi la formation au protocole ReCODE du Dr Dale Bredesen. Elle nous livre son témoignage sur son expérience de la maladie d’Alzheimer, comme proche aidante et comme professionnelle.

Dans son best-seller La fin d'Alzheimer, le Dr Dale Bredesen a décrit les bases de son protocole révolutionnaire ReCODE, issu de 30 ans de recherche sur la prévention et l'inversion du déclin cognitif et de la maladie d'Alzheimer. Dans Les premiers survivants d'Alzheimer, il présente les premiers cas de patients améliorés par ce protocole.

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Par son histoire familiale, Cynthia Gariépy a été personnellement confrontée à la maladie d’Alzheimer. Naturopathe au centre Axis au Québec, elle s’est formée au protocole ReCODE. Elle nous explique ce qu’elle a mis en place lorsque sa mère a été malade et comment les changements sur l’alimentation, le sommeil et l’activité physique peuvent être bénéfiques.

LaNutrition : En quoi consiste votre travail au centre Axis ?

Cynthia Gariépy : Mon travail au Centre Axis en tant que naturopathe m'amène à voir des clients principalement en déclin cognitif et en difficultés digestives fonctionnelles. Cela signifie que je rencontre des personnes aux prises avec des défis de santé et, avec l'équipe multidisciplinaire, nous apportons chacun notre expertise pour les accompagner dans leurs changements d'habitudes de vie. Ma sphère d'action est principalement le microbiote intestinal et les mitochondries en utilisant des suppléments spécifiques.

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Votre famille est particulièrement concernée par la maladie d’Alzheimer. Pouvez-vous nous parler de votre expérience personnelle, avec votre maman ?

Ma mère et moi avons toujours beaucoup échangé. Sa famille est porteuse d'une génétique qui la prédispose au déclin cognitif. Ma mère se voyait vieillir et savait comment ses frères et sœurs étaient en vieillissant. Nous avons d'abord échangé sur l'aide médicale à mourir. Ces conversations étaient difficiles, mais éclairantes sur la façon dont ma mère se voyait vieillir. Ces échanges m'ont aussi permis de comprendre que ma mère était très lucide concernant les problèmes de mémoire qui, un jour, allaient l'affecter. C'est lors de ces échanges qu'elle m'a dit à plusieurs reprises que si quelque chose existait pour la guérir ou l'aider, elle serait prête à tout faire et c'est exactement ce qu'elle a fait.

Que s’est-il passé quand le diagnostic d’Alzheimer a été posé ?

Quand le diagnostic est tombé, ce ne fut pas une surprise car ma mère provenait d'une famille de 16 enfants et ils sont tous décédés de la maladie d'Alzheimer. J'étais petite et j'entendais déjà parler d'Alzheimer à 10 ans. Dès que le diagnostic est tombé, elle et moi sommes revenues à la maison, n'avons jamais pleuré l'une devant l'autre et avons rapidement discuté des stratégies. La première a été d'opérer des changements alimentaires. Dans le passé, ma mère avait déjà fait beaucoup de changements nutritionnels pour de l'arthrite. Cette journée-là, ma mère m'a affirmé qu'elle n'avait aucun souci à modifier son alimentation, elle a toujours été très consciente de sa situation.

Comment l’équipe médicale a-t-elle réagi ?

Dès les premiers moments qui ont suivi le diagnostic initial, j'ai contacté l'équipe médicale de ma mère et je leur ai demandé leur accord pour faire une tonne de changements. J'ai toujours suivi l'actualité scientifique en matière de gestion du déclin cognitif et je savais déjà que certains changements alimentaires étaient payants. J'avais également lu sur l'importance du sommeil et de l'activité physique ainsi que sur les liens entre le microbiote intestinal et la mémoire. J'ai donc rapidement mis ma mère au régime cétogène. Mais ma mère était pâtissière ! Couper les glucides n'a pas été facile, mais ô combien payant. Tous les intervenants qui étaient autour d'elle à ce moment ont remarqué à quel point elle était plus présente.

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Ma mère était une personne très active, mais sévèrement insomniaque. Travailler son sommeil a aussi été très bénéfique.

Pourquoi vous êtes-vous formée au protocole ReCODE avec le Dr Bredesen ?

J'ai assisté à la toute première conférence que le Dr Bredesen avait présentée à l’IFM (Institute of Functional Medicine). Lors de la conférence, il a présenté le profil toxique et j'ai eu la sincère impression que le Dr Bredesen venait de lire la biographie de ma mère. J'ai mis en place ce que j'avais retenu de la conférence et, comme toujours, ce fut très payant ! Ma mère a toujours eu une progression très lente de son déclin cognitif et les professionnels de la santé autour d'elle me l'ont souvent fait remarquer.

Lorsque la formation ReCODE a été proposée, il était évident que je devais la faire pour ma mère, mais aussi pour ma famille et moi-même. Lors de cette formation d'une richesse inouïe, j'ai encore affiné de ce que faisait ma mère. Tous les changements, je dis bien, TOUS les changements, ont toujours été payants. Suite au grand confinement associé à la pandémie, l’état de santé de ma mère s’est dégradé et nous avons dû pour la dernière année de sa vie, nous résoudre à la placer en CHSLD (l'équivalent des EHPAD au Québec). Je tenais à ce que ma mère poursuive son alimentation, ses activités physiques et ses suppléments. On m'avait tout de suite avertie, avant même son entrée en CHSLD, que ce ne serait pas possible, ni pertinent de poursuivre. À peine 48 heures après son arrivée, les membres de l'équipe médicale du CHSLD m'ont dit qu'ils n'avaient jamais vu une femme après 13 ans d'Alzheimer être aussi présente, vigoureuse et forte. Ils n'arrivaient pas à s'expliquer la raison, mais étaient convaincus à ce moment que tout ce que j'avais mis en place avait été constructif et qu'ils allaient poursuivre l’entièreté des changements... Pour moi, c'était la preuve que ces actions étaient pertinentes, positives et payantes.

Je demeure convaincue que sans tous les conseils découlant de la recherche rigoureuse du Dr Bredesen et son équipe ma maman n’aurait jamais eu une aussi belle qualité de vie, même avec un déclin cognitif et, pour cela, je lui serai éternellement reconnaissante !

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Avez-vous commencé à appliquer cette méthode avec des patients et que constatez-vous ?

Lorsque je vois des personnes aux prises avec un déclin cognitif au Centre Axis, je constate que plusieurs d’entre eux reçoivent un discours discordant. D'un côté, ils lisent des informations scientifiques vulgarisées démontrant que les changements d'habitude de vie sont payants, mais de l'autre, on leur dit encore trop souvent en médecine conventionnelle que rien de tout ça n’a été suffisamment prouvé. Il est encore difficile pour certains de comprendre que manger un peu de gâteau au chocolat et quelques chocolatines ici et là est nuisible à la santé cognitive. J'entends également beaucoup de questions sur les graisses, car il est souvent contre-intuitif pour quelqu'un d'entendre que les graisses sont nuisibles d'un côté alors que dans la diète cétogène, elles sont largement consommées. Il y a beaucoup de paradigmes à déconstruire...

Pour aller plus loin, lisez : Les premiers survivants d'Alzheimer, du Dr Dale Bredesen

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