Deux études suggèrent qu'il est possible, par des changements de mode de vie, d'inverser le déclin cognitif léger et la maladie d'Alzheimer à un stade précoce.

Des travaux suggèrent que la maladie est réversible si on intervient sur l'alimentation, l'activité physique, la relaxation.
La maladie d'Alzheimer est une forme de démence qui toucherait 1 million de personnes de plus de 65 ans en France. Plusieurs facteurs environnementaux, dont l'alimentation, l'exposition aux toxiques (aluminium), la prise de certains médicaments (anticholinergiques) et le niveau d'activité physique constitueraient des facteurs de risque.
Récemment, des approches métaboliques ont donné des résultats encourageants sur des patients atteints d'Alzheimer, suggérant qu'il est possible d'inverser la maladie. Explications.
Une étude pilote de 2016 conduite par l'équipe de Dale Bredesen (université de Californie) a suivi les effets d’un nouveau type de traitement personnalisé sur 10 patients. Le traitement, appelé ReCODE consiste à agir sur 36 facteurs comme l’alimentation, l’exercice, les habitudes de sommeil, le yoga et la relaxation… Il utilise aussi le cas échéant des hormones, des compléments alimentaires ou de la stimulation cérébrale. Comme la maladie d’Alzheimer est complexe et fait intervenir plusieurs facteurs (au moins 36), dit Dale Bredesen, la solution doit donc être multiple et combiner différentes stratégies.
Dans l'étude, des changements dans le mode de vie et ces traitements ont duré de 5 à 24 mois ; la plupart des patients ont eu des améliorations bien réelles, comme l’explique Dale Bredesen : « L'ampleur de l'amélioration de ces 10 patients est sans précédent. »
La plupart des patients avaient retrouvé des résultats normaux aux tests cognitifs à la fin du traitement. Mais il est encore trop tôt pour savoir si ces améliorations perdurent. L’étude suggère que la perte de mémoire des patients peut donc être inversée par des changements dans le mode de vie des patients. Le protocole ReCODE est détaillé dans son livre La fin d'Alzheimer. D'autres études sont en cours.
Voici le témoignage de deux femmes qui ont suivi le protocole ReCODE :
Le régime cétogène consiste à diminuer drastiquement les glucides de son alimentation et à augmenter les graisses dans la même proportion. Ce régime intéresse les médecins qui soignent les patients Alzheimer parce qu'une fois la maladie bien installée, les cellules nerveuses des malades ne parviennent plus à utiliser le glucose comme source d'énergie et finissent par mourir.
« Chez les malades d’Alzheimer, indique le Dr Michèle Serrand, auteure de Le régime cétogène contre la maladie d'Alzheimer on observe une incapacité des neurones (cellules nerveuses) à bien utiliser le glucose (sucre) qui est leur première source d’énergie habituellement. Or sans énergie, pas de vie : les neurones ne peuvent pas vivre et fonctionner normalement. Certains chercheurs évoquent la maladie d’Alzheimer comme une sorte de diabète du cerveau, un diabète de type 3. Aujourd’hui, il n’y a pas de médicaments efficaces pour permettre aux neurones d’utiliser le glucose à nouveau normalement. Mais les neurones ont la capacité d’utiliser une autre source d’énergie. Il s’agit des cétones, des substances naturelles issues des graisses. »
Des chercheurs évoquent la maladie d’Alzheimer comme une sorte de diabète du cerveau, un diabète de type 3
Lorsqu’on réduit fortement sa consommation de glucides et qu’on les remplace par des graisses (notamment huile de coco), le foie se met à produire des molécules appelées cétones qui constituent une excellente source d’énergie pour pratiquement tous les tissus du corps. C'est ce qu'on appelle le régime cétogène. Lorsque l’organisme fonctionne à partir des corps cétoniques, il est dit en état de cétose, un état proche qui peut être atteint aussi par le jeûne.
Selon la recherche actuelle, les cétones pourraient être considérées comme des médicaments agissant contre différentes maladies comme l’épilepsie, les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, la migraine, certains troubles métaboliques comme le diabète et même le cancer.
Plusieurs patients ont été améliorés avec un régime cétogène. Lire par exemple ce témoignage.
Certaines personnes sont plus à risque que d'autres de développer la maladie d'Alzheimer, notamment en raison de facteurs génétiques.
Les premiers signes de troubles de la mémoire apparaissent souvent des années avant que le diagnostic soit posé. C'est pourquoi il est important d'être attentif à ces pertes mnésiques, même avant 60 ans. Plus la pathologie est détectée tôt, plus les modifications du mode de vie ont de chances d'aboutir à des résultats. Dans le livre Les premiers survivants d'Alzheimer, les témoignages indiquent souvent que le patient avait conscience assez tôt de ses troubles, alors que parfois les tests diagnostiques sont négatifs.
C'est ce que raconte Frank qui a eu un diagnostic d'Alzheimer précoce, mais se plaignait déjà auparavant de problèmes de mémoire : "J’avais consulté un psychiatre pour une dépression. Quand je lui ai finalement dit que je pensais avoir la maladie d’Alzheimer, il m’a répondu que j’étais trop jeune. À l’époque, je ne savais pas qu’il existait de nombreux types de démence et de nombreux stades de la maladie d’Alzheimer. Le médecin a cru que mon problème était dû à une dépression et il a ajusté mes médicaments. C’était une bonne idée. La dépression a beaucoup diminué, mais ma mémoire a continué à décliner. Après m’avoir fait passer quelques tests cognitifs standards, il a reconnu que je souffrais probablement d’une déficience cognitive légère."
Voici aussi le témoignage de Kristin, qui s'est aperçue très tôt de certains changements dans son cerveau : "J’ai commencé à ressentir un brouillard cérébral à la fin de la quarantaine, alors que j’étais en préménopause. Mes émotions allaient et venaient. Malgré une vie réussie sur le plan financier, un mariage, un enfant et une entreprise prospère, je n’arrivais pas à ralentir le rythme ni le stress qui en résultait. À ce stade, les pensées brumeuses n’étaient pas constantes. Elles allaient et venaient, se produisant le plus souvent lorsque j’étais épuisée, privée de sommeil ou très stressée."
Dans une étude parue en 2015, des chercheurs rapportent que 9 facteurs de risque potentiellement modifiables pourraient contribuer jusqu’à deux tiers des cas de maladie d’Alzheimer. Des stratégies de prévention ciblant alimentation, médicaments, chimie du corps, santé mentale, maladie pré-existante et mode de vie peuvent donc aider à diminuer le risque de démence.
Les chercheurs ont réalisé une méta-analyse avec 323 publications couvrant 93 facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer. Ils ont mis en évidence que l’exposition à certains médicaments – notamment ceux permettant de diminuer la tension artérielle et les anti-inflammatoires non stéroïdiens –, ou aux œstrogènes permettraient de prévenir la maladie d’Alzheimer. De la même façon, des apports élevés en certaines vitamines (vitamine B9 ou folates, vitamines E ou C) ou encore la consommation de café sont associés à une diminution du risque de maladie d’Alzheimer.
En ce qui concerne les habitudes alimentaires, une consommation plus fréquente de poisson et un régime méditerranéen pourraient permettre de réduire le risque de démence.
Les chercheurs ont ensuite cherché à évaluer la contribution des 9 principaux facteurs de risque au développement de la maladie, soit l’obésité, le rétrécissement de l’artère carotide, le faible niveau d’instruction, la dépression, la fragilité, l’hypertension artérielle, le tabagisme, des niveaux élevés d’homocystéine, le diabète de type 2. Résultats : ces facteurs de risque potentiellement modifiables pourraient expliquer les 2/3 des cas de maladie d’Alzheimer.
En 2013, le Physicians Committee for Responsible Medicine (PRCM), une organisation végétarienne, a publié des recommandations pour prévenir la maladie d’Alzheimer. Sept principes réduisant le risque ont été présentés lors de l’International Conference on Nutrition and the Brain qui s'est déroulée à Washington les 19 et 20 juillet 2013 :
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Différentes études ont trouvé un lien entre des infections courantes et le développement de la maladie d’Alzheimer.
Une alimentation de type cétogène, comme dans le protocole Recode, améliorerait les troubles cognitifs légers et la maladie d'Alzheimer. Les effets sur Parkinson restent à évaluer.