Cancer : « Avec le régime cétogène, les traitements sont mieux tolérés et on a plus d’énergie »

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 09/06/2023 Mis à jour le 12/06/2023
Point de vue

Diététicienne-nutritionniste, Magali Walkowicz a accompagné de nombreux patients touchés par le cancer. Elle explique pourquoi et comment mettre en place une alimentation cétogène en complément des traitements.

Les cellules cancéreuses se nourrissent de sucre, et l’un des moyens de ralentir leur développement est de les priver de ce carburant. Depuis 2013, Magali Walkowicz a aidé des centaines de malades à adopter une alimentation réduite en glucides, et en particulier la plus stricte, l’alimentation cétogène. Pour elle, ce régime n’est pas un traitement miracle du cancer, mais, bien pratiqué, il peut optimiser les résultats des traitements, réduire leurs effets secondaires et améliorer l’humeur. Elle partage son expérience dans son livre Le cancer aime le sucre.

LaNutrition : Quels sont les patients qui peuvent mettre en place un régime cétogène ? À quel moment de la maladie ? Que peut-on en attendre ?

Magali Walkowicz : Tous sauf ceux atteints de leucémies et dès l’annonce de la maladie si possible. Mais il n’est jamais trop tard pour le démarrer. On peut en attendre beaucoup de choses : des traitements mieux tolérés, qui semblent boostés même, une meilleure énergie, un bon état nutritionnel, car le patient mange exactement ce dont son corps a besoin. Rien n’est laissé au hasard avec le régime.

Lire : Cancer : 8 questions sur le régime cétogène (abonnés)

Pensez-vous que les mentalités ont évolué ces dernières années concernant le régime cétogène ?

De la part des patients, oui, les mentalités ont fortement évolué. Les patients sont de plus en plus informés, ils se prennent de plus en plus en main, font des choix éclairés pour leur santé et mettent en place des solutions thérapeutiques alternatives de leur propre chef. Ils ne sont plus passifs face aux médecins, ils les interrogent, les confrontent aux données de la recherche. Leurs questions ne sont pas toujours bien reçues mais peu importe. Cette petite rébellion est plutôt une bonne nouvelle car certaines idées ont besoin d’être dépoussiérées. Et c’est ainsi que les choses bougeront.

Faut-il adapter le régime cétogène en fonction du type de cancer ? Y a-t-il des contre-indications ?

Oui il faut l’adapter au type de cancer, au profil nutritionnel, au bilan sanguin. Les contre-indications sont rares. Un exemple : on ne met pas en place le régime si les voies biliaires sont obstruées.

En suivant un régime cétogène, ne risque-t-on pas de se priver des bienfaits des fruits et légumes ?

Les fruits sont rares dans le régime mais peu importe. Les vitamines et minéraux des fruits, sont les mêmes que ceux des légumes. Et les légumes sont bien présents même s’ils sont rationnés. Les vitamines et minéraux sont présents dans d’autres aliments du céto : dans la viande, le poisson, les œufs, l’avocat, les graines et noix oléagineuses, l’huile… Bien souvent les patients ingèrent plus de vitamines et minéraux via ces aliments que lorsqu’ils suivaient un régime classique car tout aliment qui compose le régime est choisi avec soin. Je peux vous assurer que je fais en sorte que mes patients ne manquent de rien. Les fibres se trouvent dans les graines et noix, les légumes, et si besoin on complète avec du psyllium par exemple.

Mais avec un régime cétogène, ne risque-t-on pas de manger trop de viandes rouges, réputées cancérogènes et acidifiantes ?

C’est une erreur de croire que la viande rouge est omniprésente dans ce régime. Vous pouvez suivre un régime cétogène sans en manger un seul gramme. Un régime cétogène végétarien est même possible. J’ai écrit un livre à ce sujet : 30 plats végé céto. La part de protéines (que l’on trouve en grande quantité dans la viande, le poisson, les œufs dans un régime cétogène classique), n’est pas plus importante que dans un régime classique. Le fait de manger cétogène n’engendre pas de surconsommation. Au contraire, l’apport est finement calculé en fonction des besoins. Quand je mets en place un régime cétogène, je fais très attention à ce que le régime n’acidifie pas l’organisme. J’insiste auprès de mes patients pour qu’ils surveillent leur pH (qui généralement ne chute pas avec le régime – l’acidité est souvent en lien avec la présence de métastases) et on met tout ce qu’il faut pour la combattre. J’en parle dans le livre.

Quels compléments alimentaires pouvez-vous conseiller en parallèle ?

Il y en a beaucoup et c’est déterminé au cas par cas. J’ai donné beaucoup d’informations à ce sujet dans le livre. Un seul point commun : je donne du magnésium à tous mes patients car au début du régime il y a une fuite de magnésium.

Pour en savoir plus, lire : Le cancer aime le sucre

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