Adopter un régime kéto, une nouvelle piste de traitement du syndrome des ovaires polykystiques ? Des chercheurs l'ont testée.

De nombreuses croyances circulent sur le régime keto ou cétogène. Nous les avons confrontées aux données de la science.
Le régime keto ou cétogène consiste à diminuer fortement les glucides, et augmenter tout aussi fortement les graisses. Ce régime thérapeutique qui permet de soigner l’épilepsie est expérimenté dans plusieurs autres maladies et le public s’y intéresse. Il n’en fallait pas plus pour qu’il fasse l’objet de nombreuses croyances et idées fausses.
Une alimentation riche en graisses, pauvre en glucides, que l’on appelle aussi régime cétogène se traduit par l’apparition dans l’organisme de composés appelés cétones. Le régime cétogène a montré son intérêt dans le traitement de l’épilepsie, du surpoids et de l’obésité, du prédiabète et du diabète. Il est employé à titre expérimental dans les maladies neurodégénératives et le cancer. Ses bénéfices, démontrés ou potentiels, sont liés aux propriétés des cétones, dont la plus connue (et la plus présente) est le β-hydroxybutyrate.
Cette affirmation se base sur une seule et unique étude conduite à l’Inserm sur une lignée particulière de cellules avec du bêta-hydroxybutyrate. L’étude de l’Inserm a trouvé que ce composé, qui est produit par l’organisme lorsqu’on jeûne ou qu’on suit un régime cétogène, est soit neutre, soit légèrement pro-inflammatoire sur cette lignée cellulaire.
Les données publiées et conduites sur d’autres souches, ainsi que les études menées avec le régime lui-même font apparaître au contraire une action anti-inflammatoire, comme nous l’avons rapporté dans un article.
Assurer que le régime cétogène est pro-inflammatoire ne reflète donc pas les données de la science. Le régime cétogène apparaît globalement anti-inflammatoire. En effet, l'inflammation est régulée par la production de médiateurs pro- et anti-inflammatoires, comme les cytokines. En diminuant le niveau d'insuline, en augmentant l'hormone glucagon, les cétones, et en réduisant la graisse corporelle, la diète cétogène favorise un environnement anti-inflammatoire.
Prises ensemble, les études chez l’animal montrent que par rapport à un régime classique glucidique, un régime cétogène diminue généralement la croissance des tumeurs et prolonge la survie. Chez l’homme, il y a encore peu de données disponibles : il s’agit surtout d’études cliniques préliminaires ou de rapports de cas.
Toutefois, plusieurs études dans le monde sont menées sur des patients ayant un cancer. Par exemple :
Donc s’il est vrai qu’on n’a pas de preuves solides (avec des essais cliniques randomisés) de l’efficacité d’un tel régime associé aux traitements, les résultats suggèrent cependant un bénéfice potentiel surtout dans les cancers du côlon et du cerveau, peut-être les cancers pancréatiques. D'après Magali Walkowicz, diététicienne-nutritionniste, auteure de Le cancer aime le sucre, qui a suivi de nombreux patients, ceux qui sont atteints de leucémies ne doivent pas suivre de régime cétogène.
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Cancer du sein : rien ne permet d’affirmer que le régime cétogène pourrait stimuler les tumeurs mammaires. Le cas d’une femme atteinte d’une forme agressive de ce cancer a été rapporté en 2017 ; traitée par une chimiothérapie associée au régime cétogène, à un traitement hyperthermique et de l’oxygène hyperbare, ses tumeurs ont disparu.
Mélanome : les données sont contrastées. Dans la moitié des cas de mélanome il y a des mutations du gène BRAF, notamment la mutation BRAF V600E. Cette mutation cause le développement et la multiplication incontrôlés des cellules cancéreuses. Dans un modèle animal (souris) positif pour la mutation BRAF V600E, la croissance de la tumeur a été favorisée par un régime cétogène. À l’inverse, le régime cétogène n’a eu aucun effet néfaste sur la progression de mélanome positif aux mutations touchant le gène NRAS (15 % des cas), ni sur des tumeurs transplantées sur des animaux. Enfin, dans un essai préclinique portant sur un petit nombre de patients cancéreux, un patient porteur de la mutation BRAF V600E a semblé bénéficier du régime cétogène.
Cancers du rein : on ne dispose pas de données chez l’homme, mais les études chez l’animal laissent penser que le régime cétogène peut favoriser la croissance des tumeurs. Une étude pilote est en cours à l'institut Gustave Roussyn : KETOREIN.
« Les études conduites sur des patients atteints de cancer n’ont pas mis en évidence d’effets secondaires sérieux, essentiellement des problèmes mineurs et transitoires, comme la fatigue, la constipation ou la diarrhée, qui sont probablement associés au fait que le corps s’adapte à un mode de fonctionnement cétogène », indique le Pr Rainer Klement (Hôpital de Schweinfurt, Allemagne).
Un régime pauvre en glucides n’est pas le seul moyen de perdre du poids, mais il est plus efficace qu’un régime pauvre en graisses pour y parvenir, au moins à court et moyen terme, comme le montre l’analyse de 31 essais cliniques.
Le poids perdu ne consiste pas en « eau et muscles » mais majoritairement en graisses corporelles. La masse musculaire est peu affectée ou totalement préservée, y compris semble-t-il au cours d’une radiothérapie. Les études montrent d’ailleurs que la cétose diminue les pertes musculaires aussi bien chez les personnes en bonne santé que les patients atteints de cancer.
Par exemple, dans un essai contrôlé chez des femmes avec un cancer des ovaires ou de l’endomètre, un régime cétogène a été comparé au régime recommandé par la Société américaine du cancer. Après 12 semaines, le groupe « cétogène » avait perdu plus de masse grasse et de graisse viscérale ; la masse musculaire était identique dans les deux groupes. Des études expérimentales ont d’ailleurs mis en évidence un effet anticatabolique (préservation musculaire) de la principale cétone, le bêta-hydroxybutyrate.
Y a-t-il un rebond de poids au-delà du poids initial ? Rien ne permet de le dire. Au contraire, une étude a trouvé qu’en suivant un régime cétogène/méditerranéen de 20 jours, suivi de 20 jours de régime low carb méditerranéen, puis de 4 mois de régime méditerranéen normal, puis 2 jours de régime cétogène et enfin 6 mois de régime méditerranéen normal, des personnes obèses perdaient non seulement suffisamment de poids pour voir leur IMC revenir à un "simple" surpoids mais gardaient aussi leurs nouvelles habitudes alimentaires sur le long terme.
C’est ce qu’affirme un médecin français sur la base d’une étude d’observation publiée en 2018 dans le Lancet selon laquelle les alimentations contenant le plus de glucides et celles qui en renfermaient le moins étaient associées à une augmentation de la mortalité. Le risque minimal étant observé pour des apports en glucides compris entre 50 et 55 % des apports caloriques.
Cette étude est une étude d’observation, et, à ce titre, ne permet pas de tirer une relation de cause à effet. Elle souffre d’ailleurs de plusieurs défauts, en particulier qualité médiocre des données recueillies et sous-déclaration des apports caloriques. De plus, le régime « pauvre en glucides » ne l’était pas vraiment (37 % des apports caloriques, soit très loin d’un régime cétogène) et dans ce groupe, les personnes à risque (diabète, tabac) étaient sur-représentées. Ensuite, il faudrait pouvoir disposer d'une explication biologique au fait qu'en mangeant moins de glucides on met sérieusement sa santé en danger, alors même que les études ont trouvé des bénéfices à ce type d’alimentation, en particulier sur le poids, les facteurs de risque cardiovasculaire ou diabète. Il est probable que ce que cette étude a constaté, c’est que des personnes dont l’état de santé était fragile ont été conduites à réduire les glucides ; c’est ce mauvais état de santé qui pourrait expliquer la diminution de leur espérance de vie.
Il n’est donc pas possible de s’appuyer sur cette étude pour affirmer qu’un régime low carb ou cétogène réduit l’espérance de vie.
Si vous souhaitez suivre un régime cétogène, vous pouvez consulter une sélection de livres de référence ici. Il peut être utile de consulter un diététicien-nutritionniste. Si vous souffrez d'une maladie chronique, si vous prenez des traitements médicamenteux, prenez l'avis de votre médecin avant de suivre tout régime restrictif.
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