Et le gagnant des régimes santé est le... paléo !

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 22/05/2023 Mis à jour le 22/05/2023
Actualité

Une grande méta-analyse conclut que le régime paléo est le plus efficace pour contrôler 3 marqueurs de la prévention santé : cholestérol, glycémie et inflammation.  

Les chercheurs s'accordent pour dire que le mode de vie en général et l’alimentation en particulier sont des leviers puissants de prévention des maladies chroniques qui se développent avec l’âge. Cependant, les recommandations nutritionnelles officielles sont souvent imparfaites, incomplètes, voire sous l’influence de l’industrie agro-alimentaire. Les experts qui s’expriment sur le sujet peuvent véhiculer des a priori culturels. Les médias manquent de journalistes scientifiques capables de décrypter la recherche. Enfin, derniers venus, les "influenceurs", qui n’ont pour la plupart d’entre eux aucune formation scientifique, ajoutent à la cacophonie ambiante quand ils ne détournent pas carrément les consommateurs de comportements protecteurs comme on l’a vu avec l’huile de colza.

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La lecture et l’interprétation des données scientifiques sont des exercices arides, mais indispensables, que pratiquent les journalistes scientifiques de LaNutrition depuis 2006. C’est ce qui nous a permis, les premiers, de déceler l’intérêt de concepts comme la charge glycémique, l’ultra-transformation, le cétogène, le jeûne intermittent, de pointer dès 2007 l’inutilité des "3 à 4 laitages par jour", ou encore de formuler dès 2011 dans La Meilleure Façon de Manger, des conseils nutritionnels qui n’ont pas eu à être bouleversés avec le temps, au contraire des conseils officiels.

Régime paléo

De la même manière, LaNutrition a été le premier site à détailler en 2006 l’intérêt potentiel du régime paléo dans la prévention des maladies chroniques liées à l'âge. Qu'est-ce que le paléo ? Il s’inspire des alimentations pré-agricoles, celles qui ont été suivies par l’humanité pendant sept millions d’années ; elles comprennent dans leur forme la plus stricte une grande quantité de végétaux non céréaliers, des viandes et poissons en quantité variable, pas d’aliments ultra-transformés, ni de laitages, de sucre, peu de sel. Le paléo peut cependant être adapté, avec un peu de produits céréaliers (complets, au levain) et de laitages (généralement des fromages de petits ruminants comme dans la diète méditerranéenne). Le paléo a été popularisé par des chercheurs américains comme les Pr Boyd Eaton et Loren Cordain, dont on peut lire une interview ici.

Lire : Le modèle paléo, de Mark Sisson

C’est dans ce contexte qu’une méta-analyse australienne vient de comparer plusieurs régimes populaires, dont le paléo, dans leur capacité à prévenir les maladies non transmissibles, par rapport à un régime occidental type.

En plus du paléo, les régimes étudiés étaient : les recommandations nutritionnelles officielles, le régime méditerranéen, le régime DASH pauvre en sodium, les régimes pauvres en graisses, les régimes pauvres en glucides, le régime à IG bas, le régime à IG haut, les régimes à base de plantes (végétariens ou végétaliens). 68 études ont été retenues, correspondant aux critères fixés par les auteurs.

Les marqueurs intermédiaires étudiés portaient sur le niveau de cholestérol, de triglycérides, de glycémie, de résistance à l’insuline et d’inflammation. Ces marqueurs métaboliques sont considérés comme importants pour juger de la santé métabolique et des risques de maladies cardiovasculaire ou neurodégénératives, de diabète ou de certains cancers.

Ce que les chercheurs ont trouvé

La méta-analyse a tiré 3 grandes conclusions :

  1. Dans l'ensemble, le régime paléo est celui qui a le mieux réussi à améliorer les marqueurs des maladies chroniques ;

  2. Suivre les recommandations officielles ne garantit absolument pas que l’on va rester en bonne santé ;

  3. Un régime alimentaire basé sur des choix de familles et de types d’aliments sains est le plus pertinent pour améliorer les marqueurs précurseurs de maladies chroniques. Se concentrer uniquement sur les macronutriments, comme suivre un régime pauvre en graisses n'offre pas de garantie que la santé sera améliorée. C’est une des raisons pour lesquelles un étiquetage nutritionnel comme le Nutri-Score ne remplit pas sa mission.

La méta-analyse a divisé les biomarqueurs courants des maladies chroniques en trois catégories :

  1. Des marqueurs lipidiques tels que le cholestérol sanguin ou les triglycérides, qui sont des indicateurs clés des maladies cardiaques ;

  2. Des marqueurs du contrôle glycémique, tels que l'insuline et le glucose à jeun, qui sont des indicateurs clés de conditions telles que le diabète et le syndrome métabolique ;

  3. Des marqueurs de l'inflammation, qui sont un facteur de risque de maladies non transmissibles, notamment les maladies cardiovasculaires, les cancers et les maladies auto-immunes.

Le régime paléo était de loin le régime le plus efficace pour réduire les biomarqueurs de l'inflammation. L'inflammation est une réaction immunitaire qui, lorsqu’elle est chronique, peut faire le lit de la plupart des maladies chroniques, y compris cardiovasculaires. 

Lire : Le régime paléo à l'assaut des maladies de civilisation

Le régime méditerranéen s’est révélé le plus efficace sur les marqueurs lipidiques. Les régimes pauvres en glucides (comme le régime cétogène) pour contrôler glycémie et résistance à l’insuline.

Lorsque tous les biomarqueurs ont été fusionnés dans un score global, le régime paléo est arrivé en tête, devant le régime DASH, le régime méditerranéen et les régimes pauvres en glucides. Le régime occidental (riche en aliments ultra-transformés) était le plus mal noté.

Lire : Ce que les chasseurs-cueilleurs nous apprennent sur les maladies de civilisation

Le régime méditerranéen est considéré comme l’un des plus favorables à la santé, ce qui est vérifié dans cette méta-analyse. Les régimes paléo et pauvres en glucides, à l’inverse, sont systématiquement décriés par certains nutritionnistes influents. Cette méta-analyse montre que la science suggère que le régime paléo est au moins aussi intéressant en prévention des maladies chroniques que le régime méditerranéen. C'est d'ailleurs ce que déclarait il y a plusieurs années le regretté Staffan Lindeberg.

Autre résultat de cette étude : les régimes basés sur les recommandations alimentaires officielles n’ont obtenu qu’un score médiocre.

La composition en macronutriments (glucides, lipides, protéines) des régimes étudiés  avait peu de corrélation avec la majorité des biomarqueurs. Cela signifie que, à quelques exceptions près, si vous vous concentrez uniquement sur les macros, par exemple en mangeant des aliments pauvres en graisses, rien ne prouve que vous modifierez significativement votre risque de maladie chronique. 

Conclusion

Il faut souligner que cette étude comporte des faiblesses puisqu'elle ne porte que sur des biomarqueurs intermédiaires et non des événements comme l'incidence de maladies chroniques (infarctus, diabète, cancers). Elle n'autorise donc qu'une vision et une interprétation partielles des effets réels à long terme des régimes étudiés. Par ailleurs, les intervalles de confiance statistiques étaient généralement faibles, ce qui indique que des études complémentaires sont nécessaires pour savoir dans quelle mesure une alimentation paléo prévient les maladies chroniques non transmissibles. Cependant, cette méta-analyse rejoint les conclusions favorables de sept autres déjà publiées. Comme le régime méditerranéen, le régime paléo fait la part belle aux végétaux tout en autorisant viande et poisson. Il y a des différences : le paléo strict bannit les aliments ultra-transformés, et les produits céréaliers et laitiers, qui sont consommés dans l'alimentation méditerranéenne. Au final, même si dans cette méta-analyse le paléo vient en tête en particulier pour contrer l'inflammation, il est proche dans les scores du régime méditerranéen. On notera avec intérêt qu'en cas de glycémie élevée, on a intérêt, au moins provisoirement à manger moins de glucides comme dans le régime Atkins, voire à suivre un régime cétogène ; en cas de lipides élevés, le régime méditerranéen est intéressant. 

Lorsque le régime paléo a été introduit pour la première fois à la fin des années 1990, puis par LaNutrition au public francophone, il a été critiqué par certains spécialistes et qualifié par les médias de "régime à la mode". Certains l’ont même accusé de nuire à la santé. Quelque 20 ans plus tard, plus de 500 études soutiennent l’intérêt du régime paléo.

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