Comme des athlètes qui soignent leur alimentation en vue de leurs performances sportives, professionnels et étudiants pourraient booster leurs capacités en mangeant mieux.

Faut-il rendre le Nutri-Score obligatoire ? L'association UFC-Que Choisir le demande. Pourtant les études réalisées dans la vie réelle, en supermarché, peinent à démontrer son efficacité pour améliorer les achats des consommateurs.
Le 12 avril 2023, l'association UFC-Que choisir a publié une étude montrant que le Nutri-Score avait poussé les industriels à améliorer les recettes des produits sur lesquels le logo était apposé. Moins de graisses saturées, moins de sel, moins de sucres : ce sont plutôt de bonnes nouvelles pour ces aliments. C'est pourquoi l'idée de généraliser le Nutri-Score refait surface. Toutefois, un produit ultra-transformé, même si sa recette s'améliore, restera un produit ultra-transformé, car le Nutri-Score, pour l'instant, ne tient pas compte du degré de transformation des aliments.
Or comme l'explique Anthony Fardet, chercheur en nutrition préventive et auteur de Halte aux aliments ultra-transformés ! Mangeons vrai, "le Nutri-Score est basé sur un logiciel réductionniste, c’est-à-dire qu’il ne voit les aliments que comme une somme de nutriments (sucre, graisses, sel...) au lieu de les voir dans leur globalité. Autre défaut : il ne prend pas en compte les additifs présents dans les produits. Les aliments sont certes un ensemble de nutriments mais pas uniquement. Par exemple 500 calories (kcal) d’un aliment peu transformé et 500 calories d’un aliment ultra-transformé ne vont pas avoir la même répercussion sur la santé !"
L'objectif d’un étiquetage nutritionnel est d'abord d’inciter les consommateurs à faire des choix sains pour leur santé. Alors le Nutri-Score est-il vraiment efficace pour les guider dans leurs achats ? D'après deux chercheurs néerlandais, cet étiquetage ne répond pas aux exigences des allégations santé dans l'espace européen.
L’Europe joue déjà un rôle important dans l’étiquetage des aliments dans la mesure où l’une de ses instances, l’EFSA, fournit des allégations nutritionnelles et de santé pour certains produits alimentaires. Par exemple, ces allégations peuvent indiquer qu’un produit limite le risque de certaines maladies ou bien qu’il est riche en acides gras oméga-3 ou en fibres. Ainsi, l’EFSA a autorisé une allégation de santé pour le cacao indiquant que les flavonols de cacao aident à préserver l’élasticité des vaisseaux sanguins.
Le Nutri-Score a été développé par des universitaires français pour noter la qualité nutritionnelle des aliments, qu’il classe en cinq catégories, de A à E, avec une couleur gradée de vert à rouge : les aliments les plus sains sont classés A (vert) et les moins sains E (rouge). L’algorithme de notation se base sur le système britannique de la Food Standard Agency (FSA-NPS).
Le Nutri-Score a été adopté en France, en Allemagne, au Luxembourg, en Suisse et en Belgique. Il pourrait se développer plus largement en Europe si l’Union européenne décide de l’adopter pour harmoniser l’étiquetage nutritionnel sur tout son territoire. Pour que l’Europe fasse un tel choix en faveur du Nutri-Score, il est nécessaire qu’elle s’appuie sur des preuves scientifiques robustes démontrant ses avantages et son efficacité. Le Nutri-Score devrait donc être évalué sur le même système que les allégations nutritionnelles de santé décrit ci-dessus, avec la même rigueur scientifique.
Deux scientifiques, Stephan Peters (Dr en santé et nutrition) et Hans Verhagen (professeur à l’université technique du Danemark), publient dans la revue Foods un article dans lequel ils examinent les preuves scientifiques qui justifieraient l'utilisation du Nutri-Score comme une allégation santé de l'EFSA. L'allégation santé à laquelle le Nutri-Score pourrait prétendre serait du type : "Le Nutri-Score entraîne une augmentation des achats d'aliments plus sains par les consommateurs." Les auteurs définissent des achats alimentaires plus sains par des améliorations du score FSA-NPS.
Quand l’EFSA examine un dossier pour une allégation de santé, elle doit répondre à trois questions :
Dans leur article, les deux scientifiques ont respecté ces trois étapes et recherché les preuves disponibles dans la littérature. Voici leurs conclusions pour chacune des questions.
L’algorithme de calcul du Nutri-Score, qui se base sur le système FSA-NPS, est clair et reproductible.
L’effet bénéfique du Nutri-Score sur la santé s’appuie sur l’utilisation du système FSA-NPS, évalué par ailleurs. Les auteurs citent plusieurs arguments trouvés dans la littérature scientifique, qui prouvent que les aliments qui ont un score FSA-NPS plus élevé sont nocifs à la santé :
Pour les auteurs, « Sur la base des associations trouvées entre un Nutri-Score moins bon et un risque accru de mortalité et de morbidité, on pourrait conclure que le Nutri-Score est potentiellement bénéfique pour la santé humaine. »
C’est assurément ici que se trouve le point faible du système. Les auteurs ont cherché des études supposées démontrer que les consommateurs font de meilleurs choix pour leur santé grâce au Nutri-Score. Ils ont trouvé trois études réalisées en conditions réelles (en supermarché, dans une épicerie ou dans un restaurant universitaire) et cinq pour des achats effectués en ligne. Les résultats sont plutôt décevants.
Par exemple, lors de l’étude menée dans un restaurant universitaire avec 484 participants, l'utilisation du Nutri-Score a entraîné une plus grande consommation de protéines et de calories, « et des dépenses plus élevées (sur les articles avec un meilleur Nutri-Score uniquement), tandis que l'achat de produits « malsains » n'a pas diminué. Les clients étaient 10 % plus susceptibles d'acheter un article plus sain que les témoins. Les informations sur le système Nutri-Score ont également augmenté les ventes de la cafétéria. Cependant, aucun calcul n'a été effectué sur les effets du Nutri-Score sur le FSA-NPS. »
Aucune étude d'efficacité n'a trouvé d'effet du Nutri-Score sur le FSA-NPS pour un assortiment complet de supermarché
Autre exemple, dans le supermarché : le Nutri-Score a augmenté les achats d'aliments bien notés sur le plan nutritionnel, mais il « n'a eu aucun impact sur les achats d'aliments de qualité nutritionnelle moyenne, faible ou non étiquetée. Le Nutri-Score n'a amélioré que de 2,5 % la qualité nutritionnelle (mesurée par le FSA-NPS) des aliments labellisés achetés. » Un effet presque négligeable, à tel point que « Les auteurs se sont également demandé si l'effet de 2,5 % du Nutri-Score sur le score FSA-NPS était cliniquement pertinent ». De plus, cette étude ne portait que sur quatre catégories d’aliments et non sur l’ensemble de l’offre commerciale disponible. D’après les auteurs, « Aucune étude d'efficacité n'a trouvé d'effet du Nutri-Score sur le FSA-NPS pour un assortiment complet de supermarché. »
Les auteurs en concluent que « sur la base de l'approche de l'EFSA pour la justification des allégations de santé, il n'y a pas suffisamment de preuves pour soutenir une allégation de santé basée sur le système Nutri-Score, car une relation de cause à effet n'a pas pu être établie. »
Le Nutri-Score a aussi comme inconvénient de ne pas prendre en compte l’ultra-transformation des aliments.
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Le Nutri-Score, qui évalue les produits selon leur composition chimique, ne permet pas toujours de faire de bons choix alimentaires. Explications.
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