Maxime Dougados : Le paracétamol n’a pas d’effet sur l'arthrose

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 14/04/2006 Mis à jour le 21/11/2017
Le Professeur Maxime Dougados, chef du service de rhumatologie de l'hôpital Cochin à Paris a réalisé une étude sur les effets du paracétamol sur l’arthrose. Cette étude devait au départ préciser quelle catégorie de patients réagit le mieux à ce traitement. Mais à la surprise générale, ce médicament, pourtant souvent prescrit, n’a montré aucun effet. Faut-il dans ces conditions continuer à essayer le paracétamol quand on souffre d’arthrose ? Et que penser des anti-inflammatoires non-stéroïdiens de la famille des coxibs depuis le retrait du Vioxx ? Le Professeur Dougados répond à ces questions.

Quels sont les résultats de votre dernière étude sur le paracétamol publiée dans les Annals of the rheumatic diseases* ?

Notre étude a porté sur 300 sujets. C’est dire si elle est vraiment négative ! Ce grand échantillon donne encore plus de poids à notre étude, on ne peut pas dire que nous reprocher de ne pas avoir étudié assez de malades.

Dans cette étude, le groupe placebo a étonnamment ressenti une nette amélioration de son état de santé…C’est certainement dû à l’histoire naturelle de la maladie. Si on attend, parfois la douleur passe. Un mal de tête s’estompe généralement en deux jours, même si l’on ne fait rien.

Nous avons finalement conclu que si le paracétamol est efficace, son efficacité reste peu importante.

Comment les gens qui ont participé à cette étude ont été sélectionnés ?

D’habitude, on prend un malade qui est déjà sous traitement. On lui demande de l’arrêter et huit jours après, si la poussée douloureuse est revenue, il peut entrer dans l’étude. Là, pour le paracétamol, on a procédé autrement. Les sujets ont simplement consulté leur médecin et ont été choisis.

Nous avons respecté les règles des recherches cliniques.

Faut-il dans ces conditions continuer à prendre du paracétamol quand on souffre d’arthrose ?

Seulement, en pratique, peu de malades ressentent les réels effets positifs du paracétamol. Dans ce cas, il faut vite passer aux AINS… L’utilisation en première intention du paracétamol reste donc de rigueur.

Quels sont les contre-indications du paracétamol ?

Que pensez-vous du retrait du vioxx ? Et de l’effet des coxibs en général ?

Il ne faut pas taper sur les AINS. Les effets négatifs des AINS sont suspectés depuis longtemps. Maintenant, les malades se retrouvent piégés et ils ne savent plus quoi penser ni quoi prendre. Si le paracétamol ne donne pas de résultat satisfaisant, le malade doit passer aux AINS, en respectant les doses prescrites évidemment. Il faut évidemment voir les risques cardio-vasculaires de chacun. La question essentielle est de savoir si les coxibs ont un risque réellement plus important que les AINS. Les dernières études tendant à démontrer qu’il n’existe pas de différences entre les deux. Les risques seraient bien les mêmes. Ces risques sont d’ailleurs minimes mais ils existent. Les AINS sont des médicaments, et comme tous médicaments, ils ont des effets indésirables…

Avec les AINS, les personnes qui ont des problèmes digestifs doivent plutôt s’orienter vers les coxibs.

Il faut bien sûr être prudent. On peut vérifier la tension artérielle avant de prendre un nouveau traitement et vérifier aussi son poids dès le début. Une prise de quelques kilos rapide en début de traitement peut révéler une toxicité.

Finalement, je recommande de prendre des doses de médicaments les plus faibles possibles et d’arrêter le traitement au plus vite, dès que les douleurs disparaîssent. Je répère que les anti-inflammatoires sont des médicaments très utiles.

Quel est selon vous le meilleur traitement à suivre quand on souffre d’arthrose ?

Il serait selon moi idiot de ne pas tester le paracétamol… Si ca ne marche pas, il faut passer aux anti-inflammatoires en faisant attention à la toxicité des ces médicaments, soit sur le plan digestif, soit sur le plan cardio-vasculaire.

Mais il ne faut pas oublier les bases : le poids est en facteur de risque dans l’arthrose. Maigrir diminue le risque de deveir arthrosique mais aussi les douleurs liées à l’arthrose. Les pateitns doivent également faire de l’exercice, de la marche (très fortement conseillée), du jogging, de la natation mais pas de sport qui demande des mouvements saccadés tels que le tennis ou le squash.. Ils peuvent porter des semelles, de bonnes chaussures… Tous ces petits moyens, que l’on a pourtant tendance à oublier, peuvent aussi être très efficaces.

Enfin, certains médicaments comme la chondroïtine peuvent diminuer la nécessité de recourir aux AINS. Eux aussi peuvent être utilisés.

* Dougados M.: “Paracetamol in osteoarthritis of the knee.” Ann Rheum Dis. 2004 Aug;63(8):923-30.

Il faut faire attention à la dose : 4 grammes par jour peuvent avoir une certaine toxicité digestive. Il faut faire également attention à l’association alcool-vin. Il existerait une toxicité hépatique, surtout pour les gros buveurs du samedi soir… Mais il reste moins toxique que les anti-inflammatoires.Tout à fait ! On continue à tenir le même discours. D’autres études, réalisées dans des conditions différentes, ont montré que le paracétamol avait un effet sur l’arthrose. Certes le paracétamol est moins efficace que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) mais il a également moins d’effets secondaires. Si deux comprimés de paracétamol sont efficaces, il serait vraiment idiot de prendre des AINS…Au départ nous ne souhaitions pas démontrer l’effet du paracétamol mais plutôt étudier les personnes qui répondent le mieux à ce médicament…Notre étude n’a pas trouvé d’effet du paracétamol sur l’arthrose. Nous étions très surpris car le paracétamol est quand même un traitement de base.

Lectures conseillées :
Arthrose les solutions naturelles (Dr Philippe Veroli)
La diététique anti-arthrose (Cécile Bertrand)

A découvrir également

Back to top