Très utilisés pour fabriquer les aliments ultra-transformés, les additifs présenteraient des risques réels pour la santé, jusqu'ici négligés.

Vous consommez régulièrement des aliments ultra-transformés ? Vous absorbez alors sans doute cet additif : « les carraghénanes ou E407 ». Ses effets sur la santé sont controversés mais la dernière réévaluation de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) permet d’y voir un peu plus clair. Détails.
Les carraghénanes sont des polysaccharides sulfatés de haut poids moléculaire, extraits d'algues rouges (notamment des espèces Chrondrus crispus, Gigartinastellata et Euchema) provenant essentiellement d'Amérique du Sud, mais aussi de France et plus exactement du large de la Bretagne. L'agar-agar est également extrait d'algues rouges. Les principaux types de carraghénanes couramment utilisés dans l'alimentation sont les carraghénanes iota, kappa et lambda qui diffèrent par leur nombre de groupes sulfate.
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Les carraghénanes sont largement utilisés comme additif dans de nombreux produits ultra-transformés pour leurs propriétés d'épaississant, de gélifiant, d'émulsifiant et de stabilisant. On peut identifier les carraghénanes sous le code E 407. Les carraghénanes n'ont pas de valeur nutritive.
L'ajout de carraghénanes dans les aliments a considérablement augmenté au cours des dernières années, en raison du développement de l'alimentation occidentale.
Le groupe d’experts de l’Efsa a fixé une dose journalière admissible (DJA) provisoire de 75 mg/ kg de poids corporel qui doit être réévaluée dans les 5 ans. En effet, dans certains cas, la consommation de cet additif pourrait être jusqu'à 10 fois supérieure à cette DJA !
Et pour cause : plus de 6800 produits ultra-transformés contiendraient cet additif selon la base de données Open food facts.
On retrouve ainsi les carraghénanes dans des produits largement consommés comme certaines crèmes légères ou semi-épaisses, dans des laits chocolatés, des yaourts aux fruits, des crèmes glacées, des crèmes dessert, les laits végétaux ; ils sont également utilisés dans les plats préparés (lasagnes, saucisses lentilles…), les cordons bleus de poulet… Même les produits bio n’y échappent pas. Les carragnénanes font partie des 7 additifs alimentaires sur les 51 autorisés en bio dont il faut se méfier car ils pourraient poser des problèmes pour la santé (plus de détails dans Le Nouveau guide des additifs).
Les carraghénanes sont également utilisés dans les aliments pour animaux de compagnie, les produits cosmétiques ou encore l'industrie pharmaceutique.
Voir aussi : La liste des additifs autorisés en Europe
Dans le commerce, on peut trouver de la poudre de carraghénane qui est utilisé comme gélifiant dans les préparations culinaires, comme alternative à la gélatine.
Les carraghénanes peuvent dans certaines conditions de température et d’acidité se dégrader en composés de plus faible poids moléculaire : « les carraghénanes dégradés » ou poligeenans qui sont plus à même de traverser la barrière intestinale. Ces derniers sont classés par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme « potentiellement cancérigènes chez l’homme ».
Les autorités européennes tolèrent la présence de carraghénanes dégradés parmi les carraghénanes à un taux maximal de 5%. Le problème c’est qu’à ce jour, il n’existe aucune méthode d’analyse validée qui permette de quantifier ces fameux carraghénanes dégradés !
Au-delà de l’incertitude qui plane autour des méthodes d’analyse, un autre élément est également inquiétant : les carraghénanes présents dans l’aliment peuvent être soumis à des variations de températures ou d’acidité et pourraient alors se dégrader… Et bien ce phénomène n’a pas été suffisamment étudié à ce jour.
« Aucune donnée sur la stabilité de la carraghénine E407 traitant de la variation habituelle des paramètres (température, pH) pertinente pour les autorisations alimentaires autorisées n’était disponible » ont ainsi souligné les experts de l’Efsa dans leur rapport.
Il est difficile de se faire une opinion quant à l’effet que peuvent avoir ces additifs sur la santé tant les études sont contradictoires. En tout cas, certaines études scientifiques concernant les carraghénanes ne sont pas très rassurantes.
Chez l’animal, cet additif provoquerait des ulcérations au niveau du côlon ainsi que des phénomènes inflammatoires dans différents tissus. Or, l'inflammation est impliquée dans de nombreuses maladies chroniques. Les carraghénanes sont d'ailleurs utilisés pour induire une inflammation chronique dans les modèles animaux. Il pourrait aussi favoriser la résistance à l’insuline.
Les pistes sont d’autant plus brouillées que, dans la plupart des études toxicologiques, la teneur en carraghénanes dégradés des échantillons testés n’est pas spécifiée.
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Personnellement, j’évite de consommer les aliments ultra transformés contenant des carraghénanes.
Au vu de l’ensemble des incertitudes qui planent autour de cet additif, avec notamment une possible relation entre carraghénanes et différentes pathologies comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, l’intolérance au glucose… je conseille aux personnes ayant des troubles intestinaux, et aux diabétiques d'en éviter la consommation.
D’une manière plus générale, il vaut mieux limiter au maximum la consommation de cet additif. Pour le repérer, pensez à regarder la liste des ingrédients.
Pour en savoir plus, lire Le Nouveau guide des additifs (voir un extrait >> ici)
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