Il faut prendre plus de vitamine D si on est obèse ou en surpoids

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 27/11/2014 Mis à jour le 17/02/2023
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Les personnes obèses devaient recevoir 2 à 3 fois plus de vitamine D en complémentation que celles de poids normal.

En plus d'intervenir dans la santé osseuse, la vitamine D est une molécule essentielle à de nombreux processus biologiques. Une part importante de la quantité dont nous avons besoin est produite par le corps grâce à la lumière du soleil. C’est pourquoi en automne ou en hiver il peut être nécessaire de se complémenter.

Le déficit en vitamine D est souvent défini dans les articles de recherche par une concentration de vitamine D dans le sang inférieure à 75 nmol/L mais les quantités de vitamine D nécessaires à un bon état de santé général restent l’objet de controverses.

Lire : Combien de vitamine D : controverse sur le niveau optimal

D’après un article paru dans PLOS One, la dose de vitamine D nécessaire pour éviter les déficits dépendrait du poids que l’on fait.

Le lien entre la complémentation en vitamine D et la concentration dans le sang

Des chercheurs canadiens et américains (dont le Pr Michael Holick) ont voulu étudier le lien entre une complémentation orale en vitamine D et la concentration en vitamine D dans le sang. Pour cela, ils ont analysé des données sur l’utilisation de la vitamine D et les concentrations de vitamine D de 17 614 adultes en bonne santé (1).

Les participants prenaient entre 0 et 55000 UI par jour et leur concentration de vitamine D dans le sang allait de 10,1 à 394 nmol/L. En moyenne, la concentration en vitamine D augmentait de 12 nmol/L pour 1000 UI de complémentation, dans l’intervalle de 0 à 1000 UI. Les apports journaliers recommandés en France, manifestement sous-évalués, sont de l'ordre de 600 UI (15 µg) par jour pour les adultes, d'après l'Anses.

L’indice de masse corporelle (IMC) était un bon indicateur de la concentration en vitamine D car les chercheurs ont observé des différences de concentrations en vitamine D en fonction des catégories d’IMC. Les personnes obèses et en surpoids avaient des concentrations sanguines de vitamine D en moyenne 19,8 nmol/L et 8 nmol/L plus basses respectivement par rapport à celles de poids normal.

Les chercheurs pensent qu’il faut des recommandations différentes pour les personnes de poids normal, en surpoids ou obèses. Au vu de ces résultats, ils recommandent une complémentation 2 à 3 fois supérieure chez les personnes obèses et 1,5 fois supérieure pour celles en surpoids, par rapport aux personnes de poids normal.

D'autres travaux ont montré que les personnes en surpoids ou obèses métabolisent différemment la vitamine D.

Les bienfaits de la supplémentation en vitamine D dépendent de votre poids

Aux États-Unis, l’essai clinique VITAL étudie les liens entre la vitamine D et la fréquence de certaines maladies chroniques. Cet essai randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, comprend 25 871 participants, des hommes de plus de 50 ans et des femmes de plus de 55 ans. Bien que l’essai ait révélé peu d’avantages de la supplémentation en vitamine D pour prévenir le cancer, les crises cardiaques ou les AVC, il existait une corrélation statistique entre l’indice de masse corporelle (IMC) et l’incidence du cancer, la mortalité par cancer et l’incidence des maladies auto-immunes.

Deirdre Tobias, épidémiologiste au Brigham and Women’s Hospital, a expliqué que "l'analyse des données VITAL originales a révélé que la supplémentation en vitamine D était corrélée à des effets positifs sur plusieurs résultats de santé, mais uniquement chez les personnes ayant un IMC de moins de 25 ans."  C'est pourquoi les chercheurs ont voulu comprendre ce qui se passait lors du métabolisme de la vitamine D à des poids corporels plus élevés.

Pour cela, ils ont analysé les échantillons sanguins fournis par 16 515 participants au début de l’étude VITAL, et ceux prélevés après deux ans (2). Ils ont alors observé que la supplémentation en vitamine D augmente la plupart des biomarqueurs associés au métabolisme de la vitamine D, quel que soit le poids des personnes, mais ces augmentations étaient significativement plus faibles chez celles ayant un IMC élevé. La vitamine D est donc métabolisée différemment chez les personnes avec un IMC élevé. La Dre Deirdre Tobias en a conclu que "cette étude peut aider à expliquer les résultats diminués de la supplémentation pour les personnes ayant un IMC élevé."

Dans un communiqué, JoAnn Manson, responsable de la division de médecine préventive au Brigham's Hospital a commenté : "Cette étude met en lumière les raisons pour lesquelles nous constatons une réduction de 30 à 40 % des décès par cancer, des maladies auto-immunes et d'autres résultats avec la supplémentation en vitamine D chez les personnes ayant un IMC inférieur, mais un bénéfice minimal chez celles ayant un IMC plus élevé, ce qui suggère qu'il pourrait être possible d'obtenir des avantages dans la population avec un dosage plus personnalisé de la vitamine D."

Consulter notre dossier sur la vitamine D

Références
  1. Ekwaru JP, Zwicker JD, Holick MF, Giovannucci E, Veugelers PJ. The importance of body weight for the dose response relationship of oral vitamin d supplementation and serum 25-hydroxyvitamin d in healthy volunteers. PLoS One. 2014 Nov 5;9(11):e111265. doi: 10.1371/journal.pone.0111265.
  2. Tobias et al. Association of Body Weight With Response to Vitamin D Supplementation and Metabolism. JAMA Network Open. 2023.

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