Selon une nouvelle hypothèse et une nouvelle étude, la « faim pour les protéines » entraîne une surconsommation d’aliments ultra-transformés et la prise insidieuse de poids.

Près d'un adulte sur deux est en surpoids ou obèse en France. Si la prévalence du surpoids évolue peu, celle de l'obésité continue de progresser. État des lieux de l'obésité, son évolution depuis 40 ans, les populations touchées, les facteurs de risque et solutions.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’obésité et le surpoids se définissent par « une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé ». Cette accumulation se manifeste par une augmentation de la taille et de la quantité de cellules graisseuses (adipocytes) dans le corps.
L'obésité est une maladie grave qui conduit à une inflammation chronique et peut entraîner des complications telles que le syndrome métabolique, l'hypertension artérielle, l'athérosclérose, les maladies cardiovasculaires et rénales, le diabète de type 2, certains cancers et l’apnée du sommeil. L'obésité rend plus vulnérable aux infections respiratoires et à leurs complications, qu'il s'agisse de la grippe saisonnière ou de la Covid-19.
Le traitement dépend de la cause et de la gravité de votre état et de la présence de complications. Les solutions passent par des changements de mode de vie (alimentation, activité physique, sommeil, gestion du stress), des traitements amaigrissants, et dans certains cas la chirurgie.
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La corpulence d’un adulte est généralement approchée de trois manières : par l’indice de masse corporelle (IMC), le tour de taille ou le ratio tour de taille sur tour de hanches.
L’indice de masse corporelle (IMC) correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m2. L’IMC permet de mesurer la prévalence du surpoids et de l’obésité à l’échelle d’une population.
Chez l’adulte, l’OMS définit le surpoids et l’obésité ainsi :
Pour les enfants, il faut tenir compte de l’âge.
L’IMC reste une mesure imparfaite à l’échelle individuelle car le poids seul ne rend pas compte du degré d’adiposité d’une personne. Par exemple, un culturiste peut avoir l’IMC d’une personne obèse, sans être le moins du monde gras, tout simplement du fait de sa masse musculaire.
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Pour cette raison, on mesure fréquemment le tour de taille. Celui-ci rend compte de l’obésité abdominale, qui est un facteur de risques de maladies cardiovasculaires, diabète et décès.
Selon l’American Heart Association, l’obésité correspond à un tour de taille supérieur à 88 cm chez les femmes et 102 cm chez les hommes. Mais la Fédération internationale du diabète a retenu les seuils de 80 cm chez les femmes et 90 chez les hommes.
Une autre mesure proche de celle du tour de taille est le rapport entre tour de taille et hanches. Pour l’OMS, l’obésité commence lorsque le rapport taille/hanches est supérieur à 0,85 pour une femme et à 0,90 pour un homme.
L’OMS estime que le nombre de cas d’obésité a presque triplé depuis 1975. En 2016, plus de 1,9 milliard d’adultes étaient en surpoids, soit 39 % de la population mondiale. Sur ce total, plus de 650 millions (13 % de la population adulte) étaient obèses.
En 2016, plus de 340 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 19 ans étaient en surpoids ou obèses. C’était aussi le cas, en 2019, de 38 millions d’enfants de moins de 5 ans.
En France, la prévalence du surpoids et de l’obésité a été estimée tous les trois ans entre 1997 et 2012 grâce à des enquêtes menées sur un échantillon représentatif de la population adulte : les études Obepi-Roche, réalisées par l’institut de sondage Kantar-Sofres sous la tutelle de l’Inserm et de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et financées par la société pharmaceutique Roche. Si les premières enquêtes montraient une forte augmentation de la prévalence de l’obésité, la dernière édition indiquait un possible aplatissement de la courbe : la prévalence de l’obésité s’établissait à 15,0 % en 2012 contre 14,5 % en 2009.
Où en sommes-nous dix ans plus tard ? Au début de l'année 2023, une étude coordonnée par l’Inserm et le CHU de Montpellier montre que 47,3 % des adultes sont touchés par le surpoids ou l’obésité en France. Ces résultats s’appuient sur des sondages réalisés en ligne par l’institut Odoxa en septembre-octobre 2020, sur 10 000 personnes.
Dans le détail, 30,3 % des Français étaient en surpoids, un taux en recul de 2 points, alors que la part des obèses n'a cessé d'augmenter. L’obésité (IMC supérieur ou égal à 30) concernait en effet en 2020 en France 8,567 millions de personnes âgées de 18 ans et plus, soit 17 % de la population française adulte. L’obésité sévère (IMC supérieur ou égal à 40) touchait, elle, plus d’un million de Français soit 2 % de la population adulte, en augmentation par rapport à 2012 où elle s’établissait à 1,2 %.
Le point inquiétant dans cette nouvelle étude concerne donc l’augmentation de l’obésité : depuis 1997, la prévalence du surpoids fluctue toujours autour de 30 %, tandis que la prévalence de l’obésité continue d’augmenter, passant de 8,5 % en 1997 à 15 % en 2012 et 17 % en 2020. Cette augmentation est encore plus marquée chez les jeunes et pour l’obésité morbide. La prévalence des personnes obèses a donc augmenté de 2 points depuis l’enquête ObÉpi de 2012, ce qui représente une hausse de 13 %, et surtout, elle a doublé en 24 ans (depuis 1997).
Selon l’enquête de la Ligue contre l’obésité, l’IMC moyen était en 2020 en France de 25,5, en légère hausse par rapport à 2012 où il était de 25,4.
Prévalence de l’obésité en France en pourcentage des plus de 18 ans
Insee 1980 |
6,1 |
Insee 1991 |
6,5 |
ObÉpi 1997 |
8,5 |
ObÉpi 2000 |
10,1 |
ObÉpi 2003 |
11,3 |
ObÉpi 2006 |
12,4 |
ObÉpi 2009 |
14,5 |
ObÉpi 2012 |
15,0 |
Ligue contre l'obésité 2020 |
17,0 |
Les femmes sont plus affectées que les hommes : 17,4 % de femmes obèses contre 16,7 % d’hommes. Mais c’est chez les hommes que l’obésité a le plus progressé ; l’obésité sévère y a été multipliée par 3 en 8 ans. Hormis l’Ile-de-France, l’obésité touche plus les habitants du Nord de la Loire que ceux qui vivent au sud.
La proportion de personnes obèses augmente avec l’âge : 9,2 % d’individus obèses entre 18 et 24 ans, mais 19,9 % à 65 ans et plus. Par ailleurs, il existe un gradient d’obésité (retrouvé dans d’autres pays) selon les catégories socio-professionnelles. En effet, l’obésité touche en 2020 :
Selon l’enquête de 2020, 34 % des enfants de 2 à 7 ans sont en surpoids ou obèses, l’obésité affectant 18 % des enfants de cette classe d’âge. La prévalence de l’obésité est plus faible en grandissant, puisque 21 % des enfants de 8 à 17 ans sont en surpoids ou obèses, dont 6 % obèses.
Parmi les 8-17 ans en surpoids ou obèses, les auteurs de l’étude notent une sur-représentation des enfants de parents eux-mêmes en situation de surpoids ou d’obésité, de même qu’une sur-représentation des catégories populaires et des chômeurs et inactifs.
Plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle dans la prise de poids. Certains de ces facteurs sont abordés brièvement ci-dessous.
On peut grossir lorsqu'on avale plus de calories qu’on n’en brûle, que ce soit au repos (thermogenèse) ou en faisant de l'exercice. Ce déséquilibre est considéré comme le principal contributeur à la prise de poids.
Des études ont également mis en évidence la qualité de l’alimentation, les personnes consommant plus d’aliments ultra-transformés étant plus susceptibles que les autres de grossir. Un rapport du Sénat paru en juin 2022 insiste sur l'effet nocif des aliments ultra-transformés (AUT) dans la population française. En effet, les Français passent de moins en moins de temps à cuisiner et se tournent plus volontiers vers les produits ultra-transformés. Résultat : 36 % des calories ingérées par les adultes et 46 % de celles ingérées par les enfants proviendraient d’aliments ultra-transformés. Or "Les AUT, en moyenne plus denses énergétiquement, contenant des additifs nocifs et agissant sur la biodisponibilité des nutriments et la vitesse de prise alimentaire, sont fortement soupçonnés d’entraîner des risques plus élevés de surpoids et d’obésité, mais aussi d’autres pathologies chroniques."
Les aliments ultra-transformés sont fortement soupçonnés d'entraîner des risques plus élevés de surpoids et d'obésité
D’autres études ont conclu que la consommation de boissons sucrées est associée au surpoids et à l’obésité.
Plusieurs régimes alimentaires ont montré à des degrés divers, dans des études, un effet sur l’indice de masse corporelle et/ou le tour de taille. Certaines de ces études étaient de courte durée, ou portaient sur un nombre réduit de participants. Certains de ces régimes ont des contre-indications. Parmi ces régimes figurent :
Le régime méditerranéen est celui pour lequel on dispose de plus de preuves. Le régime à IG/CG bas a donné de manière consistante des résultats favorables chez l'adulte et les plus jeunes. Le régime cétogène est recommandé par l'Association européenne pour l'étude de l'obésité (EASO). Le jeûne intermittent aurait des effets proches de la restriction calorique (régime hypocaloriques) sur la perte de poids. Le régime paléo peut réduire la masse grasse, comme le montre un essai clinique ayant duré deux ans, mais il souffre d'un nombre encore réduit d'études.
Le moment où l’on s’alimente pourrait avoir une influence sur la corpulence, avec un risque de prise de poids lorsqu’on dîne plus tard.
La pratique de l'activité physique est un des leviers qui permet de lutter contre l'obésité infantile. Chez l'adulte, l'association d'exercice aérobie et de musculation donne de meilleurs résultats que lorsque ces exercices sont pratiqués seuls. Les fractionnés (high intensity interval training ou HIIT) permettent une réduction du poids chez l'enfant et l'adulte. Or, d'après l'Anses, seulement 5 % des adultes en France ont une activité physique suffisante pour protéger leur santé, la sédentarité étant beaucoup trop répandue : " plus d’un tiers des adultes cumulent un niveau de sédentarité élevé et une activité physique insuffisante."
Notre environnement a une influence sur notre capacité à maintenir notre poids :
Le rôle sur la prise de poids de certains polluants comme le bisphénol A, mais aussi de polluants aériens a été mis en évidence et continue de faire l'objet de recherches.
La génétique peut jouer un rôle dans l'obésité. Les gènes peuvent conduire à l'obésité dans des troubles tels que le syndrome de Prader-Willi, une maladie génétique rare.
Les gènes peuvent également favoriser la susceptibilité à la prise de poids.
Certains troubles hormonaux peuvent entraîner un surpoids et une obésité : hypothyroïdie, syndrome de Cushing, syndrome des ovaires polykystiques.
La prise de certains médicaments peut également entraîner une prise de poids. C’est le cas entre autres de corticostéroïdes, antidépresseurs et médicaments antiépileptiques.
Le stress a été lié à la prise de poids. Certaines personnes s’alimentent plus en cas de stress, ou lorsqu’elles sont émotionnellement perturbées (colère, contrariété).
Des études ont également montré que le manque de sommeil, l’excès de sommeil, ou un sommeil de mauvaise qualité, peuvent contribuer au surpoids et à l’obésité. Cela s'explique en partie par le fait que les hormones libérées pendant le sommeil contrôlent l'appétit et l'utilisation de l'énergie par le corps, ou encore le fait que l'on a tendance à s'alimenter plus lorsqu'on s'endort tard.
Dans le rapport du Sénat daté du 29 juin 2022, plusieurs pistes sont évoquées pour lutter contre l'obésité en France, telles que :
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