Insuffisance rénale : la piste du microbiote

Par Julien Hernandez - Journaliste scientifique Publié le 17/06/2019 Mis à jour le 18/06/2019
Actualité

En modulant l’inflammation et la sécrétion de certaines toxines, le microbiote pourrait protéger ou au contraire favoriser le développement des maladies rénales chroniques.

Pourquoi c’est important

Les reins ont pour rôle d’éliminer des déchets du sang comme l’urée, mais parfois ils deviennent moins efficaces. Le lien entre alimentation et insuffisance rénale est désormais bien connu, une alimentation acidifiante étant soupçonnée par exemple de favoriser la maladie chez les personnes plus âgées.  Pour évoquer le lien entre alimentation et santé des reins, une autre piste est avancée : le rôle potentiel du microbiote intestinal. Récemment, des chercheurs ont réalisé une revue des connaissances actuelles entre microbiote et insuffisance rénale chronique ; voici ce qu'on peut en dire.

Ce que dit la science

Deux mécanismes potentiels sont à la base des recherches en cours : 

  • Une alimentation pauvre en fibres entraînerait une diminution des bactéries capables de digérer les sucres. Ces bactéries sont aussi responsables de la production d’acides gras à courte chaîne dans l'intestin. Ces acides gras sont importants pour réguler l'inflammation et pour le système immunitaire. Ces deux fonctions peuvent donc être altérées par la baisse du nombre de bactéries capables de digérer les sucres.
  • De l’autre côté, une alimentation riche en protéines mais aussi des protéines mal digérées/absorbées auraient tendance à augmenter le taux de protéines au sein du microbiote, ce qui favorise l'essor des  bactéries capables de digérer les protéines. Ce qui se traduirait en une augmentation de la production des déchets azotés et des toxines dites urémiques (celles-là mêmes que le rein est chargé de traiter, ce qui lui donne un surcroît de travail).
  • Le déclin de la diversité bactérienne intestinale en général est également une piste envisagée.

Du côté des études d’intervention afin de moduler le microbiote, seule l’utilisation de symbiotiques (association prébiotiques + probiotiques) serait efficace pour induire des modifications protectrices pour le rein dans le microbiote.

Lire : Le nouveau guide des probiotiques, de Daniel Sincholle

Il faudra cependant attendre d’autres études pour mieux identifier l'implication du microbiote intestinal tout au long du développement des maladies rénales chroniques et disposer de plus d'essais cliniques pour mettre au point d'éventuels nouveaux traitemetns.

En pratique

Pour prévenir les affections rénales chroniques, en première intention, surveillez votre poids, évitez le tabac, la prise de certains médicaments à dose élevée ou prolongée (anti-inflammatoires non stéroïdiens, certains antibiotiques) et adoptez une alimentation équilibrée. Prenez soin de votre microbiote en ingérant suffisamment de fibres (qu'on trouve dans les légumes, les fruits, les céréales complètes, les légumes secs et les oléagineux principalement) et un apport raisonnable en protéines (par exemple de 0,8 à 1,6 g par kilo de poids de corps selon votre activité physique).

Si vous souffrez de maladies rénales chroniques vous pouvez parler de ces résultats à votre équipe soignante et plus particulièrement à votre diététicien(ne) pour voir s’il peut être bénéfique de modifier votre régime alimentaire ou de vous supplémenter. 

A lire : Insuffisance rénale : les bons choix alimentaires

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