Lyme : un traitement même en cas de test négatif ?

Par Julien Hernandez - Journaliste scientifique Publié le 21/06/2018 Mis à jour le 22/06/2018
Actualité

Alors qu’il y a de plus en plus de cas de maladie de Lyme en France, les autorités de santé changent enfin leurs recommandations concernant la prise en charge des patients. Mais cette avancée reste controversée.

L’été signe le retour des tiques… et celui des rapports sur les maladies à tiques. Selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire, l’année 2016 a connu une recrudescence des cas de maladies de Lyme en France, en particulier dans le centre et dans l’Est ; en 5 ans, la prévalence de la maladie a doublé (1). Mais, bonne nouvelle, dans le même temps, la Haute autorité de santé s’est enfin décidée à autoriser le traitement de la maladie de Lyme même quand les tests de dépistage sont négatifs.

Pourquoi c’est important

Un des problèmes auxquels les malades de Lyme doivent faire face est la fiabilité des tests de diagnostic. Actuellement, bien que les tests reviennent négatifs, signant l’absence de maladies, de nombreuses personnes souffrent néanmoins de la forme chronique de la maladie de Lyme. C’est pour pallier ce problème que dans son nouveau rapport sur la borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques, la HAS affirme que les patients symptomatiques pourront être traités, sans prendre en compte nécessairement le résultat des tests sérologiques. 

Lire aussi : Viviane Schaller : "les tests sanguins pour la maladie de Lyme ne sont pas fiables"

La création d’un nouveau syndrome

A cette fin, la HAS vient de « créer » ce qu’elle nomme la symptomatologie/ le syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique (ou SPPT). 

Cette appellation regroupe différents signes caractéristiques de la maladie de Lyme : la piqûre de tique possible avec ou sans antécédents d’érythème migrant et la triade clinique (douleurs musculosquelettiques et/ou neuropathiques et/ou maux de tête, fatigue physique persistante et plaintes cognitives) depuis plus de 6 mois. Selon la HAS la présence de ce syndrome doit mener à l’examen clinique minutieux et aux soins adaptés. 

Néanmoins, avant d’amorcer un traitement, le praticien de santé devra s’assurer d’avoir envisagé et éliminé toutes les autres pathologies possibles.

Vers une meilleure prise en charge ?

Pour la prise en charge des patients souffrant de SPPT, la HAS propose : 

  • La création de centres hospitaliers régionaux spécialisés dans les maladies vectorielles à tiques afin de mettre fin à la souffrance des patients, à l’errance médicale et permettre la supervision des traitements.
  • La mise en place des consultations renforcées (en ville comme à l’hôpital).
  • Une prise en charge en hôpital de jour ou de semaine.

Concernant les traitements « curatifs », ils sont toujours basés sur des thérapies antibiotiques classiques.

Lire aussi : guérir de Lyme : au-delà des traitements antibiotiques (abonnés)

Cependant, la HAS insiste sur l’importance de la prise en charge psychique à l’aide de bilans neuropsychologiques et/ou psychiatriques et la prise en charge sociale avec des plans d’accompagnements personnalisés, des aides et une prise en charge d’affection de longue durée. 

Pourtant, ce texte ne semble pas faire consensus dans la communauté scientifique. La société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) a fait valoir son désaccord avec l’introduction des SPPT dans un communiqué de presse la veille de la publication des documents de la HAS.

La fédération française des maladies vectorielles à tiques, quant à elle, souligne l’avancée que représente la reconnaissance du SPPT.

Pour un aperçu de la controverse en vidéo : Maladie de Lyme : un problème de santé publique (mediapart)

Références : 

(1) Alexandra Septfons & al : Borréliose de Lyme : estimation de l’incidence hospitalière en France de 2005 à 2016. Santé publique France, 2018.

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