Mélanome : la consommation de poisson augmente-t-elle le risque ?

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 25/07/2022 Mis à jour le 26/07/2022
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Une nouvelle étude suggère qu'une consommation élevée de poisson augmente le risque de mélanome, mais les experts émettent des réserves.

Le mélanome, un cancer de la peau

Le mélanome est une pathologie qui se développe à partir de cellules particulières de la peau : les mélanocytes. Au départ, une cellule se multiplie de manière anarchique et forme une tumeur maligne.

D'après l'institut national du cancer, le mélanome représente 4 % des cancers, avec 15 000 cas relevés en France en 2018. Son incidence est en hausse, avec une augmentation de 4 % chez l'homme et de 2,7 % chez la femme au cours des 30 dernières années.

Lire : Le cancer de la peau, en nette augmentation

Cancer de la peau et consommation de poisson

En juin 2022, des chercheurs de l'université Brown ont publié dans la revue Cancer Causes & Control une étude qui a analysé les données de 491 367 adultes sur une quinzaine d'années. Les participants ont été recrutés en 1995 et 1996 dans le cadre de la NIH-AARP Diet and Health Study. Au cours de la période d'étude, 5 034 personnes (1 %) ont développé un mélanome malin, et 3 284 un mélanome de stade 0, c'est-à-dire au stade le plus précoce, aussi appelé "mélanome in situ".

Lire l'interview de Laurent Schwartz : Cancer, l'espoir du traitement métabolique

Les résultats suggèrent que la consommation de poisson, de thon et de poissons non-frits, augmente le risque de mélanome malin. Plus précisément :

  • par rapport à ceux qui mangent 3,2 grammes de poisson par jour, ceux qui en mangent 42,8 grammes par jour augmentent de 22 % leur risque de mélanome malin ;
  • par rapport à ceux dont la consommation quotidienne médiane de thon est de 0,3 gramme, ceux qui en mangent 14,2 grammes augmentent de 20 % leur risque de mélanome malin et de 17 % celui de mélanome de stade 0 ;
  • par rapport à une consommation médiane de 0,3 gramme de poisson non frit par jour, une consommation médiane de 17,8 grammes de poisson non frit par jour augmente de 18 % le risque de mélanome malin et de 25 % celui du mélanome de stade 0.

Cependant, les résultats ne tenaient pas compte de certains facteurs de risque, comme le nombre de grains de beauté, la couleur des cheveux et les antécédents de coups de soleil graves. De plus, comme il s'agit d'une étude d'observation, elle ne permet pas de tirer des conclusions sur une relation de cause à effet entre la consommation de poisson et le risque de mélanome.

Dans un communiqué de l'université, Eunyong Cho, une des auteurs de cette recherche, a expliqué que "Cette étude est importante car elle est très vaste et prospective par sa conception, ce qui signifie que la consommation de poisson a été évaluée avant le développement du cancer."

Pour autant, les chercheurs ne recommandent pas de changer sa consommation de poisson en vue de se protéger du mélanome. C'est aussi l'avis de Jeffrey Weber, oncologue et co-directeur du Melanoma Research Program à New York. Pour lui, l'augmentation du risque était assez faible, seulement de l'ordre de 20 % entre une faible consommation et une forte consommation de poisson. Il s'étonne aussi de certains résultats surprenants : "Par exemple, pourquoi y aurait-il une augmentation du risque observée pour la consommation de thon et de poisson mais pas pour le poisson frit ?"

La question du mercure et des contaminants

Pour les auteurs de cette étude, la présence de contaminants dans le poisson, comme le mercure, pourrait expliquer cette relation entre mélanome et consommation de poisson. En effet, Eunyoung Cho a travaillé précédemment sur le lien entre le mercure et le cancer de la peau. La consommation de mercure provient principalement du poisson. "Donc, si le mercure est lié au cancer de la peau, il va de soi que la consommation de poisson peut également être liée."

Si le mercure est lié au cancer de la peau, il va de soi que la consommation de poisson peut également être liée

D'autres biocontaminants pourraient jouer un rôle : "Nous supposons que nos découvertes pourraient éventuellement être attribuées à des contaminants dans les poissons, tels que les biphényles polychlorés, les dioxines, l'arsenic et le mercure." En effet, d'autres recherches ont montré qu'une consommation élevée de poisson est associée à des niveaux plus élevés de ces contaminants dans le corps. Or il existe des associations entre ces contaminants et un risque plus important de cancer de la peau. Malheureusement, dans cette nouvelle étude, les chercheurs n'ont pas mesuré les concentrations de contaminants dans le corps des participants. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour confirmer cette relation.

En pratique

Le poisson représente une source intéressante de protéines, vitamines (A, D, E, B1, B3), minéraux (sélénium, zinc, magnésium, calcium), mais aussi d'acides gras oméga-3. Le mercure se retrouve surtout dans les poissons qui se situent au sommet de la chaîne alimentaire, comme le thon, ou qui présentent une croissance lente, comme le flétan.

Pour en savoir plus, lire : Mercure : les poissons les moins contaminés, ceux qui le sont le plus

D'après les experts, la meilleure façon de réduire son risque de cancer de la peau est de limiter son exposition au Soleil et d'éviter les cabines de bronzage aux UV. De plus, un minimum de vitamine D est nécessaire pour se protéger du risque de cancer.

Des livres pour aller plus loin : Cancer : un traitement simple et non-toxique, Vitamine D mode d'emploi et Santé, mensonges et (toujours) propagande

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