Dans Affamer le cancer, Jane McLelland préconise une approche multidimensionnelle du cancer, qui doit être attaqué non seulement avec les traitements classiques, mais aussi des médicaments courants, "repositionnés". Explications.
Les médecins prescrivent plus de médicaments anticancer de certains laboratoires quand ils ont bénéficié d’avantages financiers de ces mêmes laboratoires.
Les médecins qui ont bénéficié des largesses des laboratoires pharmaceutiques sous forme de repas, conférences et voyages sont plus susceptibles de prescrire les médicaments de ces sociétés pour deux types de cancer, selon une étude menée par le Centre de cancérologie de l'Université de Caroline du Nord.
L'étude a été publiée dans le JAMA Internal Medicine.
"La principale conclusion est que les oncologues qui ont reçu de l'argent d'une société pharmaceutique étaient plus susceptibles de prescrire le médicament de cette société l'année suivante", déclare le Dr Aaron Mitchell, auteur principal (Université de caroline du Nord).
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Pour l'étude, les chercheurs ont analysé les prescriptions dans deux cancers pour lesquels existent plusieurs options de traitement : le cancer des cellules rénales métastatiques (cancer du rein), et la leucémie myéloïde chronique, un cancer du sang.
Par rapport aux médecins qui n'ont reçu aucun paiement, ceux qui ont bénéficié de paiements en nature d'un fabricant de médicaments avaient plus de chances de prescrire le médicament de cette société dans ces deux cancers. Pour le cancer des cellules rénales métastatiques, les médecins ayant reçu un paiement général en 2013 étaient deux fois plus enclins à prescrire le médicament du laboratoire, et pour la leucémie myéloïde chronique, la probabilité de prescrire le médicament était 29% plus élevée.
Les chercheurs n'ont pas trouvé de lien pour les médecins qui ont reçu des paiements de sociétés pharmaceutiques à des fins de recherche.
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Une analyse des données par type de médicament a révélé une diminution statistiquement significative de la prescription d’imatinib, un médicament de Novartis contre la leucémie, lorsque les médecins avaient reçu de l’argent de ce fabricant. Le même fabricant propose un autre traitement, le nilotinib. Comme l'imatinib était sur le point de devenir générique, les auteurs ont interprété ce constat comme le signe que les paiements effectués par le laboratoire visaient à « orienter » les ordonnances des médecins du médicament plus ancien imatinib au nouveau médicament nilotinib.
Ce type d’étude d’observation ne permet cependant pas de tirer une conclusion de cause à effet.