Grossesse : les phtalates augmentent le risque d'avoir un enfant asthmatique

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 04/05/2017 Mis à jour le 09/05/2017
Article
Une exposition in utero aux phtalates augmente le risque d’asthme allergique chez les enfants à naître en raison de modifications épigénétiques. Nos recommandations.

Une nouvelle étude parue dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology montre qu’une exposition importante aux phtalates pendant la grossesse mais aussi durant l’allaitement augmente considérablement le risque d’asthme allergique chez l’enfant. En travaillant à la fois sur une population mère-enfant et sur des modèles animaux, les chercheurs expliquent par quel mécanisme l’exposition aux phtalates augmente le risque d’asthme.

Il est connu que les phtalates affectent notre système hormonal et peuvent donc avoir un effet néfaste sur l’organisme et la fertilité. Mais les résultats de cette nouvelle étude démontrent que les phtalates interfèrent également avec le système immunitaire et peuvent augmenter considérablement le risque de développer des allergies.

Dans un premier temps, les chercheurs ont analysé des échantillons d’urine de 629 femmes enceintes pour doser un métabolite du butyl benzyl phtalate (BBP). Ils ont trouvé une relation étroite entre des concentrations élevées de ce métabolite dans les urines des femmes et la présence d’asthme allergique chez leurs enfants.

Dans un deuxième temps, ces résultats ont été confirmés par des travaux sur des souris qui ont été exposées -pendant la gestation et l’allaitement- à des doses de phtalates suffisantes pour obtenir des concentrations dans les urines équivalentes à celles observées précédemment chez les femmes. La descendance des souris présentait une nette tendance à l’asthme allergique et même la troisième génération était affectée. Par contre, les chercheurs n’ont pas observé d’augmentation de symptômes allergiques chez les souris adultes. Cela montre que la période d’exposition aux phtalates joue un rôle déterminant sur les effets pour la santé : si l'organisme est exposé aux phtalates pendant les premiers stades de développement, cela peut avoir des effets sur le risque de maladie pour les deux générations suivantes.

Comment les phtatales affectent-ils l’organisme des jeunes souris ?

Les chercheurs ont mis en évidence que des modifications épigénétiques sont à l’origine de l’augmentation d’asthme allergique chez les jeunes souris dont les mères ont été exposées aux phtalates. En effet, ils ont trouvé que les phtalates provoquent une hyperméthylation de l’ADN, modifiant l’expression des gènes concernés. En traitant les souris pour contrer l’effet des groupes méthyle présents, les chercheurs ont permis de réduire les signes d’asthme allergique.

Il apparait que ces gènes qui ne peuvent pas être lus parce qu’ils sont « bloqués » par un groupe méthyle, sont des gènes dits « répresseurs ». En situation normale, ces gènes inhibent des cellules (lymphocytes T auxiliaires) qui favorisent le développement des allergies. Une inhibition insuffisante conduira donc à un risque accru d’asthme allergique.

Les mêmes résultats chez l’homme

Les chercheurs ont ensuite cherché ce gène répresseur chez les enfants souffrant d’asthme allergique pour étudier son degré de méthylation. Ils ont également trouvé que ce gène répresseur était « éteint » par une hyperméthylation. Ici aussi, les chercheurs ont pu démontrer que des modifications épigénétiques sont responsables du fait que les enfants de mères ayant une forte exposition aux phtalates pendant la grossesse et l'allaitement ont un risque accru de développer un asthme allergique.

Comment diminuer l’exposition aux phtalates ?

Aujourd’hui, il est quasiment impossible d’éviter totalement l’exposition aux phtalates. Les phtalates sont des produits chimiques utilisés pour rendre les matières plastiques plus souples mais on les trouve également dans des produits cosmétiques tels que déodorants, parfums, lotions…les phtalates peuvent entrer dans le corps par ingestion, inhalation ou à travers la peau.

Mais les femmes enceintes peuvent toutefois limiter leur exposition : pas de contenants en plastique pour réchauffer ou cuire les aliments, bien lire la composition des cosmétiques du commerce, des vernis à ongles, éviter les parfums, ne pas parfumer l’intérieur de sa maison avec des désodorisants et ne pas utiliser les plastiques recyclables identifiés par les numéros 3, 6 ou 7 (PVC, Polystyrène et autres plastiques type polycarbonate).

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