Cancer : plus le système immunitaire résiste, plus on vit longtemps

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 03/07/2019 Mis à jour le 03/07/2019
Actualité

Un cancer n'évolue pas inexorablement vers une issue fatale. Le degré de résistance du système immunitaire joue un rôle majeur. 

Pourquoi c'est important

La gravité des cancers est aujourd’hui estimée par le degré d’extension du cancer au sein de l’organe atteint et par la présence de métastase. Mais l’agressivité de la tumeur n’est pas le seul facteur pour rendre compte de la dangerosité du cancer. Des chercheurs de l’Inserm et des médecins de l’AP-HP ont montré ces dernières années que le degré de résistance du système immunitaire joue un rôle très important : plus il y a de cellules immunitaires dans le tissu tumoral, plus l’espérance de vie d’un patient est grande.

Cette observation, qui pourrait expliquer pourquoi des tumeurs régressent ou restent latentes, a donné naissance à un test immunologique applicable en pratique clinique appelé « Immunoscore » qui quantifie dans la tumeur et son front d’invasion la densité en deux types de cellules immunitaires : lymphocytes T totaux (CD3+) et lymphocytes tueurs (CD8+ cytotoxiques).

L'étude

Dans une étude portant sur des patients traités pour un cancer du côlon, seuls 8% des patients avec un Immunoscore élevé présentaient une récidive à 5 ans. Ce taux de récidive augmentait de façon significative pour atteindre 19% lorsque l’Immunoscore était intermédiaire et 32% lorsque l’Immunoscore était faible.

Des travaux très récents conduits par l’équipe de Jérôme Galon (Inserm/Université de Paris/Sorbonne Université) et de Céline Mascaux (Inserm/CNRS/Centre de lutte contre le cancer/Aix-Marseille Université), indiquent que des cellules immunitaires sont activées et recrutées dès les stades extrêmement précoces du cancer du poumon, lorsque les cellules présentent simplement quelques anomalies morphologiques, des défauts de réparation de l’ADN et une plus grande capacité à se diviser. Ensuite, au stade de la dysplasie de haut grade correspondant à des anomalies morphologiques et moléculaires plus importantes, les chercheurs observent un recrutement massif de l’immunité innée et adaptative avec la présence de lymphocytes B et T spécifiques des cellules anormales et une mise en place de la réponse immunitaire mémoire. Mais cette activation s’accompagne déjà à ce stade de l’apparition de points de blocage du système immunitaire appelés checkpoints et de cytokines suppressives, des molécules destinées également à bloquer la réponse immunitaire. Cela signifie que le fonctionnement du système immunitaire est déjà altéré avant l’apparition du cancer à proprement parler.

Pour le Dr Bernard Duperray, radiologue spécialiste du cancer du sein et auteur de Dépistage du cancer du sein, la grande illusion,  « ces travaux très intéressants montrent que les perturbations dans le système immunitaire sont très précoces et que ces anomalies précèdent le cancer. De fait, ils conduisent à s’interroger sur le mécanisme et l’histoire naturelle de la maladie cancéreuse : à partir de quand est-on malade ? ». Il remarque par ailleurs que «  l’utilisation clinique d’un test, qu’il soit de dépistage ou pronostique, n'a de sens que s’il est associé à une proposition thérapeutique efficace adaptée à chacun des patients. »  « En sommes-nous là ? » s'interroge-t-il.  

En pratique

Les facteurs conduisant à un bon fonctionnement immunitaire devraient être mobilisés tout au long de la vie : alimentation et supplémentation si nécessaire (un déficit en vitamines C et D diminue l'immunité), sommeil, gestion du stress, interactions sociales, exercice, évitement des toxiques environnementaux. 

Lire aussi : Arrêtons de saboter notre immunité, de Thierry Souccar

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