Le coronavirus se transmettrait en parlant et même en respirant

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 03/04/2020 Mis à jour le 04/04/2020
Actualité

C’est la conclusion d’un rapport de l’Académie des Sciences américaine. Il justifierait le port du masque par la population générale.

Selon la chaîne américaine CNN, un panel d’experts américains a remis à la Maison Blanche le mercredi 1er avril,  sous forme de lettre, un rapport scientifique montrant que le coronavirus SARS-CV-2 peut se propager non seulement lorsqu’on éternue et qu’on tousse, mais aussi en parlant, voire en respirant. "Bien que la recherche actuelle sur les coronavirus soit limitée, les résultats des études disponibles sont compatibles avec l'aérosolisation du virus lors de la respiration normale", dit la lettre qui accompagne le rapport. Elle a été rédigée par le Dr Harvey Fineberg, président du comité de la National Academy of Sciences (NAS) sur les maladies infectieuses et ancien doyen de l’École de santé publique de Harvard.

Jusqu’ici, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) maintient que le virus ne peut pas se transmettre par voie aérienne (sous forme d’aérosols), seulement par des gouttelettes lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue. C’est l’une des raisons invoquées par l’OMS pour refuser de conseiller le port du masque à la population générale. 

La France s’abrite derrière cet avis de l’OMS, comme l’a rappelé le premier ministre Édouard Philippe le jeudi 2 avril dans l’émission consacrée par  TF1 à la maladie COVID-19. 

Les experts français comme le Pr Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital St-Antoine estiment en effet que si l’on applique les gestes barrières et qu’on respecte une distance d’un mètre à un mètre cinquante, « le risque de contamination est faible ; c’est pour ça qu’on ne préconise pas le masque en tout-venant. » C'est ce qu'elle a assuré dans la même émission du 2 avril.

Les aérosols en question

Cependant, les positions de l’OMS et de la France sont de plus en plus contestées par les scientifiques. 

La lettre de la NAS répond à une demande de Kelvin Droegemeier, le directeur du Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison Blanche.  "Cette lettre répond à votre question concernant la possibilité que le coronavirus puisse se propager par la conversation, en plus des gouttelettes induites par l'éternuement et la toux", indique le courrier de la NAS. "Les recherches actuellement disponibles soutiennent la possibilité qu’il puisse se propager via des bioaérosols générés directement par l'expiration des patients", poursuit-il.

Il est possible que ces aérosols puissent infecter une personne qui les respirerait.

La lettre de la NAS explique que des études faites dans un hôpital en Chine montrent que le virus peut rester en suspension dans l'air lorsque les médecins et les infirmières retirent l'équipement de protection, ou lorsque les sols sont nettoyés, ou lorsque le personnel se déplace.

Une étude de l'Université du Nebraska a retrouvé l’ARN du virus dans les chambres, à plus de 1,80 m des patients. Fineberg a déclaré qu'il est possible que des gouttelettes de coronavirus en aérosol puissent rester en suspension dans l'air et potentiellement infecter quelqu'un qui passe plus tard.

La durée de persistance du coronavirus dans l'air dépend de plusieurs facteurs, notamment de la quantité de virus qu'un individu infecté émet en respirant ou en parlant, ainsi que le degré d’aération. "Si vous générez un aérosol du virus dans une pièce close, il est concevable qu’une autre personne puisse inhaler le virus", dit le Dr Fineberg. "Mais en extérieur, la brise le dispersera probablement."

Le risque de contamination paraît donc très faible en plein air, sur un marché ou dans un parc par exemple. Ce n'est pas le cas dans les espaces clos comme un hypermarché ou un cinéma. 

 

Vers un consensus sur le port de masques

Après avoir analysé les données de la recherche, Harvey Fineberg a changé d’avis sur le port de masques, selon CNN. Jusqu’ici, il ne mettait pas de masques pour aller faire ses courses, mais il va désormais commencer à en porter un.
"Je ne vais pas porter de masque chirurgical, car les cliniciens en ont besoin, dit-il, mais j'ai un joli bandana de style occidental que je pourrais porter. Ou j'ai une cagoule. J'ai de très belles options."

L’Institut Robert Koch a conseillé le 2 avril à la population allemande de porter un masque en sortant de chez soi, en prenant soin de ne pas déposséder les soignants, ce qui implique de fabriquer des masques maison.
 
Découvrez stop-postillons.fr, l'initiative de médecins français pour le port généralisé du masque

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