Thierry Janssen : « C’est toute une façon d’être qu’il faut réapprendre »

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 04/12/2008 Mis à jour le 15/02/2017
Thierry Janssen est psychothérapeute spécialisé dans l’accompagnement des maladies physiques et auteur du livre La solution intérieure – Vers une nouvelle médecine du corps et de l’esprit (Editions Fayard).

Comment soignez-vous les patients qui viennent vous voir pour un mal de dos ?

C’est toute une façon d’être qu’il faut réapprendre. Ainsi, par exemple, les personnes travaillant sur ordinateur et qui ont régulièrement mal au dos devraient prendre conscience de leur mauvaise posture et, en même temps, des tensions et des stress ressentis au travail. Malheureusement beaucoup de personnes ne sont absolument pas conscientes de leur corps et encore moins de leurs émotions. C’est cette conscience de soi qu’il faudrait développer. Pour mieux respecter nos besoins essentiels, tant ceux de notre corps que ceux de notre esprit.

Quelles solutions préconisez-vous ? Quelle est l’approche la plus efficace, à votre avis contre lombalgie commune ?

Divers moyens sont disponibles pour développer une meilleure conscience de soi. En période ce crise aiguë, il y aura intérêt à relâcher les tensions musculaires qui aggravent la douleur. Respirer profondément, se faire masser, recourir à l’aide d’un ostéopathe pour favoriser la relaxation. Il est cependant important d’exclure une cause plus grave à la crise de douleurs dorsales. Un avis médical est donc souhaitable. On trouve parfois des lésions comme une métastase d’un cancer méconnu ou plus simplement des séquelles d’arthrose.

Et une fois la crise passée ?

Une fois la crise aiguë passée, il faudrait apprendre à mieux « utiliser » son corps, avec souplesse et détente, sans pousser ! Le yoga, le tai-chi ou le qi gong sont des pratiques orientales très efficaces pour aider à la prise de conscience de ses mauvaises habitudes et la correction de celles-ci. Il existe aussi des méthodes d’éducation somatique comme celle de Feldenkrais ou d’Alexander.

A quoi sert cette prise de conscience corporelle ?

Elle débouche sur une meilleure connaissance de soi au niveau émotionnel. C’est alors le moment d’entreprendre un travail sur soi : démasquer ses peurs et s’interroger sur le bien-fondé de celles-ci, comprendre les défenses que nous mettons en place et choisir de ne plus y recourir afin d’éviter de nous faire mal. Apprendre à se rassurer et à s’apaiser. Identifier ses besoins essentiels et y répondre. La douleur dorsale nous aura alors servi à mieux respecter qui nous sommes. Notre expérience nous aura fait grandir.

Des exercices à conseiller ?

Respirer ! Une respiration profonde et lente rééquilibre la balance du cerveau entre les émotions négatives (peur, angoisse, colère) et les émotions positives (confiance, joie, enthousiasme). Automatiquement le système nerveux rétablit l’harmonie entre la tension et le relâchement et toute une série de mécanismes réparateurs du corps peuvent se mettre en marche. Les Orientaux qui n’ont jamais séparé le corps de l’esprit le savent bien : en insistant sur la respiration dans le yoga, le tai-chi ou le qi gong, ils favorisent la santé du corps et de l’esprit.

Comment prévenir le mal de dos ?

L’ergonomie est importante : avoir un siège adapté, un clavier d’ordinateur et un écran à bonne hauteur. Il est important de résoudre le problème en remédiant à tous les facteurs qui le provoquent.

Pourquoi tant d’approches (phytothérapie, acupuncture, ostéopathie, chirurgie) pour un même mal ?

Les êtres humains sont divers et chacun aura plus ou moins d’affinités pour une approche ou une autre en fonction de sa culture, de son histoire personnelle ou de son environnement social. De plus, les différentes approchent disponibles n’ont pas toutes la même vocation. Les plantes utilisées en phytothérapie soignent les phénomènes inflammatoires, pas le problème de la posture. L’acupuncture permet également de réduire l’inflammation et aide au relâchement musculaire. Lorsque les vertèbres ou les disques intervertébraux sont très abîmés, il faut parfois avoir recours à la chirurgie.

Pourquoi avoir arrêté votre activité chirurgicale pour étudier les liens psycho-corporels ?

Je me sentais à l’étroit dans mon métier de chirurgien. On m’avait appris à considérer le patient comme un organe malade. La médecine que je pratiquais ne s’intéresse qu’à la maladie. Pourtant les malades sont des personnes faites de pensées, de croyances, d’émotions et de réactions physiques. Cette vision plus globale de la personne humaine manque cruellement à la médecine. On finit par oublier que la vie est faite de liens et d’interactions. C’est précisément en s’intéressant à ces liens que la médecine peut renouer avec la vie et apporter de véritables guérisons aux malades. Aujourd’hui je plaide pour que l’enseignement médical se fasse de manière horizontale, persuadé que la médecine y gagnerait beaucoup en efficacité et les patients trouveraient, enfin, le réconfort et le respect qu’ils recherchent. On sait aujourd’hui que, selon les pays, 40 à 70 % des patients consultent des praticiens non conventionnels. 75 % d’entre eux n’osent pas le dire à leur médecin conventionnel, de peur d’être ridiculisé ou décourager dans les efforts qu’ils font pour se soigner. Ce sont les patients qui montrent le chemin que devrait emprunter notre système de santé.

La solution intérieure – Vers une nouvelle médecine du corps et de l’esprit

Editions Fayard

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