Prévenir et guérir le cancer du sein

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Causes, symptômes, dépistage, alimentation, traitements alternatifs... Voici tout ce qu'il y a à savoir sur le cancer du sein ainsi que pour éviter sa récidive.

Sommaire

1
Cancer du sein : causes et symptômes
2
Cancer du sein : «le rapport bénéfice/risque de la mammographie de dépistage est défavorable»
3
Prévenir le cancer du sein
4
Cancer du sein : comment le régime méditerranéen protège
5
Cancer du sein : 4 exercices de yoga bénéfiques
6
Cancer du sein : 12 plantes prometteuses
7
Ce qu'on peut faire après un cancer du sein pour éviter les récidives
1 Cancer du sein : causes et symptômes

Quelles sont les causes connues du cancer du sein ? Quels sont les symptômes auxquels il faut être attentif ? 

Par Sarah Amiri Publié le 02/09/2019 Mis à jour le 03/09/2019

Le cancer du sein est la principale cause de décès par cancer chez les femmes. D'après le centre international de recherche sur le cancer, dans le monde environ 2,26 millions de femmes ont été diagnostiquées avec un cancer du sein en 2020, et environ 685 000 femmes sont décédées de cette maladie. Mais comment ce cancer se manifeste-t-il ?

Comment se déclare un cancer du sein ? 

Les femmes sont incitées de plus en plus à l’autopalpation des seins pour détecter une éventuelle grosseur ou anomalie. Voici les symptômes qui doivent amener à consulter un médecin ou un gynécologue :

  • apparition d’une grosseur au niveau du sein ou des aisselles (noter cependant que la plupart des bosses détectées ne sont pas cancéreuses) ;
  • modification de la taille, de la forme et de l’apparence du sein ;
  • rétractation du mamelon qui se tourne vers l’intérieur ;
  • écoulement au niveau des mamelons ;
  • épaississement, durcissement, modification de la texture ou de la pigmentation de la peau ;
  • apparition de rougeur.

À lire aussi : Cancer du sein : se faire dépister ou non ?

Comment détecter un cancer du sein ?

Lorsqu’une patiente présente des symptômes ou qu’une anomalie est décelée lors d’une mammographie de dépistage, des examens cliniques et biologiques sont réalisés afin d’établir un diagnostic. Un prélèvement au niveau de l'anomalie (biopsie) permet d'analyser les cellules des tissus. En cas de suspicion de métastatses, des examens plus poussés sont réalisés : radiographie du thorax, scintigraphie osseuse, scanner, échographie abdominale, IRM, bilan sanguin.

Le développement de la tumeur du sein

Le sein est une glande constituée de graisse et de tissu conjonctif dans lesquels on trouve des canaux excréteurs de lait qui relient les lobes aux mamelons. Chaque lobe est constitué de lobules, eux-mêmes constitués d’acini (structures de base de production du lait).

Il existe différents types de cancers du sein.

  • Les cancers du sein peuvent apparaître au niveau des lobules, on parle alors de cancer lobulaire.
  • Lorsque le cancer se développe au niveau des canaux excréteurs, on parle de cancer canalaire.

Les cancers du sein se classent en deux catégories selon leur stade d’évolution :

  • Non invasifs (ou in situ) : le plus souvent canalaire
  • Invasifs (ou infiltrants) : ce type est le plus fréquent et affecte le plus souvent les canaux excréteurs. S’il n’est pas traité à temps, les cellules cancéreuses peuvent se retrouver dans le sang et les vaisseaux lymphatiques et créer des métastases.

 

Quelles sont les femmes les plus touchées par le cancer du sein ?

Quel est la probabilité d'avoir un cancer du sein ?

Environ une femme sur huit est touchée par le cancer du sein au cours de sa vie d'après le site de l'Assurance-maladie. Les données disponibles indiquent que l'incidence du cancer du sein est en hausse depuis 1990 en France. Chez la femme, les cancers les plus fréquents sont les cancers du sein (61 214 cas en 2023), du côlon-rectum (21 370 cas), du poumon (19 339 cas), le mélanome de la peau (8 813 cas) et le cancer de l'endomètre (8 432 cas). 

Les cancers féminins
Les cancers féminins regroupent le cancer du sein et les cancers gynécologiques qui sont :
- le cancer de l'endomètre ;
- le cancer de l'ovaire (9e cancer le plus fréquent chez la femme en 2023) ;
- le cancer du col de l'utérus (12e cancer le plus fréquent chez la femme) ;
- le cancer de la vulve et du vagin (moins de 5 % des cancers fémnins d'après l'institut Curie).

D'après des chercheurs universitaires français qui ont étudié l'évolution de la fréquence du cancer ces dernières décennies (1), "Après les variations d’incidence observées au cours des années 2000-2009, en lien avec la généralisation du dépistage organisé et les modifications de prescription du traitement hormonal substitutif de la ménopause, les hausses modérées observées sur la période récente (2010-2023) pourraient représenter une tendance pérenne, liée à l’évolution des facteurs de risque dont les principaux connus sont les facteurs hormonaux et reproductifs, l’alcool, le surpoids, la sédentarité et le tabac".

Les facteurs de risque du cancer du sein

L'origine exacte d'un cancer du sein est souvent difficile à connaître. Mais des facteurs de risque reconnus existent. Nombreux, ils sont à la fois génétiques et environnementaux. 

Le sexe : le cancer du sein chez l'homme et chez la femme

Les femmes sont beaucoup plus susceptibles de développer un cancer du sein que les hommes. D'après l'OMS, environ 0,5 à 1 % des cancers du sein touchent des hommes.

Âge et cancer du sein

Le risque croît avec l’âge. D'après l'institut national du cancer, près de 80 % des cancers du sein se développent après 50 ans. L'âge médian au diagnostic est de 64 ans.

Cancer du sein, hérédité et antécédents

  • Risque génétique et antécédents familiaux de cancer du sein : il existe des prédispositions familiales au cancer du sein. Si un membre de la famille (mère, sœur ou fille) a eu un cancer du sein notamment étant jeune, le risque de cancer du sein est augmenté. La mutation de certains gènes peut être héritée des parents et augmenter le risque de cancer du sein. Des mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 augmentent le risque de cancer du sein et de l’ovaire chez la femme.
  • Antécédents personnels : le risque de cancer est augmenté si une biopsie du sein a révélé un carcinome lobulaire in situ (CLIS) ou une hyperplasie atypique du sein.

Facteurs environnementaux et polluants

Des molécules toxiques présentes dans l'environnement peuvent favoriser les cancers. Les parabens, utilisés comme conservateurs dans les cosmétiques, pourraient ainsi être dangereux pour le sein (2). Certains sont considérés comme des perturbateurs endocriniens. L'exposition à certains polluants chimiques dans un cadre professionnel augmenterait aussi le risque de cancer du sein à la ménopause (3).

Une recherche récente suggère que le lieu de vie, son niveau de pollution, influence l'incidence du cancer du sein. Cette étude réalisée en Caroline du Nord a montré que l’incidence du cancer du sein était plus élevée dans les comtés urbains que dans les comtés ruraux, en particulier aux premiers stades du diagnostic (4). Les chercheurs ont regardé les effets de l'exposition à l'environnement sur l’incidence du cancer du sein. La qualité de l’environnement peut être médiocre, en raison de l’exposition aux pesticides et aux rejets toxiques des installations industrielles, agricoles et animales. La qualité de l’environnement était exprimée par l’indice EQI (Environmental Quality Index). Dans les comtés où la qualité globale de l’environnement était mauvaise, l’incidence du cancer du sein était plus élevée de 10,82 cas pour 100 000 personnes, par rapport à ceux où elle était bonne.

Les radiations augmentent le risque de cancer si elles sont effectuées au niveau de la poitrine. Les rayonnements ionisants altèrent l'ADN. Dans les cellules, il existe des systèmes de réparation de l'ADN, mais si la réparation est incomplète ou fautive, les rayonnements ionisants peuvent favoriser le développement d’un cancer. Les personnes exposées à ces rayons sont donc potentiellement à risque (services de médecine nucléaire...).

Mode de vie

Différents facteurs liés aux modes de vie (alimentation, exercice, tabagisme actif, rythme de travail) augmentent le risque d'apparition du cancer du sein.

  • L'obésité (IMC supéieur à 30) : les femmes obèses ont plus de risque de développer un cancer du sein. L'excès de graisse corporelle et des niveaux élevés d'insuline sont tous deux associés à un risque accru de cancer du sein après la ménopause. C'est pourquoi il est important de surveiller sa prise de poids post-ménopause. La maigreur pendant la jeunesse n'est pas forcément protectrice car une étude suédoise a trouvé que les femmes ménopausées qui étaient maigres durant leur enfance ont plus de risque de développer un cancer du sein (5).
  • Consommation d’alcool et de tabac : en 2015, l’alcool aurait été responsable de 15 % des cancers du sein diagnostiqués.
  • La sédentarité : le manque d'activité physique augmente le risque de cancer du sein.
  • Travail de nuit : les femmes qui travaillent de nuit ont un risque accru de cancers du sein, de la peau et gastro-intestinal (6). Le risque de cancer du sein augmente pour trois nuits de travail par semaine (mais pas deux).
Facteurs non-modifiables Facteurs modifiables
Maladies bénignes du sein
Densité mammaire
Ménopause tardive
Âge précoce des premières menstruations
Facteurs génétiques
Tabagisme
Perturbation du rythme circadien
Expositions environnementales et professionnelles
Activité physique
Obésité
Allaitement
Parité et âge à la première grossesse
Traitements hormonaux de la ménopause

Les facteurs modifiables et non-modifiables du cancer du sein.
D'après Frikha et Chlif, Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine 2021.

Facteurs hormonaux et reproductifs qui augmentent le risque

  • Règles précoces : avant 12 ans, la survenue des règles peut accroître le risque de cancer.
  • Une ménopause tardive : les femmes qui ont leur ménopause après 50 ans présentent un risque plus élevé de cancer du sein en comparaison avec celles dont les menstruations cessent précocement (7). Ce mécanisme s'explique par production prolongée des hormones ovariennes. Inversement, une ménopause précoce pourrait donc limiter le risque de cancer du sein.
  • Grossesse tardive
  • Aucune grossesse
  • L'absence d'allaitement : les femmes qui ont allaité leur enfant et qui par la suite développent un cancer du sein ont un risque de récidive et de mortalité plus faible que celles qui n'ont jamais allaité (8).
  • Traitement hormonal de la ménopause : les thérapies comprenant de la progestérone et des œstrogènes (hormones sexuelles féminines), visant à mettre sous silence les symptômes de la ménopause, élèvent le risque de développer un cancer du sein.
  • Certains contraceptifs hormonaux : une étude britannique montre que l'utilisation de contraceptifs progestatifs est associée à une augmentation du risque de cancer du sein de 20 à 30 % (9).

Conseil d'expert : la gynécologue Bérengère Arnal-Morvan, auteure de Pilule ou pas pilule ?
Pour la Dre Bérengère Arnal-Morvan, il existe des risques à prendre des contraceptifs homonaux sur de longues périodes, pendant des décennies : "Je disais aux femmes, ne prenez pas la pilule plus de dix ans. Ce conseil ne reposait sur rien de scientifique. Dix ans depuis le premier rapport sexuel jusqu’au premier bébé, cela me paraissait raisonnable. Puis après avoir écrit sur le cancer du sein, j’ai raccourci le temps de prise à maximum cinq ans, là aussi, sans raison scientifique. Juste pour dire qu’il fallait en prendre le moins possible dans une vie de femme."

Les traitements du cancer du sein

Les traitements dépendent de nombreux paramètres : type de cancer, évolution de la tumeur, antécédents de la patiente... Ils comprennent : la chirurgie, la radiothérapie, l'hormonothérapie, la chimiothérapie et les thérapies ciblées. Parfois un seul type de traitement est nécessaire pour supprimer la tumeur. Dans d'autres cas, les traitements sont associés pour mieux combattre la maladie : par exemple, une chirurgie peut être complétée par une chimiothérapie.

Les effets secondaires des traitements sont les mêmes quel que soit l’âge de la patiente. Mais chez les plus jeunes, ils peuvent affecter le cycle menstruel et la fertilité. 

Peut-on mourir d'un cancer du sein ? Les chiffres de la mortalité

Le cancer du sein reste la principale cause de décès par cancer chez les femmes. Le taux de survie nette standardisée pour les femmes diagnostiquées entre 2010 et 2015 est de 88 % à 5 ans. 12 100 décès par cancer du sein ont été recensés en 2018 en France. Concernant les cancers du sein et de la prostate, les personnes jeunes ont une survie moins élevée que les personnes d’âge intermédiaire du fait d’une plus grande fréquence de tumeurs plus agressives.

Pour en savoir plus : Prévenir le cancer du sein (abonnés)

2 Cancer du sein : «le rapport bénéfice/risque de la mammographie de dépistage est défavorable»

Chaque année, "Octobre Rose" sensibilise les femmes au dépistage du cancer du sein. Mais ces campagnes qui visent la population générale sont-elles efficaces ? Le Dr Duperray, l’auteur de Dépistage du cancer du sein, la grande illusion explique dans cet entretien les spécificités de la mammographie,  et pourquoi, selon lui, cet examen est inutile.

Par Priscille Tremblais Publié le 27/08/2019 Mis à jour le 03/09/2019

LaNutrition.fr : Dr Duperray, qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre sur le dépistage du cancer du sein ?

Dr Duperray : Aujourd’hui, l’intérêt du dépistage de masse du cancer du sein par mammographie est largement contesté à travers le monde car les résultats attendus n’ont pas été obtenus. Depuis plus de 20 ans, de nombreuses études ont prouvé son échec. Il est important non seulement de démontrer cet échec mais surtout de comprendre ses causes et d’en tirer les conséquences, c’est ce que j’ai voulu faire dans ce livre. Je me suis consacré à l’imagerie du sein depuis plus de 40 ans en milieu hospitalier et dans le privé. Ce livre est par ailleurs le fruit d’une rencontre au début des années 2000 avec un médecin de santé publique aujourd’hui décédé, le Dr Bernard Junod dont les études épidémiologiques l’avaient conduit à conclure à l’échec du dépistage et à des effets délétères majeurs. Mon expérience de radiologue m’avait amené aux mêmes conclusions. C’est pour cela que j’avais démissionné dès 1995 de ma fonction de président du comité scientifique pour le dépistage dans l’Oise et cette critique n’a fait que se confirmer avec le temps. Ce livre a été réalisé à la demande du docteur Cécile Bour, fondatrice de l’association Cancer rose, qui milite pour une meilleure information des femmes. Elle m’a proposé, comme témoin de l’évolution de la mammographie au cours des 40 dernières années, de faire l’historique de cette controverse qui s’éternise. 

Lire : Surmédicalisation et surdiagnsotics : les dérives de la médecine moderne (abonnés)

Dans votre ouvrage, vous détaillez l’histoire du cancer du sein. Pourriez-vous nous la brosser à grands traits ?

Cette maladie connue depuis l’Antiquité siège dans un organe externe non vital accessible à la vue et au toucher. Elle a été perçue comme une maladie à évolution linéaire, à extension progressive par étapes, où petit est synonyme de diagnostic précoce et donc de curable. Ainsi on a pensé pouvoir la vaincre par ablation. Depuis 4 millénaires, la tumeur a été vue majoritairement comme un intrus dont il faut se débarrasser au plus vite. L’objectif a été de supprimer le signe assimilé à la maladie. Cette conception a atteint son point culminant à la fin du 19e siècle avec Halsted, un chirurgien nord-américain qui prétendait guérir le cancer du sein par une chirurgie très extensive. Or sa publication ne reflétait pas la réalité. La chirurgie conservatrice qui s’est imposée dans les années 1970 a obtenu les mêmes résultats. 

Cette conception de la maladie est toujours d’actualité et c’est elle qui est à l’origine du dépistage. Mais les faits montrent que la tumeur n’est pas autonome et ne résume pas la maladie. La tumeur est le produit d’interactions où la femme doit être au centre des préoccupations. L’échec du dépistage, qui n’a obtenu ni baisse de mortalité ni recul des formes avancées de cancer, est la preuve que la conception de la maladie qui lui a servi de base est erronée

Et quand la mammographie est-elle apparue ?    

Les premiers clichés mammographiques sont intervenus dans les années 1950 puis la mammographie a pris son essor dans la décennie suivante avant de devenir un examen standard dans les années 1970. Cet examen prétend trouver des cancers avant même qu’ils soient décelables à la palpation.

Quels sont les avantages théoriques de ce diagnostic précoce ?

La mammographie apportait l’espoir d’un diagnostic faisable avant même que la tumeur soit palpable, donc celui d’une guérison plus facile avec des traitements moins lourds. Dans cette perspective, j’ai vécu l’enthousiasme de contribuer à développer une imagerie qui semblait pleine de promesses. 

Mais très vite, avant même la généralisation du dépistage de masse, j’ai constaté à partir du suivi radiologique des patientes que les choses ne se déroulaient pas comme le prévoyait la conception de l’histoire naturelle de la maladie faisant référence. 

Qu’avez-vous constaté qui vous a fait douter ?

Il arrive que l’image de la tumeur se constitue rapidement, en quelques mois, quelques semaines voire quelques jours, des délais qui font qu’on rétrécit toujours plus l’intervalle entre deux examens. Nous sommes loin des 10 ans supposés nécessaires à la formation de 1 cm de tumeur. À l’opposé, des images correspondant à un cancer du sein peuvent rester stables pendant des années. Par ailleurs, chacun peut constater que petit ne signifie pas forcément diagnostic précoce et bon pronostic et qu’un diamètre tumoral de plus de 2 cm ne signifie pas forcément diagnostic tardif.

À lire aussi : Cancer du sein : se faire dépister ou non ?

La mammographie représentait-elle une avancée technique importante ?

Oui et non à la fois : si elle permettait de détecter des cancers non repérables cliniquement, elle méconnaissait parfois de gros cancers palpables. En effet c’est un examen rudimentaire, fait de clichés sans préparation de parties molles, s’appuyant sur une échelle de gris peu contrastée et montrant essentiellement des signes indirects liés à l’environnement de la tumeur. Dès qu’elle a été comparée à d’autres techniques comme l’échographie et l’IRM, ses insuffisances sont apparues clairement. 

La mammographie a d’abord été utilisée pour analyser une anomalie clinique et dans cette fonction elle était utile, d’autant plus qu’elle était la seule technique disponible. Les choses ont dérapé quand on a voulu en faire un test de dépistage. Réduite à un cliché par sein sans examen clinique, elle s’est révélée un bien médiocre test.

Comment en est-on arrivé à faire de la mammographie le test de dépistage du cancer du sein ?

Le cancer du sein étant très fréquent, il était légitime d’envisager son dépistage, puisqu’on ne connaissait pas de prévention primaire et que deux expériences randomisées, comparant la mortalité par cancer du sein de femmes dépistées par mammographie avec celle de femmes non dépistées, l’une débutée en 1963 à New York et l’autre en 1977 en Suède, étaient censées avoir prouvé l’efficacité du dépistage par mammographie en obtenant une baisse de mortalité de 30 %.

Mais il a été démontré depuis que ces deux expériences étaient biaisées. D’ailleurs, leurs résultats n’ont pas été confirmés par les expériences ultérieures malgré les améliorations techniques. 

Pourtant médias et médecins s’accordent à dire que la mortalité par cancer du sein baisse.

La baisse de mortalité observée actuellement dans le monde n’est pas liée au dépistage car elle est identique dans les populations dépistées et non dépistées. Au passage, cela veut dire qu’un diagnostic plus précoce grâce au dépistage n’a rien apporté aux femmes qui s’y sont soumises. Cette baisse n’est pas encore clairement expliquée. Les progrès thérapeutiques peuvent jouer un rôle, la désescalade de l’agressivité thérapeutique aussi, de même que d’autres causes plus indirectes, inhérentes au mode de vie.

Au total, le dépistage fait-il plus de mal que de bien ? 

S’il est inefficace (nous l’avons vu : pas de diminution de mortalité, pas de recul des formes avancées), ses effets délétères, surdiagnostic et surtraitement, sont en revanche bien présents. 

En même temps que l’installation du dépistage, il s’est produit une explosion de nouveaux cas de cancers du sein découverts chaque année. En France en 25 ans, l’incidence a été multipliée par 2,3 avec une mortalité stable. Ces cancers en excès correspondent ou bien à une épidémie ou bien à du surdiagnostic lié à l’activité de dépistage. Nous avons aujourd’hui les preuves que c’est la seconde hypothèse qui est vraie. Le surdiagnostic n’est pas une erreur de diagnostic, c’est un diagnostic histologique d’une maladie qui, si elle était restée inconnue, n’aurait jamais entraîné d’inconvénient pour la vie de la femme. Le problème, c’est qu’aujourd’hui on ne sait pas dire sur la seule histologie si le cancer diagnostiqué ainsi est surdiagnostiqué ou pas. La réalité du surdiagnostic n’est mise en lumière que par les études épidémiologiques qui comparent des populations soumises au dépistage avec d’autres qui ne le sont pas. Ces surdiagnostics entraînent des surtraitements intolérables quand on connaît le caractère potentiellement létal de certains.

De plus, le sein est un des organes les plus sensibles aux radiations ionisantes. La mammographie nécessite des clichés en basse tension particulièrement ionisants et donc susceptibles d’induire des cancers du sein. L’examen est d’autant plus dangereux que les mammographies sont répétées et que la femme est plus jeune. Autrement dit, le rapport bénéfice/risque de la mammographie de dépistage est défavorable.

Lire aussi : Cancer du sein : comment la mammographie conduit au surdiagnostic

Que doivent faire les femmes avec la mammographie ?

Il y a deux situations bien différentes à ne pas confondre. Soit il s’agit d’une femme en bonne santé qui ne demande rien et que les autorités administratives et médicales sollicitent dans le cadre d’une opération de santé publique pour faire une mammographie de dépistage. Le but est de réduire les dégâts causés par le cancer du sein dans la population. Vus les effets pervers induits, cette opération de santé publique doit se solder par un résultat clairement positif sur la mortalité et les formes avancées de cancer. Or ce n’est pas le cas pour le dépistage du cancer du sein. Ce livre souhaite donner aux femmes les informations nécessaires pour qu’elles disposent librement de leur corps et se soustraient à un empiètement institutionnel intempestif. Soit il s’agit d’une patiente qui, pour une raison ou une autre, demande à son médecin un diagnostic ou un accompagnement dans le suivi de sa maladie. La mammographie peut trouver sa place, elle est discutée en fonction de ses avantages et inconvénients clairement exposés par le praticien qui tiendra compte de l’âge, du nombre de mammographies antérieures, du risque familial éventuel et des performances de cette technique par rapport aux autres disponibles (échographie, IRM, etc.). 

De l’histoire naturelle de la maladie la seule chose qu’on puisse affirmer c’est qu’on ne la connaît pas. Et l’admettre serait un grand progrès. 

Pour aller plus loin, lire  : Dépistage du cancer du sein, la grande illusion et Mammo ou pas mammo ?

3 Prévenir le cancer du sein

Quel régime alimentaire adopter pour prévenir le cancer du sein ? Faut-il éviter le soja ? La viande rouge ? Les produits laitiers ? Dernières réponses de la recherche.

Par Pierre Lombard Publié le 09/01/2007 Mis à jour le 03/09/2019

Une femme sur huit est touchée par le cancer du sein en France. Son incidence varie du simple au triple suivant les régions géographiques (30 pour 100 000 en Asie et Afrique et 90 pour 100 000 en Europe et en Amérique du Nord). De plus, l’incidence du cancer augmente depuis une trentaine d’années dans des pays autrefois assez protégés comme le Japon.

Ces constats ne peuvent être expliqués entièrement par des différences génétiques, il existe...

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4 Cancer du sein : comment le régime méditerranéen protège

L’alimentation méditerranéenne agirait bénéfiquement sur le microbiote des glandes mammaires en favorisant l’abondance de bactéries qui inhibent la croissance tumorale.

Par Juliette Pouyat Publié le 09/10/2018 Mis à jour le 03/09/2019

Pourquoi c’est important

L’alimentation est l'un des facteurs du mode de vie qui influence le risque de cancer du sein. Un régime de type occidental avec une consommation élevée d’aliments gras et sucrés et de produits ultra-transformés augmenterait ainsi le risque de cancer du sein alors qu’un régime méditerranéen le diminue.

Par ailleurs, une étude récente a montré que les bactéries Lactobacillus étaient moins abondantes dans les tumeurs malignes du sein que dans les lésions bénignes, suggérant ainsi qu’un déséquilibre du microbiote des tissus mammaires serait un facteur possible de cancer du sein.

Il est bien établi que l’alimentation influence le microbiote intestinal. Mais l’effet du type d’alimentation sur le microbiote de tissus ou organes autres que l’intestin est moins connu. Les chercheurs ont donc voulu savoir dans quelle mesure le régime alimentaire a un impact sur le microbiote des glandes mammaires. Leurs résultats sont publiés dans la revue Cell Reports.

L’étude

Les chercheurs ont mené leur étude sur 40 singes femelles qui ont suivi soit un régime occidental, soit un régime méditerranéen pendant 31 mois. Ils ont ensuite analysé les échantillons de glandes mammaires.

Les résultats montrent que le régime alimentaire influence de manière significative le microbiote spécifique des glandes mammaires. En effet, chez les femelles singes ayant suivi le régime méditerranéen la quantité de bactéries Lactobacillus est 10 fois supérieure à celle présente chez celles au régime occidental. Les bactéries Lactobacillus seraient, d'après des études chez les animaux avec un cancer du sein, capables d’inhiber la croissance tumorale. Les échantillons de glandes mammaires des femelles ayant suivi le régime méditerranéen présentent également un niveau plus élevé de métabolites d’acide biliaire et de composés bioactifs transformés par les bactéries qui sont susceptibles d’avoir des propriétés anticancer.

Ces résultats suggèrent que l’alimentation influence non seulement le microbiote intestinal mais également les populations bactériennes en dehors du tractus intestinal, notamment au niveau des glandes mammaires. Mais pour l’instant le rôle joué par les bactéries ou les métabolites modifiés par les bactéries sur le cancer du sein n’est pas clair.

En pratique

L’alimentation méditerranéenne est caractérisée par une consommation élevée de céréales complètes, fruits et légumes, légumineuses, noix, poissons et huiles d’olive. Elle est donc riche en prébiotiques, ces fibres qui nourrissent les bonnes bactéries. 

Ces nouveaux résultats, sur des animaux dont le patrimoine génétique est très proche du nôtre, laissent penser que c’est en partie en modulant la composition bactérienne présente dans les glandes mammaires que le régime méditerranéen jouerait un rôle bénéfique. Les futures études devront dire si une intervention orale - par la prise d’un supplément de probiotiques par exemple -peut impacter la population bactérienne dans les glandes mammaires.

A lire aussi : 5 raisons d'adopter le régime méditerranéen et Je mange méditerranéen au quotidien

5 Cancer du sein : 4 exercices de yoga bénéfiques

Faire de l'exercice est conseillé pour prévenir le cancer en général et empêcher sa progression. Le yoga est une bonne activité pour le cancer du sein, et en particulier les 4 exercices que nous détaillons ici.

Par Priscille Tremblais Publié le 04/10/2017 Mis à jour le 03/09/2019

L’activité physique permet de réduire le risque de cancer mais il diminue aussi le taux de certaines hormones (insuline et estrogènes notamment) qui sont associées au développement du cancer du sein. Faire de l’exercice physique peut permettre ainsi de potentialiser les traitements ou de prévenir les récidives. Le yoga est une activité particulièrement recommandée, car il est doux pour le corps tout en étant efficace contre la fatigue, le sommeil et la qualité de vie en général selon de nombreuses études.
S’il peut être pratiqué avant, pendant et après la radiothérapie, la chimiothérapie ou l’hormonothérapie, il est toutefois bon de demander l’avis de son médecin avant de se lancer dans une nouvelle routine d’exercice, en particulier après une chirurgie.
Voici 4 exercices particulièrement adaptés en cas de cancer du sein, ou pour prévenir une récidive.

Exercice 1 : posture chat-vache

Ce mouvement renforce le bas du dos et accroît la mobilité de la colonne ainsi que la circulation du liquide cérébro-spinal. Il représente un bon moyen de retrouver une bonne mobilité du torse, du cou, et d’évacuer les tensions qui ne manquent pas de s’y accumuler.
Un tapis de yoga est le seul équipement nécessaire, mais l’exercice peut se faire directement sur le sol.

Attention, pour cette posture, attachez-vous au descriptif du mouvement pas aux photos, qui sont proches de cette posture mais sans lui correspondre complètement, et qui peuvent induire en erreur.  Elles sont plus indicatives qu'autre chose.

Position de départ : à quatre pattes, le dos droit, les pieds détendus, les épaules à l’aplomb des poignets, les hanches au-dessus des genoux.

Mouvement :

  • En inspirant profondément, recourbez les orteils, relâchez le ventre et regardez vers le haut : c’est la posture de la vache. Gardez bien vos épaules basses (il ne faut pas qu’elles remontent vers les oreilles).

  • En expirant, appuyez vos mains au sol, relâchez les orteils, arrondissez la colonne vertébrale, baissez la tête et dirigez votre regard vers le nombril qui est aspiré vers la colonne. C’est la posture du chat.

  • Répétez ce mouvement en inspirant et expirant 10 fois.

Exercice 2 : inclinaison latérale en position assise

Cet exercice fera des merveilles pour votre torse. Non seulement il permet d’étirer en douceur les muscles abdominaux en améliorant la flexibilité de la colonne vertébrale, mais il étire également les muscles intercostaux. L'allongement de ces muscles contribue à une meilleure posture, à supprimer les tensions au niveau du cou et de l'épaule et augmente l’amplitude des mouvements au niveau des côtes.

Position de départ : Assise, jambes croisées au milieu du tapis de yoga, les mains de chaque côté du corps, ouvertes vers l’extérieur, le dos droit, la tête comme tenue par un fil depuis le plafond (cela revient à s’« autograndir »).

Mouvement : Levez le bras droit vers le ciel en vous tenant toujours bien droite. En inspirant, sentez vos poumons se remplir d’air et votre colonne s’allonger. Puis en expirant, penchez le torse et le bras droit doucement vers la gauche, en cherchant toujours à vous « autograndir ». Allez aussi loin que vous pouvez sur la gauche, le bras gauche s’allongeant sur le tapis, selon la flexibilité de votre torse. Gardez bien la poitrine ouverte et la position le temps de trois respirations amples et profondes. Revenez à la position de départ et changez de côté. 
Faites l’exercice trois fois de chaque côté.

Exercice 3 : posture du poisson

Cette posture permet d’ouvrir la poitrine, d’étirer toute la région dorsale, d’améliorer la circulation sanguine notamment au niveau de la tête ainsi que la respiration, de stimuler la glande thyroïde et le drainage lymphatique dans les seins et ainsi réduire le tissu cicatriciel. Elle est aussi bénéfique pour l’humeur et la santé psychique. 
Attention : ne pas la pratiquer en période de digestion, pendant les règles ou en cas de migraine ou fragilité lombaire ou cervicale.

Position de départ : Allongée sur un tapis de yoga ou un matelas mince, à plat dos, jambes jointes, les bras posés de part et d'autre du corps, mains à plat au sol ou les placées de sorte qu'elles soient sous le corps pour un meilleur appui (conseillé souvent aux débutants).
Mouvement : 

  • Gonflez la poitrine pour ouvrir la cage thoracique, rapprochez les omoplates et les coudes, inspirez en soulevant le tronc et la tête : les coudes et les avant-bras doivent servir d'appui au corps afin de ne pas vous faire mal au dos, expirez en amenant le haut du crâne en contact avec le tapis de yoga et laissez la poitrine ouverte. 

  • Une fois à la fin du mouvement, deux choix : on maintient la position entre 30 secondes et 10 minutes en restant bien consciente de ce qui se passe (ce n’est pas l’heure de la sieste !), les jambes bien jointes et en respirant profondément ou on repart en sens inverse, en prenant bien soin de procéder avec lenteur comme à l'aller, sans rien brusquer et en respirant bien. Dans le 2e cas, recommencez l’exercice entre 2 et 5 fois. 

Exercice 4 : respiration abdominale profonde

Même s’il s’agit simplement de respirer, la respiration abdominale profonde permet de mieux utiliser son diaphragme. En renforçant le diaphragme, vous permettrez aux poumons de travailler plus facilement. C’est aussi un puissant exercice de relaxation.
Remarque : si vous êtes en pleine radiothérapie, sachez que des études montrent que pratiquer cet exercice pendant le traitement permet de protéger le cœur et les poumons des radiations.

Position de départ : Allongée sur le dos, sur un tapis de yoga ou un petit matelas, la tête sur un petit coussin si vous le souhaitez, les genoux repliés.

Mouvement : Placez les mains sur votre ventre et inspirez doucement et profondément en sentant que le ventre se gonfler peu à peu jusqu’à ce que les poumons soient pleins. Comptez le temps qu’il vous faut pour inspirer ainsi profondément. Puis expirez doucement, uniformément, en prenant le même temps que pour l’inspiration (ou même plus).
Répétez cette respiration 4 ou 5 fois, 5 à 6 fois par jour si possible.

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