Vitamine D : c’est le moment de s’en préoccuper

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 05/11/2020 Mis à jour le 06/11/2020
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La saison froide est là, l’hiver est proche. C’est la période la moins favorable, dans l’hémisphère nord, à la synthèse de vitamine D, un nutriment essentiel qui se comporte comme une hormone, avec des effets multiples sur la santé métabolique et l’immunité. De fait, c’est en hiver que les déficits sont les plus répandus. 

Le statut des Européens en vitamine D 

En Europe de l'Ouest, 27,2 à 61,4% de la population a moins de 20 ng/mL (ou 50 nmol/L) de vitamine D dans le sang. 

En France, l’agence chargée de l’alimentation (Anses) considère que « la couverture du besoin en vitamine D n’est pas atteignable compte tenu de l’offre et des habitudes de consommation observées. »

De fait, qu’il s’agisse de la France, de la Belgique, de la Suisse, ou du Canada, le diagnostic est le même : manque criant de vitamine D, en particulier d’octobre en avril. 

En France, selon une étude de 1997, les déficits en vitamine D concerneraient en hiver 75 % des citadins français, ce qui les expose à un risque plus grand de fragilité osseuse et de maladies chroniques.

Le bulletin épidémiologique de l'Institut de veille sanitaire a publié en 2012 les résultats d'une étude épidémiologique sur le statut des Français en vitamine D. Résultats : 80,1 % des adultes ont une insuffisance en vitamine D avec un taux circulant dans le sang inférieur à 30 ng/mL et 42,5% des Français sont concernés par un déficit modéré à sévère (moins de 20 ng/mL). Les personnes les plus touchées sont celles qui partent peu en vacances, en particulier en été, qui ont une peau de couleur, qui n'habitent pas dans le sud de la France et qui ont peu d'activité physique.

Dans une étude française de 2014 conduite auprès de 326 enfants, 3,1 % présentaient une carence grave en vitamine D (soit un statut inférieur ou égal à 25nmol/L) et 34,4 % présentaient une carence en vitamine D (soit un statut inférieur ou égal à 20 ng/mL). 

Pourquoi on manque de vitamine D en hiver

J’en explique la raison dans mon nouveau livre « Arrêtons de saboter notre immunité ». Pour résumer : plus de 90% des apports en vitamine D sont issus de l’exposition habituelle au soleil. Or la vitamine D n’est synthétisée que dans les conditions où la longueur d’onde du rayonnement solaire est celle des UVB, et plus particulièrement dans une plage de fréquence UVB très étroite, qui n’est pas ou peu atteinte entre octobre et mi-février au-dessus du 42ème parallèle (latitude des Pyrénées, ou de Boston, pour mes lecteurs d’Amérique du nord). 

De plus, à cette période, l’inclinaison de la Terre augmente la distance que les photons doivent parcourir dans la couche d’ozone ; ils sont donc plus facilement dispersés et absorbés avant d’atteindre la surface de la Terre. 

Il est donc très difficile de synthétiser de la vitamine D entre octobre et mars quand on vit en Europe du nord et au Canada, et les déficits sont répandus.

Comment on mesure la vitamine D dans le sang 

Dans le sérum, on mesure la vitamine D sous la forme de 25(OH)D3. On utilise pour cela des nanogrammes par millilitres (ng/mL) ou des nanomoles par litre (nmol/L). 

On passe des ng/mL aux nmol/L en multipliant les premières par 2,5. Une simple prise de sang peut vous renseigner sur votre statut. 

En France, une ordonnance n’est pas nécessaire, mais il est préférable de passer par votre médecin généraliste qui saura ensuite mettre en place un protocole pour corriger un déficit éventuel.

Le niveau optimal de vitamine D dans le sang 

Le minimum est de 20 ng/mL ou (50 nmol/L). C’est le seuil retenu par l’Académie nationale de médecine des États-Unis en 2011, mais aussi par l’agence européenne des aliments (Efsa). 
L’Endocrine Society qui réunit les médecins spécialistes des hormones estime aussi qu’on est en déficit en-deçà de 20 ng/mL, mais qu’il faut au moins 30 ng/mL (ou 75 nmol/L) de vitamine D dans le sang pour parler de niveau suffisant. 

Le moment est donc venu de vous préoccuper de votre statut en vitamine D, en particulier si vous vous êtes peu exposé(e) au soleil d’avril à septembre, si votre peau est pigmentée (la mélanine de la peau joue un rôle de filtre) et si vous avez plus de 65-70 ans, car les capacité de synthèse diminuent avec l’âge. De plus, si vous êtes en surpoids ou obèse, le risque de déficit est accru car la vitamine D a alors tendance a à être stockée dans les graisses ; elle est donc moins disponible pour exercer ses effets.

Prenez soin de vous !

Pour aller plus loin, lire : Arrêtons de saboter notre immunité

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