Cancer du sein : un médicament rend le retour à l’emploi plus difficile

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 07/01/2020 Mis à jour le 08/01/2020
Actualité

D’après une étude de l’Inserm, 21 % des femmes n’ont pas repris le travail un an après la fin d’un traitement contre leur cancer du sein. Et les chercheurs pointent du doigt la toxicité d'un médicament en particulier.

Pourquoi c’est important

En France, le cancer du sein est le cancer plus fréquent chez les femmes. En 2015, plus de 54000 nouveaux cas de cancer du sein ont été détectés et près de 12 000 personnes en sont décédées. D’après l’Institut national du cancer, la survie nette à 5 ans est estimée à 85 % et l’âge moyen au diagnostic est de 63 ans.

Lire notre dossier complet : Prévenir et guérir le cancer du sein

Un tiers des femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer du sein ont moins de 55 ans et sont donc encore éloignées de l’âge de la retraite. Mais ces femmes retrouvent-elles une vie professionnelle après un traitement réussi contre leur cancer du sein ?

Ce que montre l’étude

Cette recherche de l’Inserm, parue dans la revue Journal of Clinical Oncology, a analysé les résultats de la cohorte CANTO (CANcer TOxicities), une vaste étude prospective impliquant 26 centres de santé français. Les auteurs ont extrait les données concernant 1874 femmes de moins de 57 ans, qui travaillaient au moment du diagnostic, et dont le cancer n’a pas connu de rechute. Leur âge moyen était de 47 ans.

L’étude montre qu’une femme sur cinq n’a pas d’activité professionnelle deux ans après son diagnostic de cancer du sein, soit environ un an après l’arrêt de ses traitements. Parmi ces femmes qui ne travaillaient pas, 74 % étaient en arrêt maladie, 9 % en recherche d’emploi et 17 % dans une autre situation.

Les femmes qui travaillaient à temps partiel reprenaient également moins souvent le travail que celles à temps plein.

Pour quelles raisons ces femmes ne travaillaient-elles pas ? Trois causes prédominantes sont évoquées par les chercheurs :

  • des problèmes dépressifs,
  • un travail trop manuel et donc peu compatible avec leur santé,
  • certains traitements toxiques : les femmes traitées avec une chimiothérapie et le trastuzumab avaient deux fois plus de risques de ne pas reprendre le travail. Les effets secondaires de ces traitements pourraient influencer le retour à l’emploi.

Lire aussi : Cancer du sein : soja et choux contre les effets secondaires du traitement

Sur ce dernier point, Ines Vas-Luiz, oncologue à l’Institut Gustave Roussy, explique que « toutes choses égales par ailleurs, par exemple le même type de chirurgie ou la prise en compte des symptômes dépressifs, le fait d’avoir du trastuzumab augmente clairement le risque de ne pas retourner au travail. » Elle évoque plusieurs pistes d’explication : « Est-ce sa toxicité à long terme, même si elle est faible, la cause ? Est-ce la formulation par voie intraveineuse et son administration à l’hôpital sur une longue durée qui joue ? »

L’étude suggère donc qu’il est nécessaire d’accompagner les femmes après leur traitement  pour éviter des problèmes psychologiques qui sont des freins au retour dans la vie professionnelle.

En pratique

La dépression et l’anxiété sont fréquentes chez les femmes traitées pour un cancer du sein. Il est donc important d’être soutenue psychologiquement. L’activité physique peut être un moyen  de lutter contre les symptômes de dépression et de fatigue, tout en réduisant le risque de mortalité et de récidive du cancer. Des activités d’intensité modérée comme la marche, la natation, le yoga, peuvent être préconisées. Demandez conseil à votre médecin.

Pour aller plus loin : Cancer du sein : 4 exercices de yoga bénéfiques et Cancer du sein : comment le régime méditerranéen protège

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