Cannabidiol : une piste potentielle contre l’antibiorésistance

Par Sarah Amiri - Diététicienne et journaliste scientifique Publié le 24/06/2019 Mis à jour le 24/06/2019
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Selon une nouvelle étude, une molécule contenue dans le cannabis et le chanvre aurait le même potentiel anti-infectieux que certains antibiotiques. 
 

Pourquoi c’est important

La résistance aux antibiotiques est considérée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme l’une des plus graves menaces pesant sur la santé publique. L’utilisation massive de ces médicaments au cours du 21e siècle a permis à certaines bactéries de développer (grâce à des mutations génétiques) des mécanismes de défenses contre eux. Résultat : des infections autrefois enrayées efficacement sont difficilement traitables aujourd’hui et il arrive même parfois que les médecins ne puissent rien faire contre les bactéries multirésistantes.

L’étude

Une étude du Dr Mark Blaskovich de l’université du Queensland’s présentée à la Rencontre annuelle de la Société américaine de microbiologie semble trouver des propriétés antibiotiques prometteuses au cannibidiol, la principale substance non psychoactive du cannabis.
Le cannabidiol est connu pour ses vertus anti-inflammatoires et anxiolytiques. Les autorités de santé américaines ont approuvé son efficacité pour traiter certaines formes d’épilepsie. Mais encore peu de recherches prouvent son potentiel antibiotique.
Pour les chercheurs, la molécule aurait démontré son efficacité contre des bactéries de type Gram + comme le Staphyloccocus aureus (staphylocoque doré) responsable d’infections cutanées et ORL et le Streptococcus pneumoniae (pneumocoque) responsable d’infections respiratoires et ORL. 
Le médicament aurait maintenu son efficacité sur une longue période contre des bactéries devenues résistantes à d’autres antibiotiques tels que la vancomycine et la daptomycine. Elle aurait, en plus, la capacité d’altérer les biofilms bactériens, ces protections permettant aux bactéries de survivre dans des environnements hostiles et qui rendent l’infection plus difficile à traiter. 
La double action contre la bactérie et contre l’inflammation due à l’infection rend la molécule très intéressante, selon le Dr Blaskovich. 

En pratique

D’autres orientations thérapeutiques visent déjà à lutter contre l’antibiorésistance :
La transplantation fécale (introduction des selles d’un donneur sain dans le tube digestif d’un receveur malade) est notamment au centre des recherches. Elle est aujourd’hui recommandée pour les infections à Clostridium difficile multirécidivantes.
La phagothérapie, une ancienne technique qui revient sur le devant de la scène, éliminerait les bactéries pathogènes sans tuer les bonnes, grâce à des virus naturellement présents dans l’environnement. En effet les antibiotiques classiques présentent l’inconvénient de nuire aux bonnes bactéries de notre microbiote, nous rendant vulnérable face aux bactéries pathogènes. Ce cercle vicieux pourrait être à l’origine de la multiplication des prises d’antibiotiques.

Pour aller plus loin : Bactéries résistantes : les nouvelles alternatives aux antibiotiques (abonnés) et Infections, le traitement de la dernière chance
 

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