COVID-19 : la mélatonine, une piste préventive intéressante

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 12/11/2020 Mis à jour le 13/11/2020
Actualité

Selon une étude américaine récente, la mélatonine, une molécule naturelle, pourrait aider à lutter contre la COVID-19.

Pourquoi c’est important

Alors que nous sommes confrontés à la deuxième vague de COVID-19, les traitements spécifiques à cette nouvelle maladie manquent toujours, en préventif comme en curatif. Début novembre, plus d’1,2 million de personnes dans le monde, dont 243 000 en Europe, étaient déjà décédées des suites de l’infection au SARS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19.

Le risque de mortalité augmente pour cette maladie quand le patient souffre d’autres pathologies telles que : hypertension, diabète, asthme, maladie cardiovasculaire, rénale... D’après Santé publique France, 88 % des patients qui arrivent en réanimation présentent ce type de maladies.

Lire aussi : Pourquoi la COVID-19 affecte certaines personnes et lesquelles

Ce que montre l’étude

Pour une étude parue dans la revue PLOS Biology, des chercheurs de la clinique Cleveland ont voulu utiliser l’intelligence artificielle afin de trouver des médicaments déjà employés pour d’autres affections et qui pourraient aider à traiter la COVID-19. Ces résultats paraissent

Ils se sont servis des données des patients de leur clinique pour mettre en évidence des points communs entre la COVID-19 et d’autres pathologies. Plus précisément, ils ont cherché une proximité entre des protéines impliquées dans l’infection au coronavirus et celles apparaissant dans d’autres pathologies : cancers, maladies auto-immunes, métaboliques, cardiovasculaires, neurologiques, pulmonaires… L’idée étantd’identifier des associations entre la COVID-19 et d’autres maladies, suggérant des processus moléculaires proches (et donc des traitements similaires).

Par exemple, ils ont trouvé que des protéines associées à la détresse respiratoire et à la sepsis – deux causes de décès chez les patients COVID-19 – avaient des liens avec l’infection par le coronavirus. La sepsis est la réponse inflammatoire à l’infection. Ainsi, l’interleukine-6 (IL-6) joue un rôle dans la détresse pulmonaire associée à la COVID-19 mais aussi dans la sepsis. C’est pourquoi des antagonistes de l’IL-6 (tocilizumab et sarilumab) sont testés dans des essais cliniques contre les formes sévères de COVID-19.

Prenons un autre exemple : la diarrhée est un symptôme associé à la COVID-19 et les patients qui souffrent de formes sévères ont plus de risques de douleurs abdominales et de diarrhées. Or une protéine associée avec les maladies inflammatoires de l’intestin (HEATR3) est aussi une cible du virus SARS-CoV-2.

Finalement, en analysant ces bases de données, les chercheurs ont trouvé une proximité entre des maladies auto-immunes (maladies inflammatoires de l’intestin), pulmonaires (BPCO…) et neurologiques (dépression…) et des gènes ou protéines impliqués dans l'infection par le SARS-CoV-2. En tout, les auteurs ont identifié 34 médicaments potentiels, parmi lesquels la mélatonine apparaît comme le plus intéressant. Aussi appelée « hormone du sommeil », la mélatonine intervient dans le contrôle des cycles veille/sommeil de l’organisme. Elle est souvent utilisée comme complément alimentaire pour dormir ou pour lutter contre le décalage horaire quand on voyage.

Les chercheurs ont aussi trouvé que les patients qui prenaient de la mélatonine avaient 30 % de risques en moins d’être positifs au coronavirus (et même -52 % pour les Afro-Américains). Cependant, pour Feixong Chen, principal auteur de cette recherche, « ces résultats ne suggèrent pas que les gens devraient commencer à prendre de la mélatonine sans consulter leur médecin. »

En effet, il faudra valider ces résultats par des essais cliniques et des études d’observation. La mélatonine pourrait agir favorablement sur la tempête de cytokines, le phénomène inflammatoire qui aggrave la maladie, notamment chez les personnes plus à risque, à cause de maladies existantes.

En pratique

Jusqu'à la dose de 1 mg la mélatonine est en vente libre. Au-delà, elle est vendue uniquement sur ordonnance et nécessite une prescription de votre médecin. La mélatonine est déconseillée en cas de grossesse, d'arthrite, d'asthme ou de prise de certains médicaments comme la warfarine, les somnifères, certains antidépresseurs. Demandez conseil à un professionnel de santé avant de prendre un tel complément.

Pour bien dormir, il est conseillé de commencer par des doses faibles : 0,3 à 0,5 mg puis d’augmenter progressivement jusqu'à trouver la dose permettant de bien dormir tout en restant en forme la journée. Prenez la mélatonine de préférence le soir ou en fin d’après-midi.

Des livres pour aller plus loin : Indispensable mélatonine et Arrêtons de saboter notre immunité

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