Un régime pauvre en glucides peut prévenir et traiter le diabète

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 28/10/2022 Mis à jour le 28/10/2022
Actualité

Une étude randomisée prouve qu'un régime pauvre en glucides ou low-carb peut prévenir l'apparition d'un diabète, ou l'améliorer quand il est déclaré.

L'experte : Magali Walkowicz, diététicienne-nutritionniste, auteure de Mon journal kéto et le Régime kéto de A à Z

Diabète et pré-diabète

En France en 2020, plus de 3,5 millions de personnes sont traitées par médicament pour un diabète, soit 5,3 % de la population. Mais un nombre important de personnes, ignorant leur condition, ne sont pas suivies médicalement. "Le diabète de type 2, dit Magali Walkowicz, peut gravement affecter la qualité de vie avec des symptômes tels qu'une vision floue, des mains et des pieds engourdis et une fatigue générale et peut causer d'autres problèmes de santé graves comme les maladies cardiaques, la perte de vision et les maladies rénales."

Le prédiabète, qui se caractérise par une glycémie à jeun (taux de sucre dans le sang) comprise entre 1,10 g/l et 1,25 g/l concernerait 6% de la population soit près de 4 millions de personnes. Il peut s’accompagner de prise de poids, d’hypertension, et évolue souvent vers un diabète. 

Les régimes low-carb ou pauvres en glucides

Les régimes à faible teneur en glucides ou low-carb sont de plus en plus souvent recommandés aux diabétiques, en tous cas aux Etats-Unis. "La raison en est, dit Magali Walkowicz, qu’en mai 2019, l’Association américaine du diabète (ADA) a publié une déclaration de consensus qui recommande que les personnes atteintes de diabète se voient proposer une thérapie nutritionnelle médicale individualisée. Les régimes pauvres en glucides font partie des options qui devraient être proposées aux patients."

Il s'agit d'un changement majeur par rapport aux recommandations édictées jusqu’alors par l'ADA qui estimait que « les régimes à faible teneur en glucides (limitant les glucides totaux à moins de 130 g/jour) ne sont pas recommandés [car] ils éliminent de nombreux aliments qui sont des sources importantes d'énergie, de fibres, de vitamines, et minéraux et sont importants dans la palatabilité alimentaire. » L’ADA exprimait aussi, avant la déclaration de 2019, la crainte que les régimes low-carb soient dangereux parce que le cerveau « a besoin » de 130 grammes de glucides alimentaires par jour. Un argument repris en Europe par certains médecins qui méconnaissent les voies métaboliques du cerveau dans un contexte d’apport limité en glucides. Le nouveau rapport de l'ADA indique clairement que dans ce cas, les besoins du cerveau en glucose sont couverts par les processus métaboliques de l'organisme. Le rapport propose également des recommandations pour les personnes diagnostiquées avec un prédiabète : celles qui souhaitent arrêter la progression du prédiabète en faisant appel à un régime alimentaire à faible teneur en glucides peuvent le faire, si besoin avec le concours d’un diététicien-nutritionniste.

"Malgré tout, s’il existe aujourd'hui de nombreuses preuves de l’intérêt des régimes pauvres en glucides pour traiter, voire inverser un diabète, ce n’était pas le cas pour le prédiabète, où on manquait de données fermes", explique Magali Walkowicz. C’est pourquoi des chercheurs de l’université de Tulane (La Nouvelle-Orléans) ont mené un essai clinique randomisé chez des personnes atteintes de diabète ou de prédiabète non traitées par des médicaments.

Ce que les chercheurs ont trouvé

Leur étude, publiée dans le journal JAMA Network Open, a inclus 150 personnes âgées de 40 à 70 ans qui avaient un prédiabète non traité (hémoglobine glyquée ou HbA1C comprise entre 6 et 6,9 %). 

Les volontaires se sont vus assigner au hasard un régime pauvre en glucides, ou leur régime habituel pendant six mois.

Au cours des trois premiers mois, les personnes du groupe low carb ont mangé moins de 40 grammes de glucides par jour. Pendant les trois mois suivants, ils en ont mangé moins de 60 grammes par jour.

Les aliments pauvres en glucides comprennent les légumes, les viandes, les œufs, les fromages, les noix, et bien sûr les corps gras. Les personnes du groupe low-carb ont bénéficié de conseils alimentaires et reçu des recettes de repas pauvres en glucides. Ils ont aussi reçu des aliments de base tels que des noix, de l'huile d'olive et d'autres produits pour les aider à préparer leurs repas.

Les chercheurs ont évalué les participants 3 mois et 6 mois après le début de l’étude. 

Après 6 mois, les personnes du groupe à faible teneur en glucides ont constaté une diminution moyenne de l'hémoglobine glyquée ou HbA1c (qui rend compte du niveau de glycémie des 3 derniers mois) de 0,23%, une baisse qualifiée par les chercheurs de "modeste mais cliniquement pertinente". En revanche, chez les personnes suivant leur régime alimentaire habituel, l'HbA1c a diminué en moyenne de 0,04 point de pourcentage.

Le groupe low-carb a également perdu du poids (-5,9 kilos) et avait une glycémie à jeun plus basse (-10,3 mg/dL).

Pour Magali Walkowicz, « le message clé est qu'un régime pauvre en glucides, s'il est maintenu, est une approche utile pour prévenir et traiter le diabète de type 2. »

 

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