Infections : des probiotiques contre le staphylocoque doré?

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 24/10/2018 Mis à jour le 25/10/2018
Actualité

Une étude du NIH, l’institut de la santé des Etats-Unis, a trouvé que des souches probiotiques de Bacillus peuvent éliminer certains staphylocoques.

Les probiotiques sont des compléments alimentaires contenant des souches vivantes de "bonnes bactéries". Ils sont souvent utilisés pour le confort intestinal, pour restaurer l’équilibre du microbiote. En s’installant dans le tube digestif, les souches probiotiques peuvent "occuper la place" et éviter le développement de bactéries pathogènes.

Lisez notre dossier sur les probiotiques

Contrairement aux "bonnes" bactéries, d'autres sont de graves pathogènes. Ainsi, les staphylocoques dorés causent des milliers de morts dans le monde. Certaines de ces bactéries, comme le SARM, le staphylocoque doré résistant à la méticilline, sont résistantes aux antibiotiques. Les bactéries Staphylococcus aureus (nom scientifique du staphylocoque doré) sont présentes naturellement dans le nez et l’intestin de personnes en bonne santé, sans pour autant causer d’infections graves. Mais si la bactérie entre à l’occasion d’une coupure de la peau ou infecte une personne dont le système immunitaire est affaibli, elle peut favoriser une infection plus grave. C’est ce qui arrive lors d’infections nosocomiales à l’hôpital.

Ce que montre l’étude

Une nouvelle étude réalisée par le NIH et des chercheurs thaïlandais s’est intéressée à des souches présentes dans des compléments alimentaires commercialisés pour améliorer la digestion. Pour ces travaux, ils ont recruté 200 personnes dans une zone rurale de la Thaïlande. L’objectif était d’avoir des volontaires peu exposés à des antibiotiques ou à de la nourriture stérilisée. Les bactéries présentes dans les selles des volontaires ont été analysées. 101 échantillons présentaient des bactéries Bacillus, essentiellement des Bacillus subtilis. Cette espèce est présente dans des probiotiques du commerce.

Chez 25 personnes, des bactéries Staphylococcus aureus étaient présentes dans l’intestin et 26 en avaient dans le nez. Mais aucun des participants porteurs de Bacillus n’avait en même temps des staphylocoques dorés. Ceci suggère que la consommation de bactéries probiotiques du genre Bacillus pourrait empêcher la colonisation de l’intestin par des souches pathogènes.

Chez la souris, les chercheurs ont identifié un mécanisme permettant la croissance de Staphylococcus aureus dans l’intestin. Or toutes les bactéries Bacillus isolées dans les selles inhibaient ce mécanisme. Par chromatographie et spectrométrie de masse, les chercheurs ont identifié des lipoprotéines de Bacillus appelées fengycines qui semblaient inhiber le staphylocoque. Ces fengycines seraient également actives contre le SARM.

Les chercheurs ont ensuite étudié des souris dont l’intestin avait été colonisé par le staphylocoque doré. Ils leur ont donné des spores de Bacillus à ingérer tous les deux jours : les staphylocoques dorés ont été éliminés des intestins ! En revanche, si la production des fengycines était supprimée, les souches probiotiques ne faisaient plus effet. Les fengycines semblent donc bien responsables de l’inhibition du staphylocoque doré.

Les bactéries du genre Bacillus semblent ainsi limiter la croissance des bactéries Staphylococcus aureus dans le nez et l’intestin de personnes en bonne santé. Cette étude suggère que des compléments de probiotiques contenant des bactéries Bacillus pourraient constituer une alternative aux antibiotiques dans certains cas. Les chercheurs envisagent de tester des souches probiotiques de Bacillus subtilis chez des patients, l’objectif étant de lutter contre les souches résistantes aux antibiotiques, responsables de maladies nosocomiales.

En pratique

Les probiotiques sont présents dans l'alimentation (yaourts, légumes lacto-fermentés...) et dans des préparations vendues dans des commerces spécialisés et en pharmacies. Il existe des probiotiques sous différentes formes, gélules ou sachets. Daniel Sincholle, pharmacologue et auteur du Nouveau guide des probiotiques, déconseille les probiotiques sous forme de comprimés, "car la pression nécessaire à leur fabrication fait monter la température au-dessus de 50 °C ce qui tue une grande partie des bactéries". Il en est de même pour les probiotiques micro-encapsulés.

Des livres pour aller plus loin : Infections – le traitement de la dernière chance et Le nouveau guide des probiotiques 

La sélection

Publicité

Les meilleurs livres et compléments alimentaires sélectionnés pour vous par NUTRISTORE, la boutique de la nutrition.

Découvrir la boutique logo Nutrivi

A découvrir également

Back to top