Le nombre de pompes qu'on peut faire peut-il prédire notre risque cardiovasculaire ?

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 21/02/2019 Mis à jour le 21/02/2019
Actualité

Les hommes capables de faire 40 pompes auraient un risque beaucoup plus faible d’avoir une maladie cardiovasculaire dans les 10 ans qui suivent d'après une étude américaine. Que penser de ce résultat ?

Pourquoi c’est important

Les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de décès dans le monde. Les principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires sont le manque d’activité physique, le tabagisme, le stress, l’hypertension, le diabète mais aussi une mauvaise alimentation.

Les évaluations objectives de la condition physique sont considérées comme de puissants prédicteurs de l'état de santé. Pourtant, contrairement aux
mesures anthropométriques (taille, poids, tour de taille…) et à la détermination de certains biomarqueurs sériques, les évaluations du niveau d’activité
physique et de la condition cardio-respiratoire sont négligées. La plupart des outils actuels, tels que les tests sur tapis roulant, sont trop coûteux et
prennent trop de temps à utiliser lors des examens de routine. 

Dans une nouvelle étude parue dans la revue JAMA Network Open, des chercheurs de l'université de Harvard ont voulu évaluer si la capacité à faire des pompes pouvaient être utilisée comme un marqueur du risque cardiovasculaire.

L’étude

Les chercheurs ont fait réaliser des tests à l’effort sur un tapis roulant et ont évalué la capacité à faire des pompes de 1562 hommes âgés de 40 ans en moyenne. Les participants ont ensuite été suivis pendant 10 ans et leurs événements cardiovasculaires ont été enregistrés.  

Après 10 années de suivi, les hommes qui étaient capables de faire 40 pompes au début de l’étude présentaient un risque cardiovasculaire (maladie coronarienne, crise cardiaque) significativement plus faible (96%) que ceux qui en faisaient moins de 10. La capacité à faire des pompes est même plus fortement associée au risque cardiovasculaire que les résultats du test à l’effort sous-maximal sur tapis roulant.

Selon les chercheurs, la capacité à faire des pompes pourrait représenter une méthode simple et gratuite d’évaluer le risque cardiovasculaire dans presque n’importe quel contexte. Sauf que lorsqu'on regarde leurs résultats d'un peu plus près on se rend compte que les hommes capables de faire 40 pompes au début de l'étude avaient 35 en moyenne tandis que ceux qui ne pouvaient en faire que entre 0 et 10 étaient plus proches des 48 ans. Il est logique de trouver plus d'accidents cardiovasculaires chez les 48-58 ans que chez les 35-45 ans. Par ailleurs, les scientifiques n'ont pas mentionné dans leurs résultats un autre facteur important : le tabagisme. Les hommes capables de faire plus de 30 pompes étaient aussi ceux qui étaient le moins enclins à fumer. Il est donc plus probable que cette étude d'observation dise plus que les hommes jeunes et ceux qui ne fument pas ont moins de risque de d'avoir une maladie cardiovasculaire dans les dix années qui suivent, leur capacité à faire des pompes restant anecdotique.

En pratique

Il reste vrai cependant que l’activité physique procure des bénéfices cardiovasculaires en permettant notamment de réduire la fréquence cardiaque au repos ainsi que la pression artérielle. 1 maladie cardiaque sur 20 et 1 décès sur 12 pourraient être évités en étant plus actif physiquement. L'exercice augmente la masse du muscle cardiaque : ceci est attribué à un accroissement de la taille des cellules cardiaques mais il se pourrait également que de nouvelles cellules cardiaques soient créées. Il existe une réelle nécessité d'augmenter l'activité physique de la population. Dans un rapport publié en février 2019, l'Inserm affirme au sujet de la prescrition de l'activité physique en cas de maladie chronique, qu'"Il n'y a plus aucun doute sur cette nécessité". Pour la prévention comme en traitement, cela pourrait aider les médecins de faire faire des pompes à leurs patients afin d'évaluer rapidement leur forme physique et leur permettre de leur prescrire une activité physique adaptée. Cependant, l'association trouvée par les médecins de Harvard ne suffit pas, loin de là, à recommander une telle pratique.

Si vous voulez pratiquer une activité physique, vous pouvez choisir une activité d’intensité modérée comme la marche, un jogging tranquille, de la natation, du cyclisme.

A lire : Reprendre le sport

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