Grossesse : la pré-éclampsie augmenterait le risque d’autisme

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 16/12/2014 Mis à jour le 10/03/2017
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Dans cette étude menée sur plus de 1000 enfants, les chercheurs ont trouvé une association entre la pré-éclampsie et le risque d’autisme et de retard de développement chez les enfants

En France, une naissance sur 100 est concernée par l’autisme. Il semblerait que même si les signes de la maladie ne sont visibles que quelques années après la naissance, certains des facteurs de risque les plus importants peuvent être rencontrés in utéro. C’est ce que révèle une nouvelle étude parue dans JAMA Pediatrics (1) qui montre que les enfants nés de mère qui ont eu une pré-éclampsie pendant leur grossesse sont deux fois plus susceptibles de développer un trouble du spectre autistique.

La pré-éclampsie provient d’un développement anormal du placenta suivi d’une inflammation généralisée et des lésions endothéliales progressives. Le placenta libère alors des substances chimiques dans le sang de la mère. La pré-éclampsie se caractérise par une hypertension et un dysfonctionnement des reins, expliquant la présence de protéines dans les urines.

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Les symptômes peuvent apparaitre soudainement généralement à la fin du deuxième trimestre de grossesse ou au début du troisième. La pré-éclampsie touche environ 5 à 8 % des grossesses et en cas de complication (éclampsie) peut être fatale à la mère et à l’enfant.

Les risques de pré-éclampsie sont augmentés en cas d’obésité, de première grossesse, de grossesse multiple ainsi que pour les femmes qui ont déjà fait une pré-éclampsie.

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Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) regroupent l’autisme ou trouble autistique, le syndrome d’Asperger et le trouble envahissant du développement non spécifié. Les TSA sont tous caractérisés par des altérations ou des comportements atypiques dans la socialisation, la communication, le jeu et l’imagination, la variété des intérêts et des comportements.

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Cette étude a été menée sur environ 1000 enfants âgés de 2 à 3 ans et appartenant à l’étude Childhood Risks of Autism from Genetics and the Environment (CHARGE). Parmi les enfants, 517 souffraient d’une forme d’autisme, 197 avaient un retard de développement et 350 - présentant un développement normal- ont permis de constituer un groupe de contrôle. Les données concernant l’exposition à la pré-éclampsie et à l’insuffisance placentaire ont été recueillies dans les dossiers médicaux.

Les enfants atteints de trouble du spectre autistique étaient deux fois plus susceptibles d’avoir été exposés in utero à la pré-éclampsie par rapport aux enfants avec un développement normal, et la probabilité d’un diagnostic d’autisme est encore plus grande si la mère a connu une pré-éclampsie sévère. L’insuffisance placentaire semblait responsable de l’augmentation du risque de retard de développement associé à la pré-éclampsie sévère.

« La pré-éclampsie provoque une réduction de la quantité d’oxygène et de substances nutritives que reçoit le bébé, ce qui provoque du stress au fœtus en développement » expliquent les chercheurs. Une grossesse avec une pré-éclampie augmente également le risque d’avoir un bébé de faible poids à la naissance ou prématuré, deux facteurs supplémentaires qui augmentent le risque d’autisme.

Les résultats de cette étude montrent l’importance de la santé de la mère pendant la grossesse et des mesures prises afin de diminuer les risques de pré-éclampsie chez les femmes pour limiter les conséquences sur la santé des enfants, exposés à un environnement in utéro moins « favorable ».

 

L’avis de la Nutrition.fr : Cet article est l’occasion de rappeler que l’environnement in utero est aussi lié à l’alimentation de la mère et que les apports nutritionnels et les supplémentations le cas échéant ont une place essentielle dans la santé future de l’enfant. En ce qui concerne la pré-éclampsie, des études suggèrent l’importance de la vitamine D : une étude sur 23 000 montre que les femmes supplémentées à hauteur de 10 à 15 µg/jour diminuent le risque de pré-éclampsie de 27% par rapport à une femme qui ne prend pas de supplément (2) (3). Une supplémentation en calcium d’au moins 1g/jour diminuerait significativement le risque de pré-éclampsie notamment chez les femmes ayant de faibles apports alimentaires en calcium (4). La vitamine B9 (ou folates) diminuerait également le risque de pré-éclampsie.

 

Sources

(1) Walker CK, Krakowiak P, Baker A, Hansen RL, Ozonoff S, Hertz-Picciotto I. Preeclampsia, Placental Insufficiency, and Autism Spectrum Disorder or Developmental Delay. JAMA Pediatr. 2014 Dec 8. doi: 10.1001/jamapediatrics.2014.2645. [Epub ahead of print]

(2) Haugen M1, Brantsaeter AL, Trogstad L, Alexander J, Roth C, Magnus P, Meltzer HM. Vitamin D supplementation and reduced risk of preeclampsia in nulliparous women. Epidemiology. 2009 Sep;20(5):720-6. doi: 10.1097/EDE.0b013e3181a70f08.

(3) Bodnar LM1, Simhan HN, Catov JM, Roberts JM, Platt RW, Diesel JC, Klebanoff MA. Maternal vitamin D status and the risk of mild and severe preeclampsia. Epidemiology. 2014 Mar;25(2):207-14. doi: 10.1097/EDE.0000000000000039.

(4) Hofmeyr GJ, Lawrie TA, Atallah AN, Duley L, Torloni MR.Calcium supplementation during pregnancy for preventing hypertensive disorders and related problems. Cochrane Database Syst Rev. 2014 Jun 24;6:CD001059. doi: 10.1002/14651858.CD001059.pub4

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