6 atouts santé du brocoli

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 09/03/2016 Mis à jour le 10/07/2019
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Cancer, arthrose, autisme… Le brocoli présente de nombreux atouts santé notamment grâce à une molécule, le sulforaphane. 

Le brocoli est un légume crucifère qui contient de nombreux composés intéressants pour notre santé : vitamine C, antioxydants, glucosinolates. Lorsque l’on croque les brocolis, les glucosinolates sont transformés par l'enzyme myrosinase en isothiocyanates – dont le sulforaphane.

Les isothiocyanates sont surtout connus pour leurs effets anti-toxiques et antioxydants : ils inhibent des enzymes qui peuvent transformer des composés de l’alimentation en substances toxiques et cancérogènes et dans le même temps, stimulent des enzymes chargés de neutraliser et éliminer ces substances (avec à la clé un effet antioxydant). Grâce à sa composition et notamment sa teneur en sulforaphane, le brocoli présente de nombreux atouts. LaNutrition.fr vous dit lesquels.

Un atout contre le cancer (prostate, côlon, sein et foie)

Les études épidémiologiques montrent que la consommation régulière de légumes crucifères, comme le brocoli (3 à 5 fois par semaine) est associée à une réduction du risque d’un certain nombre de cancers notamment du sein, de la prostate et du côlon. En fait, les propriétés anticancer des légumes semblent en large partie dues à la famille des crucifères. 

Le régime occidental riche en sucres est associée à une accumulation accrue de graisses corporelles qui elle-même augmente le risque de stéatose hépatique non alcoolique. Sans traitement la stéatose hépatique non alcoolique peut évoluer vers un cancer du foie. Des études antérieures ont montré que le brocoli permettait de diminuer l’accumulation de triglycérides dans le foie de souris soumises à une alimentations riches en graisses et en sucres, suggérant que ce légume pourrait protéger de la stéatose hépatique non alcoolique.

Des souris qui suivent un régime occidental riche en graisses et en sucres présentent des nodules cancéreux dans le foie plus nombreux et de taille plus importante que les souris du groupe de contrôle. Mais lorsque des brocolis sont ajoutés au régime alimentaire le nombre de nodules diminue. De plus, les brocolis permettent de diminuer l’absorption des graisses au niveau du foie.

De plus, le brocoli contient, comme d'autres crucifères, une molécule capable d’inactiver un gène appelé WWP1 qui joue un rôle dans plusieurs cancers chez l’homme. Dans une nouvelle étude parue dans la revue Science en 2019, des chercheurs ont montré que cibler ce gène avec le composé présent dans le brocoli supprime la croissance tumorale chez des animaux susceptibles de développer un cancer.

Un puissant gène suppresseur de tumeur appelé PTEN est l’un des gènes les plus fréquemment mutés, supprimés ou encore inhibés dans les cancers chez l’homme. Certaines mutations héréditaires sur ce gène peuvent être à l’origine d’une susceptibilité au cancer et de défauts de développement. Les cellules tumorales contiennent des niveaux plus bas de PTEN : les chercheurs se demandent donc si le rétablissement de l’activité du gène PTEN à un niveau normal pourrait renforcer l’activité suppressive de tumeur de ce gène.

Pour cela, ils ont cherché les composés qui interviennent dans la régulation du gène PTEN. Ils ont donc mené des expériences sur des cellules humaines et des souris susceptibles de développer un cancer. Ils ont découvert que le gène appelé WWP1 produit une enzyme qui inhibe l’activité suppressive de tumeur du gène PTEN.

En administrant aux souris, un composé présent dans le brocoli, l’indole-3-carbinol (I3C), les chercheurs ont réussi à inactiver le gène WWP1. Cet ingrédient naturel du brocoli a donc permis de « restaurer » l’activité suppressive de tumeur du gène PTEN.

Lire : Anti-cancer : les nouveaux atouts du brocoli

Un espoir dans l’autisme

Une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences montre que chez des jeunes présentant un  trouble du spectre de l’autisme, le sulforaphane permet d’améliorer certains troubles du comportement liés à la maladie, comme l’interaction sociale et la communication verbale.

Dans cette étude, les chercheurs ont administré quotidiennement pendant 18 semaines et par voie orale du sulforaphane, issu de brocolis, à 29 jeunes hommes (13 à 27 ans) atteints de troubles du spectre de l’autisme. Le groupe de contrôle (15 participants) a reçu un placebo.

Au bout de 4 semaines de traitement par le sulforaphane, des améliorations apparaissent déjà et continuent d’augmenter jusqu’à la fin de l’intervention. Après 18 semaines de traitement, les tests passé par les participants montrent une amélioration comportementale notamment sur des paramètres tels que la léthargie, l’irritabilité, l’hyperactivité, la communication et la motivation. Les chercheurs ont noté qu’après l’arrêt du traitement avec le sulforaphane, les scores obtenus aux tests ont tendance à revenir à leur niveau initial (avant l’intervention).

Dans le groupe qui a pris du sulforaphane, après 18 semaines de traitement, les chercheurs ont remarqué une nette amélioration au niveau de l’interaction sociale pour 46% d’entre eux, au niveau des comportements aberrants pour 54% d'entre eux et au niveau de la communication verbale pour 42% d'entre eux.

Pour se détoxifier

Les polluants que nous inhalons ou que nous ingérons ont des effets néfastes sur notre santé, avec un risque accru de cancer du poumon et de maladies cardiopulmonaires. Or la consommation quotidienne de boisson à base de brocoli permet d’augmenter les taux d’excrétion dans l’urine de deux produits chimiques nocifs : l’acroléine et le benzène, deux polluants omniprésents dans notre environnement.

Dans cet essai clinique randomisé, les chercheurs ont étudié l’effet du brocoli sur les taux d’excrétion dans l’urine du benzène et de l’acroléine. Pour cela, 291 adultes chinois, vivant dans une région très polluée, ont reçu soit une boisson à base de brocoli et enrichie en glucoraphanine et sulforaphane soit un placebo tous les jours pendant 12 semaines. Leur urine a été analysée chaque semaine.

Les résultats montrent que chez les participants qui consomment la boisson au brocoli, le taux d’excrétion du benzène augmente de près de 61%, celui de l’acroléine de 23% par rapport au début de l’étude, avant l’intervention. L’effet est le même tout au long de l’étude.

Il faut cependant noter que les doses de glucoraphanine et de sulforaphane utilisées dans cette étude sont supérieures à celles qu’un consommateur de brocolis pourrait ingérer. Les auteurs soulignent donc la nécessité de réaliser des études pour évaluer l’efficacité de ces composés à des doses plus faibles.

Dans un autre essai clinique paru en 2019 dans la revue American Journal of Clinical Nutrition, des chercheurs chinois ont voulu déterminer à quelle dose minimale le brocoli était efficace pour améliorer la détoxication du benzène, évaluée par l’excrétion d’un biomarqueur urinaire l'acide S-phénylmercapturique (SPMA). Pour cela, ils ont donné à 170 participants, soit une boisson placebo, soit une boisson à base de brocoli (enrichie en glucoraphanine et sulforaphane) à des concentrations différentes (dose complète, demi-dose, un cinquième de la dose). L’intervention a duré 10 jours.

Les participants qui ont consommé la boisson avec la dose la plus élevée de brocoli ont obtenu la plus importante augmentation du biomarqueur urinaire SPMA entre le début et la fin de l’intervention soit 62,3%. Les groupes qui ont reçu la demi-dose ou un cinquième de la dose n’ont pas eu d’augmentation significativement différente par rapport au groupe placebo.

La boisson à base de brocoli qui a permis d’améliorer la détoxication du benzène a également entrainé une élimination urinaire de 25 µmol de métabolites de sulforaphane par jour (10 et 5 µmol dans les deux autres doses). La plus faible dose (un cinquième) qui correspond à 120 µmol de glucoraphanine et 8 µmol de sulforaphane peut clairement être classée comme étant sans effet sur la détoxication.

Il est difficile d’utiliser ces résultats pour faire des recommandations précises aux consommateurs. Beaucoup de facteurs entre en ligne de compte (génotype de la plante, temps écoulé entre la plantation et la récolte et entre la récolte et le consommateur, conservation, mode de cuisson…). Cependant, les chercheurs estiment que la dose la plus élevée utilisée dans leur étude correspond approximativement à une portion d’environ 60 grammes de brocoli.

Contre l’arthrose

L’arthrose est une maladie rhumatismale causée par la dégradation du cartilage des articulations ; de plus en plus fréquente avec l’âge, elle conduit à des douleurs chroniques invalidantes. L’arthrose concerne des millions de français. Des chercheurs britanniques ont montré que le sulforaphane qui possède des propriétés antiinflammatoires et antioxydantes pourrait aider à lutter contre l’arthrose.

Pour savoir si la molécule était efficace contre les problèmes articulaires, les chercheurs ont nourri des souris avec un régime riche en sulforaphane. Ils ont alors observé que ces souris avaient moins de dommages aux cartilages et étaient moins susceptibles de développer de l’arthrose que des souris témoins. Du point de vue moléculaire, le sulforaphane inhibe l’expression d’enzymes de dégradation du cartilage ; il intervient dans des voies de signalisation impliquées dans plusieurs maladies chroniques.

Comme le sulforaphane empêche la dégradation du cartilage, il pourrait prévenir ou ralentir la progression de l’arthrose.

Pour vivre plus longtemps

D’après une étude publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition, les adeptes des légumes crucifères comme le brocoli mais aussi le chou, chou de bruxelles, chou fleur…vivraient plus longtemps et auraient moins de risques de décéder d’une maladie cardiovasculaire que les personnes qui en consomment peu.

Les chercheurs de l’Université Vanderbilt (Etats-Unis) et de l’Institut du cancer de Shanghai (Chine) ont analysé les données de 61,436 hommes suivis durant 4,6 ans ainsi que celles de 73,360 femmes suivies durant 10,2 ans. Les participants ont rempli un questionnaire alimentaire évaluant leur consommation de fruits et légumes.

Chez les personnes qui consomment le plus de légumes crucifères, le risque de décès prématuré (quelle qu’en soit la cause) est réduit de 22 % et le risque de décès liés à une maladie cardiovasculaire est réduit de 31 %. Il s'agit cependant d'une étude d'observation ne permettant pas de conclure à une relation de cause à effet.

Pour améliorer le transit

La consommation régulière de brocolis serait un bon moyen de réguler le transit intestinal chez les personnes constipées. Le sulforaphane qu’ils contiennent lutte contre les dégâts du stress oxydant dans l’intestin d'après des résultats publiés dans la revue Journal of Clinical Biochemistry and Nutrition.

La constipation chronique (qui impacte souvent la qualité de vie) est liée en partie à une alimentation déséquilibrée et à un stress oxydant chronique. Les auteurs ont donc supposé que les antioxydants présents dans les brocolis peuvent aider à améliorer la condition des personnes constipées.

Dans cette étude, 48 sujets souffrant de constipation ont consommé quotidiennement pendant 4 semaines soit 20 g de brocolis, soit 20 g de luzerne (qui ne contient pas de sulforaphane).

Les résultats montrent que seule la consommation de brocoli permet d’améliorer le transit chez les personnes qui souffrent de constipation. Le sulforaphane présent dans les brocolis augmenterait l’activité antioxydante des cellules des intestins préservant ainsi une fonction intestinale normale. Le sulforaphane serait également capable de réguler le microbiote intestinal et ainsi améliorer le transit.

En pratique

LaNutrition.fr vous conseille de manger deux à trois fois par semaine du brocoli ou des aliments de la même famille (crucifères) : choux, radis, navets, cresson... Mieux vaut consommer les crucifères crus (choux, navets) ou peu cuits (al dente) car les températures élevées détruisent les glucosinolates et inhibent l'activité de la myrosinase.

Lire aussi : Comment cuisiner chou, brocoli, crucifères pour conserver tous leurs bénéfices (abonnés)

Sources

Y.-J. Chen, M. A. Wallig, E. H. Jeffery. Dietary Broccoli Lessens Development of Fatty Liver and Liver Cancer in Mice Given Diethylnitrosamine and Fed a Western or Control Diet. Journal of Nutrition, 2016; 146 (3): 542 DOI: 10.3945/jn.115.228148

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Davidson RK, Jupp O, de Ferrars R, Kay CD, Culley KL, Norton R, Driscoll C, Vincent TL, Donell ST, Bao Y, Clark IM. Sulforaphane represses matrix-degrading proteases and protects cartilage from destruction in vitro and in vivo. Arthritis Rheum. 2013 Aug 27. doi: 10.1002/art.38133.

Xianglan Zhang, Xiao-Ou Shu, Yong-Bing Xiang, Gong Yang, Honglan Li, Jing Gao, Hui Cai, Yu-Tang Gao, Wei Zheng; Cruciferous vegetable consumption is associated with a reduced risk of total and cardiovascular disease mortality. Am J Clin Nutr July 2011.

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