Un taux de cholestérol LDL élevé (« mauvais » cholestérol) est associé dans plusieurs études à une mortalité plus faible chez les plus âgés. Que faut-il en conclure ?

Lancée par le Dr Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur au CNRS, une polémique se développe sur l'intérêt réel des statines, les médicaments anticholestérol. D'un côté le chercheur, soutenu par plusieurs scientifiques qui conteste l'utilité de ce traitement chez la plupart de ceux qui le prennent, de l'autre l'industrie pharmaceutique et plusieurs sociétés savantes. État des lieux.
Les statines augmentent-elles réellement la durée de vie des patients dont le risque cardiovasculaire est élevé ?
Ces questions, cruciales pour la santé des Français, font l’objet d’échanges houleux entre le Dr Michel de Lorgeril, cardiologue, chercheur au CNRS et plusieurs sociétés savantes parmi lesquelles la Société française de cardiologie et la Fédération française de cardiologie.
Le Dr Michel de Lorgeril, membre du conseil scientifique de LaNutrition.fr, est connu mondialement pour ses travaux pionniers sur les vertus cardioprotectrices du régime méditerranéen. Il a lancé un pavé dans la mare du cholestérol en publiant le 13 juin Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent un livre dans lequel il dénonce l’illusion de la « théorie du cholestérol » et la prescription abusive de médicaments hypocholestérolémiants. Ce jour-là, le quotidien Le Monde publie une interview du chercheur dans laquelle il résume le propos de son livre sous le titre Le cholestérol ne bouche pas les artères. Colère et réaction immédiate de l’industrie du médicament et des responsables de la Société française de cardiologie, de la Fédération française de cardiologie et d’autres organismes ou sociétés savantes qui se revendiquent de la prévention cardiovasculaire par les statines.
Ces derniers organismes dénoncent dans un communiqué publié le 19 juin des théories « fantaisistes » et « scientifiquement inexactes » qui pourraient « porter préjudice à des patients actuellement traités et qui arrêteraient leur traitement. » Ils affirment que l'hypercholestérolémie (taux élevé de cholestérol sanguin) est un des principaux facteurs de risque d'infarctus du myocarde et que plus de 20 essais thérapeutiques, ont démontré que la diminution du cholestérol LDL (le « mauvais cholestérol ») au moyen d’une statine (médicament anti-cholestérol), permet de diminuer de façon proportionnelle le risque d’infarctus du myocarde et permet chez les patients les plus à risque de prolonger leur durée de vie.
Dans un communiqué rendu public le 27 juin, Michel de Lorgeril réfute les affirmations de ses confrères.
« Selon la Fédération de Cardiologie, écrit-il, le cholestérol doit être « le plus bas possible » pour minimiser le danger qu’il représente pour notre santé. Dés lors, en l’absence de traitement anticholestérol, nous avons tous du berceau au cercueil un cholestérol trop élevé puisqu’il pourrait toujours être encore plus bas. Nous sommes donc tous hypercholestérolémiques, à moins évidemment d’être traités avec une statine. De trop nombreux médecins et leurs patients sont aujourd’hui victimes de ce raisonnement absurde. Ce qui explique que 7 à 10 millions de Français ont été ces dernières années traités de façon plus ou moins constante avec ces médicaments, facteur de ruine pour l’Assurance Maladie, et sans aucune justification médicale ou scientifique. »
Michel de Lorgeril réfute aussi l’idée que les statines « prolongent la vie des patients les plus à risque. »
« Parmi les patients les plus à risque, dit-il, figurent notamment les seniors, les patients ayant déjà présenté un accident vasculaire cérébral (on dit AVC), ceux ayant survécu à un précédent infarctus et les diabétiques. Il se trouve que plusieurs études récentes ont mesuré l’efficacité des statines sur la survie dans ces catégories de patients qui bénéficiaient par ailleurs des traitements annexes les plus modernes. »
Michel de Lorgeril donne les résultats de ces études :
Chez les personnes de plus de 70 ans, le risque d’attaque cardiaque est multiplié environ par 4 en comparaison avec les personnes de 40 ou 50 ans.
Un seul essai a été conduit chez les seniors (essai PROSPER). Résultats : le « mauvais » cholestérol LDL a baissé de 34%. Aucune baisse du risque de décès
(298 et 306 décès respectivement dans le groupe statine et le groupe témoin). Donc, écrit-il, " la statine n’a pas « permis aux seniors de prolonger leur vie. »"
L’essai SPARCL a été conduit chez des patients ayant présenté un premier AVC (et donc à très haut risque d’en avoir un deuxième). Résultats : réduction de 42% du « méchant » cholestérol et aucun effet sur la mortalité (216 et 211 décès). Donc, écrit-il, "la statine n’a pas « permis aux victimes d’un AVC de prolonger leur vie. »"
L’essai IDEAL ciblait cette population. Résultats : 30% de réduction du « vilain » cholestérol et aucun effet sur la mortalité (374 et 366 décès).
Idem pour l’essai MIRACL : 40% de réduction du « vilain » cholestérol et aucun effet sur la mortalité (68 et 64 décès).
Idem pour l’essai TNT : diminution de 35% du cholestérol et aucune baisse de la mortalité (282 et 284 décès).
Idem finalement pour l’essai ALLIANCE avec 34% de réduction du LDL cholestérol et aucun effet sur la mortalité (121 et 127 décès).
Donc, dit-il, "les statines n’ont pas « permis aux victimes d’un infarctus de prolonger leur vie. »"
Parmi les patients à risque élevé figurent les diabétiques, et surtout les diabétiques qui ont une insuffisance rénale : un seul essai (appelé 4D) a été consacré à ces
patients. Résultats : réduction de plus de 40% du « méchant » cholestérol, aucun effet significatif sur le risque de décéder (297 et 320 décès) pendant l’essai.
Donc, conclut-il, la statine n’a pas « permis aux diabétiques avec insuffisance rénale (les plus à risque parmi les diabétiques) de prolonger leur vie. »
En conclusion, écrit Michel de Lorgeril, « les déclarations péremptoires de l’industrie pharmaceutique et des Sociétés savantes cosignataires du communiqué du 19 juin sont inexactes. Au-delà de la question des statines, objet de toutes les obsessions de ces experts, l’analyse de ces chiffres indique que des réductions drastiques du cholestérol n’ont pas eu d’effet bénéfique majeur et qu’en conséquence c’est bien toute la « théorie du cholestérol » qui doit être aujourd’hui remise en question. »
« En outre, dit-il, la seule conclusion que des observateurs impartiaux pourraient tirer de cet échange d’idées est que nos éminents experts de la prévention cardiovasculaire non seulement n’ont pas lu le livre du Dr de Lorgeril (où ils auraient trouvé les résultats détaillés de ces essais et d’autres ; et aussi quelques commentaires appropriés) mais ils n’ont pas lu non plus hélas les rapports et articles médicaux et scientifiques originaux derrière lesquels ils s’abritent pour décréter que les théories scientifiques défendues par Michel de Lorgeril seraient « fantaisistes ».
Il est donc particulièrement urgent, ajoute le chercheur et dans l’intérêt bien compris des patients et de leurs médecins traitants, "de rouvrir sereinement le débat sur des bases scientifiques avérées telles que celles rapportées, décrites et commentées dans Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent. »
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Découvrir la boutiqueUn taux de cholestérol LDL élevé (« mauvais » cholestérol) est associé dans plusieurs études à une mortalité plus faible chez les plus âgés. Que faut-il en conclure ?
Selon une étude récente, il n’y a pas de preuve qu’un régime pauvre en graisses saturées permet de réduire le cholestérol chez les personnes atteintes d’hypercholestérolémie familiale. En revanche, réduire les glucides fonctionne.
Ces médicaments anticholestérol affectent les mitochondries, les centrales énergétiques des cellules musculaires.