Stimuler le système endocannabinoïde accroît l’envie de manger

Par Julien Hernandez - Journaliste scientifique Publié le 10/04/2019 Mis à jour le 11/04/2019
Actualité

L’ingestion de tétrahydrocannabinol (THC), une des nombreuses molécules actives du cannabis, augmenterait le désir et l’appétence envers les aliments riches en calories via son action sur le système endocannabinoïde.

Pourquoi c’est important 

Le système endocannabinoïde (SEC) est un acteur majeur de l’homéostasie (l'équilibre biologique des cellules) et du système de la récompense. Des résultats antérieurs (chez l’animal) suggèrent qu'il est capable de modifier la perception de la nourriture, d'accroître l’envie de manger et de perturber les hormones de la faim.  Une nouvelle étude a voulu vérifier cela chez l’homme. 

Lire aussi : Vincenzo Di Marzo : « Le système endocannabinoïde joue un rôle crucial dans l’organisme »

L’étude 

Les chercheurs ont recruté 17 adultes en bonne santé, sans antécédent de traitement pour une perte ou un gain de poids (comportemental, thérapeutique, chirurgical), de troubles médicaux ou psychiatriques et de dépendance. La consommation de médicaments et de cannabis ou d'autres substances illicites aux cours des douze derniers mois faisait également partie des critères d'exclusion de l'étude. 

Les scientifiques ont utilisé un protocole des plus rigoureux (simple aveugle, randomisé, croisé en 2 x 2) compte tenu du faible échantillon. Chaque participant a dû se rendre 4 fois au laboratoire. Lors de ces 4 visistes, les ingestions de placebo, de THC, d'infusion placebo ou d'infusion THC étaient réalisées dans un ordre différent. 

Après l'ingestion de THC (ou du placebo), les participants voyaient défiler des images d'aliments (caloriques, peu caloriques ou neutres) pendant 60 minutes. Ensuite, ils devaient évaluer leur envie et leur désir de manger telle ou telle catégorie d'aliments. Une pause de 15 minutes avait lieu avant d'entreprendre la 2e phase du test.  Lors de celle-ci, les investigateurs proposaient un milk-shake (par voie orale ou par la sonde nasogastrique) aux participants. Ces derniers pouvaient en consommer jusqu'à satiété.

Résultats : le THC accroît significativement l'envie et le désir de consommer des aliments riches en calories comparé au placebo. Il augmente également la consommation de milk-shake lorsque celui-ci est proposé par voie orale ce qui laisse à penser que c'est  l'acte de manger en lui-même qui est privilégié par l'ingestion de THC plutôt qu'un besoin physiologique réel. Le THC favoriserait également la sécrétion des hormones de la faim (notamment la motiline et la ghréline).

Les auteurs concluent que le SEC déterminerait la consommation de nourriture en interférant avec des mécanismes cruciaux aux niveaux cérébral, hormonal et métabolique.

Lire aussi : Vincenzo Di Marzo : Les liens entre système endocannabinoïde, microbiote et alimentation

En pratique 

Un marché à base de certaines molécules actives du cannabis (uniquement du cannabidiol ou CBD pour l'instant) émerge en France et en Europe sous forme d'huiles et d'infusions.

On pourrait imaginer des applications thérapeutiques de ces molécules au-delà de la simple douleur ou de l’anxiété. Elles pourraient, par exemple, venir en aide aux anorexiques ou aux patients atteints de cancer afin d’accroître leur envie de manger souvent absente. Néanmoins, il faudra d’autres études cliniques avant de pouvoir conseiller ce type de traitement à ces patients afin de mesurer les effets secondaires et le risque potentiel d'addiction. 

Lire aussi : Le rôle du système endocannabinoïde dans l’obésité

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