Mal de gorge, d'oreille... les symptômes méconnus qui peuvent cacher un reflux gastrique

Par Priscille Tremblais - Journaliste scientifique Publié le 12/02/2019 Mis à jour le 11/04/2023
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Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est le plus souvent reconnaissable à ses remontées acides et régurgitations, mais parfois il est plus joueur et présente des signes trompeurs. Voici les symptômes qui peuvent être en réalité causés par un RGO.

Qu'est-ce que le reflux gastro-oesophagien (RGO) ?

10 % de la population souffre régulièrement de reflux gastro-œsophagien (RGO). Il s'agit de la remontée d'une partie du contenu de l'estomac dans l'œsophage.

Pourquoi des remontées acides ?

L'œsophage est équipé d'un sphincter inférieur qui, avec le diaphragme, empêche le contenu de l'estomac de remonter. Un RGO peut se développer si ce sphincter inférieur s'affaiblit ou se relâche. 

Qu'est-ce qui provoque les remontées acides ?

Parmi les facteurs qui peuvent affecter le sphincter inférieur de l'œsophage et entraîner un RGO :

  • le surpoids ou l'obésité ;
  • la grossesse ;
  • le tabagisme actif ou passif ;
  • la prise de certains médicaments pouvant provoquer un RGO ou aggraver les symptômes du RGO : benzodiazépines, inhibiteurs calciques (anti-hypertenseurs), certains médicaments contre l'asthme, anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), antidépresseurs tricycliques ;
  • une hernie hiatale ;
  • les repas copieux, l'alcool ;
  • le stress.

Les symptômes typiques du RGO

Si vous avez une sensation de brûlure le long de l’œsophage, ou pyrosis, et des remontées acides jusque dans la gorge (hors nausées et vomissements), ou régurgitations, vous avez un reflux gastro-œsophagien. Mais parfois le RGO se cache derrière d’autres troubles, pas nécessairement digestifs.

Voir aussi : Le reflux gastro-œsophagien : signes et symptômes

Ses signes trompeurs

La douleur de l’estomac

Localisée au creux de l’estomac, elle peut se présenter comme une brûlure, parfois une crampe ou une pesanteur… C’est l’heure où elle apparaît (après le repas) ou la position dans laquelle elle se déclenche (position penchée en avant ou couchée) qui permet d’indiquer le RGO.

Les nausées

Les personnes anxieuses victimes de reflux souffrent souvent de nausées. Et il est tout à fait possible que ces nausées entraînent le reflux et non l’inverse.

Les difficultés de digestion

De nombreuses personnes se plaignent de digestion difficile avec pesanteur de l’estomac et éructations, surtout après un repas un peu trop copieux. Ces symptômes sont liés à une lenteur digestive appelée « dyspepsie », qui pourrait conduire à un reflux.

Les blocages alimentaires

Quand une bouchée décide de stationner en bas de l’œsophage et gêne la déglutition du reste du repas, on parle de « dysphagie ». Elle démarre de façon intermittente et peut s’aggraver en devenant continue et en obligeant à limiter les aliments solides. Ces blocages peuvent être la conséquence d’un reflux mais aussi d’autres problèmes de la partie supérieure du tube digestif.

Lire : Moins de reflux et de troubles gastriques quand on supprime les édulcorants

Les douleurs thoraciques

Une douleur intense au niveau du cœur et qui gêne la respiration, voilà la forme que prend parfois le RGO. Cette pseudo-angine de poitrine bien connue des cardiologues appelle d’abord l’élimination d’une cause cardiaque avant d’être rapportée au reflux.

Les troubles ORL

Enrouement constant, toux, voix cassée, mal de gorge ou sensation d'avoir une boule dans la gorge, perte de voix fréquente, douleurs de type angine, chatouillements dans la gorge, écoulement nasal postérieur qui fait avaler en permanence, douleur à l’oreille, sinusite chronique…. Tous ces symptômes de la sphère oto-rhino-laryngée peuvent aussi cacher un RGO. Il peut aussi y avoir une érosion de l'émail dentaire. Quand ils sont accompagnés des symptômes typiques du reflux le diagnostic est facile mais parfois ils ne le sont pas et le diagnostic de reflux peut être très retardé.

Ces signes sont le résultat de l’action de l’acide gastrique sur les muqueuses de la bouche et de la gorge. Les otorhinolaryngologistes connaissent bien cette forme trompeuse de reflux et éliminent un problème local avant de confier leur patient au gastro-entérologue.

Les symptômes pulmonaires

Toux chronique plutôt sèche, rebelle, asthme, infections bronchopulmonaires récidivantes, pneumonie, bronchite chronique peuvent également parfois signer un reflux. 10 à 20 % des toux et 65-72 % des asthmes relèveraient d’un reflux. 

Évidemment, comme pour le cœur et la sphère ORL, il faut d’abord éliminer toute maladie pulmonaire avant de poser un diagnostic de reflux.

Ces symptômes pulmonaires peuvent être causés par un réflexe de « spasme bronchique » suivant le contact de l’acide sur l’œsophage ou l’aspiration dans les voies aériennes d’une infime quantité de reflux.

De plus, les maladies pulmonaires, en modifiant les pressions dans l’abdomen et le thorax, peuvent favoriser le reflux. Dans ce cas, ces deux affections – reflux et maladies pulmonaires – peuvent s’auto-aggraver.

Comment stopper une crise de reflux gastrique ?

Les traitements médicamenteux du reflux utilisent :

  • des antiacides (exemple : Maalox®, Gaviscon®...) pour protéger les muqueuses contre les remontées acides : ces médicaments en vente libre ont une action locale rapide ;
  • des médicaments qui modifient la motricité de l'estomac et de l'œsophage (exemple : Motilium®...). Ils améliorent le tonus du sphincter inférieur de l’œsophage, accélèrent la vidange de l’estomac et limitent les nausées ;
  • des anti-H2, des molécules qui bloquent des récepteurs de l'estomac et diminuent les sécrétions acides. Le problème est qu'ils inhibent des enzymes hépatiques qui participent à la dégradation de certains médicaments ;
  • des IPP (inhibiteurs de pompe à protons, exemple : Mopral®...), qui réduisent l'acidité des sécrétions gastriques. Ces médicaments sont prescrits en cas de reflux chronique. Alors que l'estomac a un pH habituellement compris entre 1 et 2, avec ces médicaments "le pH gastrique est maintenu au-dessus de 4 pendant dix à quatorze heures", explique la gastro-entérologue Martine Cotinat. "Cet effet maximal est obtenu environ vers le quatrième jour. En raison de leur durée d’action prolongée, le traitement consiste en une prise unique avant le premier repas de la journée." Pour Martine Cotinat, "Ces médicaments sont très rapidement efficaces et sont très faciles d’emploi avec une seule dose à prendre par jour. Le problème, c’est qu’en bloquant l’acidité, ils modifient la physiologie normale de l’organisme." Elle ajoute : "la prudence est de mise en cas de traitement prolongé, surtout chez la personne âgée."

Le traitement nutritionnel est de loin le plus efficace et le plus complet des traitements du reflux

Conclusion : pour la gastro-entérologue, auteure de Soigner le reflux naturellement, "le traitement nutritionnel est de loin le plus efficace et le plus complet des traitements du reflux. Il va consister, d’une part, à limiter les agresseurs (stress oxydatif, stress psychologique, inflammation…), d’autre part, à potentialiser la défense de l’organisme (salivation, barrière anti-reflux, potentiel antioxydant et anti-inflammatoire)." 

Attention quand la douleur au sternum est intense et donne l'impression d'être serré dans un étau, une consultation médicale s'impose pour vérifier l'absence  de troubles cardiaques.

À lire pour en savoir plus sur le reflux et ses traitements naturels : notre dossier Tout savoir sur le reflux et l'ouvrage du Dr Cotinat Soignez le reflux naturellement

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