Le tour de taille, un indicateur de longévité et de santé cardiovasculaire

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 19/11/2015 Mis à jour le 23/01/2020
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Plusieurs études suggèrent que le tour de taille est un paramètre plus important que l’IMC pour surveiller le risque cardiovasculaire d’un patient.

L’obésité augmente le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète, et donc de mort prématurée. Mais la répartition des graisses dans l’organisme joue un rôle non-négligeable. Ainsi, différentes recherches ont montré que l’obésité abdominale (ou centrale) est associée avec un risque accru de maladie cardiovasculaire et de décès.Voici deux études qui montrent que la surveillance du tour de taille d'un patient est tout aussi importante que celle de son poids.

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Les graisses abdominales sont associées au risque de crises cardiaques répétées

Cette nouvelle étude suédoise paraît en janvier 2020 dans la revue European Journal of Preventive Cardiology. Elle a suivi plus de 22 000 patients qui avaient déjà fait une crise cardiaque et étaient inscrits dans le registre national SWEDEHEART. Les chercheurs se sont intéressés au tour de taille des participants et à leurs problèmes cardiovasculaires : artères bouchées, AVC et crises cardiaques.

Les auteurs savaient déjà que les personnes qui ont plus de graisses au niveau du ventre augmentent leur risque de faire une première crise cardiaque. Mais ils voulaient savoir si le tour de taille influençait les accidents cardiovasculaires à venir quand un infarctus avait déjà eu lieu.

La plupart des patients, soit 78 % des hommes et 90 % des femmes, présentaient une obésité abdominale, c’est-à-dire un tour de taille supérieur à 94 cm pour les hommes et à 80 cm pour les femmes. Hanieh Mohammadi, chercheuse  à l’institut Karolinska de Stockholm et principale auteure de cette recherche, explique : « La raison pour laquelle l'obésité abdominale est très courante chez les patients atteints d'une première crise cardiaque est qu'elle est étroitement liée à des conditions qui accélèrent l’obstruction des artères par l'athérosclérose. » Car l’obésité abdominale est associée à « une augmentation de la pression artérielle, une glycémie élevée et une résistance à l'insuline (diabète) ainsi qu'une élévation des taux de lipides sanguins. »

Les participants ont été répartis en cinq groupes en fonction de leur tour de taille. Près de 1700 d’entre eux ont eu un accident cardiovasculaire sur la période de suivi qui a duré 3,8 années. Les chercheurs ont constaté que l’obésité abdominale était associée aux nouvelles crises cardiaques et aux AVC : les 20 % de personnes qui avaient le tour de taille le plus élevé présentaient 22 % de risque en plus de faire un nouvel accident cardiovasculaire, par rapport à ceux qui avaient la taille la plus fine.

La relation entre le tour de taille et ces accidents cardiovasculaire était plus forte chez les hommes que chez les femmes. Cette différence entre les sexes peut s’expliquer par le fait que, chez les femmes, une partie de la graisse abdominale est sous-cutanée, ce qui est moins néfaste que les graisses viscérales qui entourent les organes.

Il apparaît également que le tour de taille était un meilleur marqueur du risque de refaire un accident cardiovasculaire que l’obésité. Même en prenant des médicaments contre l’hypertension ou le diabète, les patients ayant une importante obésité abdominale avaient toujours un risque accru d'événements cardiovasculaires. Cela signifie qu’après une crise cardiaque il est important de surveiller son tour de taille et de chercher à le réduire si besoin.

Cette étude montre donc que les personnes qui ont survécu à une crise cardiaque et qui ont trop de graisses au niveau de la taille présentent un risque accru de faire une nouvelle crise cardiaque. Mais les personnes de poids normal qui ont un peu trop de graisses sur le ventre augmentent-elles également leur risque cardiovasculaire ? Cette question a été abordée dans une recherche américaine datant de 2015.

Pour vivre longtemps, mieux vaut être en surpoids qu'avoir un gros ventre

Cette autre étude parue dans Annals of Internal Medicine a été réalisée par la Mayo Clinic. Elle a trouvé que les personnes de poids normal mais qui avaient du ventre présentaient plus de risque de décès que les personnes obèses ou en surpoids : la localisation des graisses, plus que leur quantité, serait particulièrement importante. Autrement dit, si vous êtes mince mais avec du ventre, vous prenez un risque pour votre santé et votre mortalité est peut-être plus élevée qu'une personne obèse dont les graisses seraient autrement réparties...

Dans leur article, les chercheurs ont évalué le lien entre la mortalité et la présence de graisses abdominales chez des personnes au poids normal. L’équipe a analysé les données de plus de 15.000 adultes américains âgés de 18 à 90 ans qui faisaient partie de la Third National Health and Nutrition Examination Survey (NHANESIII). L’embonpoint au niveau du ventre a été évalué en mesurant le rapport entre la taille et les hanches.

Après un suivi moyen de 14 ans, il y a eu environ 3.200 décès. Les hommes de poids normal mais avec du ventre avaient la pire survie : ils avaient deux fois plus de risque de décès que les hommes en surpoids ou obèses. Etaient concernés par exemple les hommes avec un IMC de 22 (donc de poids normal) avec de l’obésité abdominale. Les femmes de poids normal et avec une obésité abdominale avaient aussi un risque de mortalité plus élevé que celles qui avaient le même poids mais pas de ventre (48 % de risque en plus) et que celles qui étaient juste obèses (32 % de risque en plus).

D’après Francisco Lopez-Jimenez, un des auteurs de l’étude qui s’exprimait à CBS News, « Cette idée que l'obésité centrale pourrait être liée à des problèmes de santé n’est pas nouvelle. Cela a été proposé pendant un certain nombre d’années. Toutefois, pendant tout ce temps, on a fait l'hypothèse que si quelqu'un a de l’obésité centrale, la personne est très probablement obèse. » Or l’étude prouve qu’une personne avec un IMC normal mais de l’obésité abdominale a plus de risques de décès.

Une explication est que l’obésité abdominale est associée avec une accumulation de graisses qui sont stockées autour d’organes internes comme le foie, le pancréas et l’intestin. Cette graisse est plus dangereuse que celle qui est sous la peau car elle peut conduire à de la résistance à l’insuline. Des personnes obèses ou en surpoids peuvent avoir de la graisse sous-cutanée sur les hanches, les jambes, mais cette graisse pourrait avoir certains bénéfices : « Il a été montré que la graisse dans ces endroits en-dessous de la taille améliore la sensibilité à l'insuline, est liée à moins d'inflammation et à une diminution du risque de diabète. »

En conclusion, un poids considéré comme « normal » ne préserve pas forcément des problèmes de diabète ou de maladie cardiovasculaire. Les personnes qui ont du ventre devraient modifier leurs habitudes de vie pour réduire leur tour de taille. Une alimentation saine et de l’exercice aident à combattre l’obésité abdominale.

Des livres pour affiner le tour de taille : Le nouveau régime IG, Le nouveau régime Atkins

Références
  1. Mohammadi et al. Abdominal obesity and the risk of recurrent atherosclerotic cardiovascular disease after myocardial infarction. Eur J Prev Cardiol. 2020.
  2. Sahakyan KR, Somers VK, Rodriguez-Escudero JP, Hodge DO, Carter RE, Sochor O, Coutinho T, Jensen MD, Roger VL, Singh P, Lopez-Jimenez F. Normal-Weight Central Obesity: Implications for Total and Cardiovascular Mortality. Ann Intern Med. 2015 Nov 10. doi: 10.7326/M14-2525.

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