Un régime à base de plantes pourrait réduire le risque de Parkinson

Par Elvire Nérin - Journaliste scientifique et auteure Publié le 06/09/2023 Mis à jour le 07/09/2023
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Une étude britannique souligne les bénéfices potentiels d'une alimentation riche en végétaux peu transformés pour prévenir Parkinson.

Selon une étude britannique, un régime alimentaire sain à base de plantes, en particulier légumes, noix, thé, est associé à un risque réduit de développer la maladie de Parkinson , en particulier chez les personnes âgées.

Une maladie neurodégénérative en progression

La maladie de Parkinson (MP) est une maladie neurodégénérative caractérisée par des tremblements, une raideur et des difficultés de mouvement, de marche et d'élocution, ainsi que des symptômes non moteurs. La MP est la deuxième maladie neurodégénérative la plus courante, touchant 1 % de la population de plus de 65 ans, et sa prévalence devrait augmenter en Europe au cours des dix prochaines années. La progression de la maladie est difficile à enrayer. 

Les symptômes moteurs de la MP sont dus à la disparition de neurones qui utilisent la dopamine dans le système nerveux central. Les causes de la maladie sont diverses et complexes. Il existe des formes familiales mais elles ne sont pas les plus nombreuses. Les cas les plus courants sont attribués à des facteurs environnementaux plutôt que génétiques. Les études épidémiologiques montrent que le mode de vie, l'alimentation, certains médicaments, des antécédents médicaux et l'exposition à des agents environnementaux toxiques sont associés à des risques accrus de MP. Parmi les facteurs environnementaux, plusieurs pesticides contribuent à la maladie de Parkinson selon des mécanismes qui pourraient passer par une atteinte des mitochondries, les "centrales énergétiques" cellulaires.

"L'identification de facteurs de risque modifiables, tels que ceux liés à l'alimentation et au mode de vie, pourrait ouvrir de nouvelles voies pour la prévention primaire de Parkinson", écrivent les chercheurs de Belfast, au Royaume-Uni, qui ont conduit cette nouvelle étude.  Elle est publiée dans la revue Movement Disorders.

On sait que les régimes à base de plantes sont associés à un risque réduit de plusieurs maladies chroniques, notamment les maladies cardiaques, le diabète et certains types de cancers, expliquent Léa Lebrun et Fabien Badariotti dans leur livre-référence La meilleure façon de manger végétal. On attribue ces bénéfices, ajoutent-ils, aux niveaux élevés de nutriments, de fibres et d’antioxydants présents dans les aliments à base de plantes. Cependant, le lien entre une alimentation plus végétale et le risque de Parkinson est peu étudié.

Alimentation végétale et prévention de la maladie

L’équipe de chercheurs britanniques a utilisé les données de la UK Biobank, une vaste étude à long terme menée au Royaume-Uni sur l’influence de la génétique et de l’environnement sur les risques de développement de maladies chroniques et infectieuses. Plus de 500 000 personnes participent à l’étude, mais 126 283 personnes (dont 56 % de femmes) ont été retenues pour cette analyse. Au cours des 11,8 années de suivi, 577 participants ont reçu un diagnostic de maladie de Parkinson.

Un questionnaire alimentaire a permis de connaître les habitudes alimentaires des participants avec des questions portant sur la fréquence de consommation et la quantité d’environ 200 aliments et 30 boissons pendant 24 heures.

Les chercheurs ont défini un groupe d'aliments végétaux dits "sains"  : céréales entières, fruits, légumes, noix, légumineuses ainsi que thé et café. Les aliments végétaux dits "malsains" comprenaient les jus de fruits, les céréales raffinées, les pommes de terre, les boissons à base de sucre, les sucreries et les desserts. La catégorie des aliments d'origine animale comprenait les graisses animales, les produits laitiers, les œufs, le poisson ou les fruits de mer, la viande et d'autres aliments.

Les chercheurs ont utilisé pour les besoins de l'étude trois indices pour évaluer les régimes alimentaires : un indice global de régime alimentaire à base de plantes (PDI), un indice de régime alimentaire sain à base de plantes (hPDI) et un indice de régime alimentaire malsain à base de plantes (uPDI). Des scores PDI plus élevés reflétaient un régime alimentaire riche en aliments à base de plantes, des valeurs élevées de hPDI indiquaient un régime alimentaire composé d'aliments à base de plantes plus sains, tandis que des scores uPDI plus élevés étaient associés à des régimes alimentaires à base de plantes, mais de mauvaise qualité nutritionnelle. Les 3 régimes reflétaient une consommation plus faible d’aliments d’origine animale.

Résultats : les personnes ayant les scores hPDI les plus élevés (aliments à base de plantes les plus sains) avaient un risque plus faible de maladie de Parkinson par rapport aux scores hPDI les plus bas. De même, des scores PDI plus élevés étaient associés à un risque réduit de maladie de Parkinson. Les participants ayant le score uPDI le plus élevé, reflétant un régime alimentaire à base de plantes peu sain, avaient un risque plus élevé de 38 % de développer la maladie de Parkinson que ceux ayant le score le plus bas (aliments moins malsains).

"Ces résultats sont importants pour aider à affiner et éclairer les messages de santé publique qui prennent en compte les régimes alimentaires à base de plantes et fournir la preuve qu'un simple changement alimentaire a le potentiel de réduire le risque de Parkinson", écrivent les chercheurs qui ont conduit l'étude.

Une analyse secondaire a été réalisée et ajustée en fonction des scores de risque dû à des facteurs génétiques. Le risque de maladie de Parkinson était inférieur de 25 % pour les personnes se nourrissant le plus d'aliments végétaux sains par rapport à ceux qui en consommaient le moins ; le risque était plus élevé de 41 % pour les personnes ayant les scores d'aliments malsains les plus élevés.

Dans le détail, les participants qui consommaient le plus de légumes présentaient un risque de maladie de Parkinson 28 % inférieur à ceux qui en consommaient le moins. De même, les participants qui mangeaient le plus de noix étaient moins susceptibles de développer une MP. Une consommation de thé plus élevée était associée à un risque de Parkinson inférieur de 25 %.

La relation entre des scores élevés d'aliments végétaux sains et le risque réduit de MP s'est encore renforcée lorsque les participants de moins de 60 ans ont été exclus (car la maladie de Parkinson est plus fréquente chez les personnes âgées). Lorsque seuls les aliments sains à base de plantes étaient pris en compte, le risque de MP était réduit de 38 %.

Cette étude suggère qu'une alimentation végétale ou plus végétale pourrait réduire le risque de Parkinson. En revanche, une alimentation ultra-transformée, même végétale serait néfaste. Rappelons qu'il s'agit d'une étude d'observation, qui ne permet pas de conclure à une relation de cause à effet, mais ouvre des hypothèses pour comprendre et prévenir la MP.

Lire aussi : La cétose thérapeutique contre les maladies neurodégénératives

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