Eclairage LED : des risques pour la santé ?

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 13/09/2018 Mis à jour le 14/09/2018
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Performantes du point de vue énergétique, les lampes à LED ne sont pas totalement inoffensives.

Depuis le 1er septembre 2018, les ampoules halogènes sont interdites à la vente dans l’Union européenne et les consommateurs sont invités à se tourner vers les LED. Voici les différents moyens de s'éclairer :

  • les éclairages avec un filament qui chauffe : ce sont les lampes à incandescence (interdites depuis 2013), dont font partie les halogènes,
  • les lampes fluorescentes, qui s’allument grâce à une décharge électrique dans un gaz : ce sont les ampoules fluocompactes et les tubes néons par exemple.
  • les LED qui utilisent le passage d’électrons dans un semiconducteur. Ces ampoules à bas voltage permettent de faire des économies d’énergie.

Des scintillements qui fatiguent les yeux

Les LED sont souvent scintillantes : l’émission de lumière par la LED ne se fait pas en continu. Les Anglo-Saxons utilisent le terme de « flicker » pour parler de cette « lumière papillonnante ». Ce scintillement n’est pas forcément perçu par l’utilisateur. Or d’après Arnold Wilkins, de l’université de l’Essex (Royaume-Uni), le "flicker" peut être nocif à la santé : il favorise les migraines et la fatigue oculaire.

Son équipe a montré en 1989 que le ballast magnétique qui contrôle l’éclairage fluorescent produit un flicker avec une fréquence de 100 par seconde. Des ballasts électroniques plus efficaces et meilleurs pour la santé sont ensuite arrivés sur le marché. Pour les LED, certains circuits électriques sont mieux conçus que d’autres, et les lampes plus ou moins scintillantes. Mais les consommateurs, quand ils achètent leurs ampoules, n’ont aucun moyen de savoir si elles seront très scintillantes. Or, d’après Arnold Wilkins, le flicker des LED est parfois plus important que celui des pires éclairages fluorescents !

Une lumière bleue inquiétante

Le flicker n’est pas le seul problème avec les LED.  En janvier 2017, l’Inserm a dévoilé une étude sur les effets de la lumière bleue sur la rétine, suggérant qu’elle favorise la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Pour ce travail, les chercheurs ont travaillé sur des rats dont la pupille était dilatée. Ils ont d’abord montré que toutes les ampoules sont nocives à la rétine à une intensité élevée : en 24 h d’exposition à 6000 lux, les photorécepteurs sont sujets à l’apoptose (mort cellulaire). Mais en utilisant des intensités correspondant à un usage habituel (500 lux), il est apparu que seul l’éclairage LED était nocif à la rétine, même si les dégâts étaient moins importants qu’avec une intensité élevée. Il reste à savoir si ces résultats sont transposables à l’Homme.

Cette toxicité des LED serait due à la lumière bleue qu'elles émettent. Pour faire une lumière blanche, les LED combinent en effet une lumière bleue et une lumière jaune. Or la lumière bleue est plus énergétique et plus dangereuse que a jaune, à intensité équivalente. En août 2018, une autre étude, venant de l’université de Toledo, a confirmé que la lumière bleue faisait courir un risque pour la vision. Pour Ajith Karunarathne, chercheur à l’université de Toledo, « Ce n’est un secret pour personne que la lumière bleue nuit à notre vision en endommageant la rétine de l’œil ». Son laboratoire a trouvé que l’exposition à la lumière bleue favorise des réactions qui génèrent des molécules toxiques pour les cellules photoréceptrices. Or ces cellules de la rétine ne sont pas capables de se régénérer ; si elles meurent, elles sont définitivement perdues. Les lumières verte, jaune ou rouge ne sont pas nocives comme la lumière bleue.

Les chercheurs ont aussi trouvé que l’alpha-tocophérol, une forme de vitamine E,  permet d'arrêter la mort des cellules grâce à ses propriétés antioxydantes. On trouve de l'alpha-tocophérol dans des huiles (tournesol, pépins de raisins, colza, olive...), les noisettes, l'avocat, l'oeuf...

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En pratique

Les ampoules à incandescence, qui étaient peu économes en énergie, sont interdites à la vente depuis 2013. Les lampes fluo-compactes semblent moins nocives à la santé que les LED mais leur durée de vie est plus courte et les LED restent les plus économes. Le choix est cornélien. 

Quoi qu'il en soit, pour réduire votre exposition à la lumière bleue, vous pouvez équiper votre écran d'ordinateur d'un filtre spécial. Ou utiliser sur votre ordinateur, votre tablette et votre smartphone des applications comme f.lux ou Twilight qui filtrent la lumière bleue. Evitez de regarder votre smartphone ou votre tablette dans le noir. En été, portez des lunettes de soleil avec un filtre contre les UV et la lumière bleue, car le soleil en émet aussi.

Pensez à protéger votre rétine avec une alimentation riche en vitamine E et en lutéine et zéaxanthine, des antioxydants connus pour réduire le risque de DMLA, présents comme la vitamine E dans le jaune d'oeuf mais aussi dans les légumes verts à feuilles comme l'épinard.

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