Huile de colza et graines de lin, un espoir contre la sclérose latérale amyotrophique

La sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi connue sous le nom de maladie de Charcot, est une maladie neurodégénérative grave affectant les neurones moteurs, ceux qui dirigent les muscles volontaires, et qui conduit progressivement à la paralysie. Elle affecte également la production de sons, la déglutition, la respiration. 

Le pronostic de la maladie est mauvais, les décès intervenant par atteinte des muscles respiratoires, après 3 à 5 ans d’évolution en moyenne. 

Les chercheurs pensent que l'alimentation peut moduler le pronostic de la maladie. Des études épidémiologiques et chez l'animal ont identifié quelques pistes intéressantes : le régime cétogène, une alimentation riche en phénols des fruits et légumes, les suppléments de vitamine D.  La difficulté tient au manque d'études d'intervention.

Une nouvelle étude menée par l'École de Santé Publique de Harvard (HSPH) s'est penchée sur le lien potentiel entre la consommation d'acides gras oméga-3 et la progression de cette maladie.

Les oméga-3
Les acides gras oméga-3 sont des acides gras polyinsaturés essentiels, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas être synthétisés par l'organisme et doivent être obtenus par l'alimentation. Ils jouent des rôles cruciaux dans la structure des membranes cellulaires, le bon fonctionnement du cerveau, et possèdent des propriétés anti-inflammatoires. Le chef de file des oméga-3, appelé acide alpha-linolénique (ALA), se rencontre le plus souvent dans les graines de lin, de chia et l'huile de colza, mais aussi dans des légumes verts et dans une moindre mesure les noix de Grenoble. Il est transformé par les organismes vivants (y compris l'homme) en oméga-3 à longues chaînes EPA (acide eicosapentaénoïque) et DHA, que l'on rencontre surtout dans les poissons gras (comme le saumon, le maquereau, et les sardines).

Quels sont les acides gras oméga-3 les plus bénéfiques ?

L'étude a été publiée dans le journal Neurology. Les chercheurs ont suivi 449 personnes vivant avec la SLA qui ont participé à un essai clinique. Dans le cadre de cet essai, la gravité de leurs symptômes et la progression de leur maladie ont été testées puis évaluées de 0 à 40, des scores plus élevés indiquant des symptômes moins sévères de la maladie. Les chercheurs ont mesuré les niveaux d'acides gras oméga-3 dans le sang des participants et ont classé les participants en quatre groupes, des niveaux les plus élevés aux plus bas. Ils ont ensuite effectué un suivi 18 mois plus tard pour suivre la fonctionnalité physique et la survie des groupes selon l'essai clinique.

L'acide alpha-linolénique aurait des effets neuroprotecteurs

"Des découvertes antérieures de notre groupe de recherche ont montré qu'un régime riche en acide alpha-linolénique (ALA) et une augmentation des taux sanguins de cet acide gras peuvent diminuer le risque de développer la SLA, a déclaré l'auteur principal de l'étude, Kjetil Bjornevik, professeur adjoint d'épidémiologie et de nutrition. Dans cette étude, nous avons constaté que chez les personnes atteintes de SLA, des taux sanguins plus élevés d'ALA étaient également associés à une progression plus lente de la maladie et à un risque plus faible de décès pendant la période de l'étude. Ces résultats, associés à nos recherches antérieures, suggèrent que cet acide gras pourrait avoir des effets neuroprotecteurs qui pourraient bénéficier aux personnes atteintes de SLA."

Les chercheurs ont découvert que l'ALA (acide alpha-linolénique) semblait le plus bénéfique de tous les acides gras oméga-3, car il était le plus fortement lié à un déclin plus lent et à un risque de décès réduit. Parmi les 126 participants décédés dans les 18 mois suivant le début de l'étude, 33 % appartenaient au groupe ayant les niveaux d'ALA les plus bas, tandis que 19 % appartenaient au groupe ayant les niveaux d'ALA les plus élevés. En ajustant pour des facteurs tels que l'âge, le sexe, l'origine ethnique, l'indice de masse corporelle, la durée des symptômes et les antécédents familiaux de SLA, les chercheurs ont calculé que les participants ayant les niveaux les plus élevés d'ALA avaient un risque de décès pendant la période de l'étude réduit de 50 % par rapport aux participants ayant les niveaux les plus bas.

Deux autres acides gras ont également été associés à des réductions du risque de décès pendant la période de l'étude : l'EPA, un autre acide gras oméga-3 présent dans les poissons gras et l'huile de poisson, et l'acide linoléique, un acide gras oméga-6 que l'on trouve dans les huiles végétales (dont l'huile de colza) et les noix et les graines.

Alberto Ascherio, professeur d'épidémiologie et de nutrition à Harvard et auteur de l'étude indique que l'équipe veut réunir des fonds pour mener un essai randomisé afin de déterminer si l'ALA est bénéfique pour les personnes atteintes de SLA. "Obtenir un financement sera un défi, dit-il, car l'ALA n'est pas un médicament brevetable, mais nous espérons y parvenir."

Oméga-3 et maladies neurologiques

Plusieurs études ont déjà suggéré un effet bénéfique des acides gras oméga-3 sur d'autres maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer ou la maladie de Parkinson. Des études sur des animaux ont montré que les oméga-3 peuvent protéger contre la neuroinflammation et favoriser la régénération neuronale. Cependant, les essais cliniques sur l'homme ont donné des résultats contrastés. Certains trouvant des effets bénéfiques, d'autres ne montrant pas d'effets significatifs. La variabilité des doses, la durée du traitement, le type d'oméga-3 utilisé et le stade de la maladie au moment de l'intervention sont autant de facteurs pouvant expliquer ces différences.