La résistance aux antibiotiques touche de plus en plus de pays

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 10/06/2020 Mis à jour le 11/06/2020
Actualité

D'après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de plus en plus de pays notifient des résistances inquiétantes aux traitements antimicrobiens.

Pourquoi c’est important

La résistance aux antibiotiques est un grave problème de santé publique car elle rend difficile le traitement de certaines infections, surtout si elles sont multirésistantes. En Europe, on estime qu'elle est à l'origine de 33 000 décès chaque année.

Pendant l’épidémie de COVID-19, des antibiotiques ont été utilisés, ce qui peut susciter certaines inquiétudes dans ce contexte, alors que d’après l’OMS, seule une petite proportion des patients touchés par le coronavirus a vraiment besoin d’un traitement antibiotique pour traiter une surinfection bactérienne.

Ce que montre l’étude

L’OMS surveille les chiffres de l’antibiorésistance dans le monde grâce à son système GLASS (Global antimicrobial resistance surveillance system) qui a démarré il y a trois ans. Dans un communiqué paru en juin 2020, l’organisation révèle des données récentes, issues de ce programme de surveillance.

Désormais 64 000 sites de surveillance sont répertoriés dans le monde. Plus de deux millions de patients ont été inclus dans ces analyses, dans 66 pays. En 2018, 729 sites étaient surveillés dans 22 pays. Ces données internationales permettent d’avoir une meilleure connaissance de l’antibiorésistance dans le monde. D’après le communiqué de l’OMS, il existe un nombre inquiétant d’infections bactériennes qui sont de plus en plus résistantes aux médicaments.

Pour Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, « alors que nous rassemblons davantage de données, nous constatons que façon plus évidente et plus inquiétante à quelle vitesse nous perdons des médicaments antimicrobiens essentiels partout dans le monde. »

Ainsi, de forts taux de résistance sont trouvés pour des antimicrobiens couramment utilisés pour traiter des infections urinaires ou des diarrhées comme la ciproflaxine, un antibiotique employé contre les infections urinaires. Son taux de résistance varie de 8,4 % à 92,9 % dans 33 pays.

L’OMS constate aussi une baisse des investissements et un manque d’innovation dans le développement de nouveaux antimicrobiens. Elle propose sur son site un document sur les antibactériens en cours de développement. On peut regretter qu’il n’y est fait aucune mention des phages. Les phages, ou bactériophages, sont des virus mangeurs de bactéries. Présents naturellement dans l’environnement, ils infectent les bactéries et les détruisent. La phagothérapie, ou « thérapie par les  phages », a été inventée il y a un siècle par Félix d’Hérelle. Cette médecine oubliée suscite un regain d’intérêt ces dernières années en raison de la montée de l’antibiorésistance.

Lire aussi : Une Britannique traitée avec des phages modifiés

En pratique

Les antibiotiques sont des médicaments qui doivent être réservés aux infections bactériennes. Une surconsommation d’antibiotiques risque d’entraîner des résistances. Les gènes de résistance se trouvent souvent sur de petits cercles d’ADN, appelés plasmides, qui sont présents dans le cytoplasme des bactéries. Les bactéries peuvent s’échanger des plasmides et donc se transmettre des résistances.

Il existe des moyens simples permettant à chacun de lutter contre la résistance aux antibiotiques. Et certaines alternatives aux antibiotiques voient aussi le jour.

>> Lire Comment limiter la résistance aux antibiotiques et Bactéries résistantes : les nouvelles alternatives aux antibiotiques (abonnés)

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