Ce que l'on sait des effets du régime méditerranéen sur la NAFLD et NASH

Par Priscille Tremblais - Journaliste scientifique Publié le 29/09/2020 Mis à jour le 20/01/2021
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Seul traitement recommandé contre la maladie du foie gras, le changement de mode de vie passe par l'adoption d'une nouvelle alimentation, régime méditerranéen en tête. Voici les promesses et les preuves de cette diète contre la stéatose hépatique (NAFLD) et ses complications (NASH).

La stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) devrait devenir la principale cause de maladie hépatique en phase terminale dans le monde au cours des prochaines décennies. La maladie du foie gras englobe différents scénarios cliniques, de la simple accumulation de graisse (stéatose) à la stéato-hépatite (NASH), la cirrhose issue de NASH et ses complications.
Elle est liée à une résistance des cellules à l'insuline et des phénomènes inflammatoires notamment. Dans le monde, environ 25 % des personnes pourraient être concernées par la NAFLD. Il est normal d’avoir des graisses dans le foie. Mais un excès favorise la résistance à l’insuline, le diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires et réduit la diversité du microbiote.

À ce jour, il n'existe aucun médicament pour la NAFLD/NASH, le seul traitement recommandé dont l'efficacité a été prouvée est la modification du mode de vie, y compris le régime alimentaire et l'exercice physique, ce qui indique une perte de poids de 5 à 7 %. Différentes approches diététiques ont été proposées dont l'une des plus prometteuses est le régime méditerranéen. Voici ce que on sait aujourd'hui des effets de cette alimentation sur le foie, lorsqu'il est atteint de NAFLD ou de NASH.

À lire aussi : 5 raisons d’adopter le régime méditerranéen

Les effets potentiels du régime méditerranéen sur la maladie du foie gras

Comme vous le savez si vous lisez régulièrement LaNutrition, le régime méditerranéen est une alimentation basée sur les végétaux, faisant la part belle aux légumes (de différentes couleurs et de saison), aux céréales complètes et aux légumineuses. Il comprend aussi des œufs, de la volaille et du poisson comme principales sources de protéines animales, avec aussi un peu de fromage et de la viande rouge occasionnellement. Le tout est arrosé ou cuisiné avec de l'huile d'olive. Dernier composant du régime méditerranéen : le vin rouge, bu à raison d'un à deux verres par jour, au cours des repas. C'est l'alimentation santé possédant le plus de preuves scientifiques, notamment dans la prévention des maladies cardiovasculaires.

Plusieurs de ses constituants expliquent son intérêt contre la NASH/NAFLD : sa haute teneur en acides gras poly- et mono-insaturés (les oméga-3 des poissons gras et les oméga-9 de l'huile d'olive) et en fibres ainsi que sa faible teneur en glucides raffinés et fructose ajouté. 

En effet, les acides gras mono-insaturés (ceux de l'huile d'olive en l'occurrence) ont été liés à un tour de taille, ainsi que des taux de lipides et de glucose sanguins, favorables à la santé cardiovasculaire. Ces paramètres entrent aussi en jeu dans la maladie du foie gras. Il a également été montré que la NAFLD était réduite (mesure par IRM) chez les patients mangeant une diète méditerranéenne avec beaucoup d'acides gras mono-insaturés issus de l'huile d'olive, même sans perte de poids associée.

Les oméga-3 sont quant à eux associés à une réduction de l'inflammation et du stress oxydant et une augmentation de la sensibilité à l'insuline. Des études d'observation indiquent que les personnes souffrant de NAFLD/NASH sont plus susceptibles aussi de présenter des ratios oméga-6/oméga-3 élevés. Mais maintenir un bon ratio oméga-6/oméga-3 (autour de 4-5/1) ne semble pas avoir d'effet bénéfique sur l'évolution de la maladie.

Les fibres pourraient jouer un rôle favorable sur NASH par la modulation du microbiote intestinal, en accroissant la production d'acides gras à chaîne courte et de composés phénoliques (antioxydants). Elles ont aussi des effets bénéfiques reconnus sur des paramètres cardiométaboliques (glycémie, taux de lipides sanguins, etc.) ainsi que sur le risque cardiovasculaire et la mortalité toute cause.

Le vin du régime méditerranéen pourrait participer à une meilleure survie des personnes souffrant de NAFLD selon une étude rétrospective qui a associé une consommation d'alcool comprise entre 0,5 et 1,5 verre par jour à une mortalité diminuée de 41% (par rapport au fait de ne pas boire d'alcool du tout). Pour des doses supérieures en revanche, l'alcool a des effets négatifs.

Lire : Le régime méditerranéen en pratique

Les preuves existantes sur ses effets

L'utilisation du régime méditerranéen en traitement de la stéatose hépatique non alcoolique est récente. Il existe donc peu d'études d'intervention pour attester de l'efficacité de cette intervention et encore moins d'études incluant une biopsie du foie.
Si leurs méthodologies et protocoles sont assez hétérogènes, le nombre de participants aussi, toutes rapportent des effets positifs du régime méditerranéen sur les enzymes hépatiques mais aussi la quantité de graisse dans le foie. C'est en association avec une pratique sportive que cette alimentation donne les meilleurs résultats.

Un essai clinique randomisé et contrôlé de 2019 a aussi permis d'en savoir plus sur les liens entre graisse viscérale et foie gras. Dans cette étude, 278 personnes présentant une obésité abdominale ont soit suivi un régime méditerranéen pauvre en graisse, soit cette même diète mais pauvre en glucides. Avec, en plus, une activité physique ou non. La teneur en graisse du foie et la graisse viscérale ont été mesurée par imagerie (IRM), au début de l'étude, après 6 mois d'intervention puis 18 mois de suivi. 

Résultats : l'activité physique n'a pas permis de différence notable. En revanche, entre les deux régimes méditerranéens, l'avantage était clairement pour celui qui était pauvre en glucides : moins de graisses dans le foie et de meilleurs paramètres cardiométaboliques pour les participants de ce groupe. 

Mais ce qui a le plus intéressé les chercheurs, c'est le fait que la perte de graisse hépatique semble plus bénéfique sur les enzymes du foie et l'hémoglobine glyquée que la perte de graisse viscérale. Autrement dit, à perte de graisse viscérale égale, c'est la réduction des graisses hépatiques qui entraîne les meilleures améliorations cardiométaboliques.

Plus récemment, en 2021, une étude publiée dans la revue Gut a montré qu’un régime méditerranéen enrichi en végétaux est plus efficace que d’autres régimes santé pour réduire les graisses du foie. Cet essai clinique, surnommé « DIRECT PLUS », a duré 18 mois et a débuté en 2017 à Dimona (Israël). 294 personnes souffrant d’obésité abdominale, âgées de 51 ans en moyenne, ont participé. 88 % étaient des hommes. Il sera donc difficile d’extrapoler ces résultats à la population féminine. Les participants ont été séparés en trois groupes qui ont mangé selon les recommandations d’un :

  • régime santé (conseils sur une alimentation saine),
  • régime méditerranéen « classique »,
  • régime méditerranéen « vert ».

Les deux régimes méditerranéens incluaient 28 g de noix par jour et induisaient une restriction calorique. Les apports énergétiques allaient de 1 500 à 1 800 calories par jour pour les hommes et de 1 200 à 1 400 calories par jour pour les femmes. Le régime méditerranéen « vert » incluait moins de viandes rouges et transformées et était enrichi en végétaux riches en polyphénols : il comprenait trois à quatre tasses de thé vert par jour et 100 g de lentilles d’eau mankai par jour, sous la forme de cubes congelés servant à reconstituer une boisson. Cette plante aquatique est riche en protéines, fer, vitamines (B12) et minéraux.

En parallèle, les participants étaient incités à faire du sport. Des scanners IRM ont évalué la quantité de graisses dans le foie avant et après l’intervention. Ces examens ont montré que les trois régimes ont réduit les graisses hépatiques.

Le régime méditerranéen vert s'est avéré le plus efficace des trois en provoquant une réduction des graisses hépatiques de 39 %, contre 20 % et 12 % pour le régime méditerranéen « classique » et le régime santé, respectivement. Les deux groupes qui ont mangé méditerranéen ont perdu du poids dans des proportions similaires. Conséquence : la maladie du foie gras non alcoolique (NAFLD) a régressé dans les trois groupes. Sa prévalence, qui était de 62 % au départ, est tombée à :

  • 31,5 % dans le groupe du régime méditerranéen vert (la maladie a donc été réduite de moitié grâce au sport associé à ce régime particulier),
  • 42,9 % dans le groupe du régime méditerranéen,
  • 54,8 % dans le groupe qui a eu des conseils sur une alimentation équilibrée.

Dans les deux groupes qui ont mangé méditerranéen, les polyphénols étaient plus élevés dans le sang. La présence de ces polyphénols et la réduction de la viande rouge pourraient expliquer le succès obtenu avec le régime méditerranéen « vert ». Les polyphénols sont des molécules végétales antioxydantes particulièrement présentes dans les régimes méditerranéens.

Concernant la forme avancée de la NAFLD, NASH, il existe encore moins d'études. Deux études d'observation indiquent cependant que plus on adhère à ce régime et plus le risque de transformation de la NAFLD en NASH est faible.

Lire aussi : Le régime méditerranéen diminue le risque cardiovasculaire en cas de maladie du foie gras

Conclusion

Les preuves de l'efficacité du régime méditerranéen contre la stéatose hépatique sont encourageantes. Cependant, il faudrait des études sur un plus grand nombre de personnes.

Adopter un régime méditerranéen en faisant attention à la quantité et qualité des glucides ingérés semble une des meilleures options de traitement, associée de préférence avec une activité physique accrue. C'est d'ailleurs ce que propose Le régime NASH d'Angélique Houlbert.

Pour aller plus loin, lire : Le régime NASH en pratique et Les recettes du régime NASH

Références
  1. Parnell JA, Raman M, Rioux KP, Reimer RA : The potential role of prebiotic fibre for treatment and management of non-alcoholic fatty liver disease and associated obesity and insulin resistance. Liver Int. 2012 May; 32(5):701-11.
  2. Bozzetto L., Prinster A., Annuzzi G., Costagliola L., Mangione A., Vitelli A., Mazzarella R., Longobardo M., Mancini M., Vigorito C., et al. Liver fat is reduced by an isoenergetic MUFA diet in a controlled randomized study in type 2 diabetic patients. Diabetes Care. 2012;35:1429–1435
  3. Kastorini C.M., Milionis H.J., Esposito K., Giugliano D., Goudevenos J.A., Panagiotakos D.B. The effect of Mediterranean diet on metabolic syndrome and its components: A meta-analysis of 50 studies and 534,906 individuals. J. Am. Coll. Cardiol. 2011;57:1299–1313.
  4. Ryan M.C., Itsiopoulos C., Thodis T., Ward G., Trost N., Hofferberth S., O’Dea K., Desmond P.V., Johnson N.A., Wilson A.M. The Mediterranean diet improves hepatic steatosis and insulin sensitivity in individuals with non-alcoholic fatty liver disease. J. Hepatol. 2013;59:138–143.
  5. Gepner Y., Shelef I., Komy O., Cohen N., Schwarzfuchs D., Bril N., Rein M., Serfaty D., Kenigsbuch S., Zelicha H., et al. The beneficial effects of Mediterranean diet over low-fat diet may be mediated by decreasing hepatic fat content. J. Hepatol. 2019;71:379–388.
  6. Plaz Torres MC, Aghemo A, Lleo A, et al. Mediterranean Diet and NAFLD: What We Know and Questions That Still Need to Be Answered. Nutrients. 2019;11(12):2971.
  7. Meir et al. Effect of green-Mediterranean diet on intrahepatic fat: the DIRECT PLUS randomised controlled trial. Gut. 2021.

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