Pourquoi améliorer les paramètres métaboliques est important contre le Covid-19

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 27/04/2020 Mis à jour le 27/04/2020
Point de vue

Le Dr Èvelyne Bourdua-Roy voit des patients possiblement atteints du Covid-19 dans une clinique d’évaluation, au Québec. Ce médecin de famille certifiée en médecine de l’obésité axe sa pratique médicale régulière sur le traitement du surpoids et du diabète nous dit ici quoi faire quand on souffre de ces troubles pour limiter le risque de complication en cas d'infection.

LaNutrition : Peut-on dire que certaines personnes sont plus vulnérables à l’infection par SARS-CoV-2 que d'autres ?

Dr Èvelyne Bourdua-Roy : Oui. Il semblerait que les personnes de plus de 60-65 ans soient plus à risque. Au Québec où je vis, par exemple, sur 630 cas en date du 15 avril 2020, 90 % avaient 70 ans et plus selon l’INSPQ. Il en est de même pour les personnes présentant certains problèmes de santé, comme l’obésité, l’hypertension artérielle et le diabète de type 2.

En quoi le COVID-19 est particulièrement inquiétant pour les personnes en surpoids ?

L’obésité a été identifiée comme un facteur de risque d’hospitalisation et de ventilation mécanique et, donc, de complications. Elle est en effet associée à une diminution du volume de réserve expiratoire dans les poumons, de leur capacité fonctionnelle et de l’efficacité du système respiratoire dans son ensemble. Chez les patients présentant une obésité abdominale, la fonction pulmonaire est encore plus compromise. Il est donc beaucoup plus difficile de ventiler une personne obèse qu’une personne avec un poids normal.  

Par ailleurs, l’obésité est souvent caractérisée par un état inflammatoire chronique, qui affaiblit ou rend dysfonctionnel le système immunitaire, entre autres via la résistance à l’insuline et les cascades de cytokines. Les personnes obèses peuvent donc avoir plus de difficulté à combattre les infections.

À lire aussi : COVID-19 : pourquoi 7 millions de Français obèses courent un risque très élevé (mais modifiable) d’infection et de complications (Abonné)

Que conseillez-vous aux personnes obèses et en surpoids ?

Avant tout, je leur conseillerais d’améliorer leurs habitudes de vie, en particulier leur alimentation, mais également leur sommeil, leur gestion du stress et leur niveau d’activité physique.

Selon moi, il est possible d’améliorer ses marqueurs de santé métabolique sans nécessairement perdre du poids de manière significative. Plusieurs de mes patients en surpoids et qui adoptent une alimentation moins sucrée et moins transformée voient de nettes améliorations dans leur bilan sanguin, dont la glycémie, le taux de CRP (protéine C-réactive, un marqueur d’inflammation systémique), le taux d’insuline dans le sang, le bilan lipidique (cholestérol HDL et triglycérides, en particulier), la ferritine, etc., et ce, même s’ils n’ont pas encore atteint leur poids santé.

Cela dit, il est vrai que le surpoids est problématique pour la respiration, la ventilation mécanique et la mobilisation des patients aux soins intensifs. Mais je n’aimerais pas « conseiller aux personnes obèses et en surpoids de maigrir » car cela reviendrait à dire, de mon point de vue, que les personnes obèses et en surpoids le sont plutôt par choix ou par indifférence. Mon expérience personnelle et clinique me porte plutôt à croire que les personnes en surpoids veulent avoir un poids santé, et ont déjà fait beaucoup de choses pour l'atteindre, sans succès. Leur conseiller de maigrir, cela revient à les insulter.

Vous suivez aussi beaucoup de diabétiques dans votre clinique Reversa. Quel est l’impact du Covid-19 chez eux ?

Il semble que les personnes ayant le diabète de type 2 sont plus à risque de nécessiter des soins intensifs ou de mourir, selon diverses études. Cependant, je n’ai pas encore été confrontée à cette situation cliniquement. À ma connaissance, aucun de mes patients diabétiques actuels ne s’est retrouvé aux soins intensifs pour le COVID-19. J’ose espérer que cela est dû, en partie, au fait que leurs glycémies sont bien contrôlées avec l’alimentation pauvre en glucides et qu’ils ont une meilleure santé métabolique globale que les autres diabétiques de type 2 dans la société.

À lire aussi : Le protocole Reversa contre le diabète, le surpoids et la maladie du foie gras

Que peuvent-ils faire pour se protéger ou limiter les complications ?

Il importe d’avoir les glycémies les plus normales et les plus stables possible et de stimuler le moins possible la sécrétion d’insuline par le pancréas. Pour ce faire, le meilleur moyen reste d'avoir une alimentation low carb ou pauvre en glucides. Il faut aussi veiller à consommer suffisamment de protéines et le reste des besoins énergétiques doit être comblé avec des bonnes graisses naturelles. Je conseille aussi manger moins souvent, soit un maximum de 3 repas par jour sans collation, mais idéalement deux ou un seul, selon le contexte de chacun.

À lire aussi : Ce que mangent les Français : pas les bonnes graisses !

Je leur conseillerais aussi de veiller à avoir un sommeil long et réparateur, soit 7 ou 8 h de sommeil par nuit. Ceux qui se réveillent encore fatigués devraient subir un test de dépistage d’apnée du sommeil, qui est un problème très fréquent chez les gens en surpoids, même chez ceux qui sont certains de ne pas ronfler.

Pour en savoir plus, lire : Retrouvez le sommeil naturellement (Abonné)

Je suggèrerais aussi de travailler sur toutes les autres choses sur lesquelles ils ont le contrôle, comme la gestion du stress et l’activité physique.  
 

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