Diabète : les conseils alimentaires classiques aggravent-ils la maladie ?

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 27/06/2017 Mis à jour le 10/07/2018
Choisir ses aliments

Pour la Société britannique de nutrition, les conseils donnés aux diabétiques accélèrent peut-être la maladie. Un régime "low carb" pauvre en glucides pourrait leur être proposé.

Pourquoi c'est important

Les médecins de la Société britannique de nutrition s’interrogent sur la pertinence des conseils alimentaires habituellement donnés aux diabétiques de type-2, et émettent même l’hypothèse que ces recommandations pourraient accélérer la progression de la maladie.

En effet, les recommandations alimentaires actuelles pour les diabétiques ne sont pas significativement différentes de celles de la population générale : un régime peu sucré mais plutôt riche en glucides (pain, pâtes, féculents...) et avec peu de graisses. Or le sucre sanguin fluctue inévitablement y compris lorsqu'on consomme modérément des glucides, ce qui provoque des troubles de la glycémie, une inflammation, un stress oxydant, des phénomènes de glycation, tous associés au développement de complications diabétiques. Une autre approche consiste à proposer un régime pauvre en glucides (« low-carb »), ou le protocole hypocalorique de l'université de Newcastle.  

Lire : Diabète de type 2 : on peut en guérir

Les spécialistes britanniques de nutrition ont procédé à un examen de la littérature scientifique pour savoir si les régimes low carb présentent des avantages quand on a un diabète. Ce travail fait suite à un vaste mouvement de contestation chez les patients britanniques, qui rejettent les conseils officiels, et dont LaNutrition.fr a rendu compte.

Ce que disent les études

Une revue de la littérature a été conduite à l'aide de bases de données électroniques pour identifier les essais contrôlés randomisés et les études d'intervention publiés entre 2001 et 2015, qui faisaient appel à un régime pauvre en glucides. En voici les principaux résultats :

  • Moins on consomme de glucides, plus les taux d'hémoglobine glyquée diminuent : par exemple la baisse est de 2,2% pour 30 g de glucides par jour, et autour de -1% pour des quantités allant de 70 à 100 g par jour.
  • La perte de poids va de 8,6 kg à 0,9 kg avec des réductions plus importantes à 2 ans chez les personnes ayant suivi un régime pauvre en glucides (-4,7 kg) par rapport à un régime pauvre en graisses (-2,9 kg) (4).
  • La glycémie à jeun diminue de 11,7 mmol/L à 7,0 mmol / l, ce qui permet de réduire les médicaments médicaments. 52% des patients consommant 14% de leurs calories sous forme de glucides ont réduit leurs médicaments contre 21% seulement après un régime avec 53% des calories apportées par les glucides. Une réduction ou une élimination des médicaments entraîne une diminution des événements hypoglycémiques.
  • Les régimes apportant en moyenne 58% de graisses et 14% de glucides (en pourcentage des calories) ont entraîné une diminution considérable des niveaux de triglycérides, par rapport à ceux qui apportaient 30% de matières grasses et 53% de glucides. Dans le même temps, le stress psychologique associé à la gestion du diabète a été réduit, et les troubles de l’humeur également.

Une étude d'intervention de 2018, d'une durée de 2 ans a comparé une alimentation hypocalorique "low-carb" adaptée (14% des calories sous formes de glucides, plus 20 grammes de glucides par jour après 24 semaines) à une alimentation hypocalorique, riche en glucides (53% des calories) à index glycémique bas, pauvre en graisses (moins de 30% des calories). Les deux régimes alimentaires ont engendré une perte de poids et une amélioration du contrôle de la glycémie (baisse de l'hémoglobine glyquée ou HbA1c) similaires. Malgré tout, par rapport à l'autre, le régime low-carb a permis de réduire de manière plus importante le recours aux médicaments anti-diabétiques oraux et d'obtenir de plus amples améliorations dans la stabilité de la glycémie quotidienne.

En pratique

  • Un régime pauvre en glucides, écrivent les auteurs de la méta-analyse, peut fournir une solution sûre et efficace pour améliorer la gestion du diabète et devrait avoir une place dans les directives du diabète.
  • "Il est possible, disent-ils, que les conseils alimentaires actuels accélèrent réellement l'épuisement des cellules bêta [du pancréas, celles qui synthétisent l’insuline] par le biais d’une augmentation de la glycémie qui diminue la capacité des 'îlots [de Langerhans] à produire de l'insuline."
  • On peut guérir d'un diabète d'apparition récente. Si les conseils classiques sont en échec, LaNutrition.fr conseille aux patients d'envisager avec leur médecin ou leur diététicien-nutritionniste soit un régime hypocalorique strict comme celui de l'université de Newcastle (qu'a suivi Normand Mousseau et qu'il détaille dans "Comment j'ai vaincu le diabète sans médicament"), soit un régime low-carb, soit encore un régime végétarien.

Si vous souhaitez passer au low-carb : 101 recettes pauvres en glucides, de Magali Walkowicz, Le Nouveau régime Atkins et Le grand livre de l'alimentation cétogène

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