Découvrez les 10 règles diététiques d’un microbiote intestinal équilibré et les mesures de mode de vie pour un microbiome en pleine forme.

Le SIBO (small intestinal bacterial outgrowth), parfois appelé "pullulation bactérienne de l'intestin grêle", est une affection méconnue dont les symptômes ressemblent à ceux de l’intestin irritable. Voici ce que l'on sait sur le SIBO.
Notre tube digestif contient des milliards de bactéries dont la concentration varie, de l'estomac au côlon. Ainsi, normalement, il y a peu de bactéries dans le duodénum, à la sortie de l’estomac, mais bien plus dans le gros intestin que dans l’intestin grêle. Mais dans le SIBO (l'acronyme de small intestinal bacterial outgrowth), le nombre de bactéries dans l’intestin grêle est anormalement élevé. Ces bactéries sont en général des coliformes, des bactéries qu'on ne retrouve normalement que dans le côlon, dites à Gram négative et fermentant le lactose.
Quels sont les symptômes du SIBO et comment le reconnaître ? À quoi est-il dû et comment le soigner ? Un article de deux chercheurs de l’université d’Augusta (Géorgie, Etats-Unis) paru dans le journal Clinical and Translational Gastroenterology fait le point sur les connaissances que nous avons sur le SIBO.
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Le SIBO se manifeste par des ballonnements, des gaz, des diarrhées et constipations, des indigestions, des problèmes de motilité intestinale, des crampes abdominales soit des symptômes proches de ceux du syndrome de l’intestin irritable. Le SIBO empêche aussi la bonne absorption de certains nutriments comme les glucides et les protéines et peut entraîner des déficits en fer et en certaines vitamines (A, D, E et B12 notamment). Il peut se manifester également par une malabsorption des lipides, une hyperperméabilité intestinale (et donc le passage de fragments non digérés hors de l'intestin) et une réaction inflammatoire et immunitaire.
Certains médicaments favorisent le SIBO, comme les inhibiteurs de pompe à protons (IPP) et les opioïdes (contre la douleur). Les IPP réduisent les acides gastriques, ce qui favorise la croissance des bactéries : ces médicaments antiacides augmentent de 70 % le risque de SIBO. Dans ces cas, l’arrêt des IPP et des opioïdes devrait donc soulager le SIBO.
Des opérations chirurgicales peuvent également avoir un rôle dans le SIBO, comme le bypass gastrique ou l'ablation du côlon. D’autres affections sont associées au SIBO : les maladies inflammatoires de l’intestin, la dyspepsie, la rosacée, la pancréatite, la maladie de Parkinson, le diabète, la maladie coronarienne…
Dans le Washington Post, Hazel Veloso, une gastro-entérologue à Johns Hopkins, explique que « Tout ce qui fait ralentir l'intestin grêle - même les radiothérapies contre le cancer ou l'âge avancé - peut provoquer un SIBO. »
Le SIBO a des symptômes proches du syndrome de l'intestin irritable (SII). Mais la fermentation intestinale semble plus importante dans le cas du SIBO et caractérise vraiment ce dernier. De nombreuses personnes souffrant de SII présentent aussi un SIBO (mais on peut avoir un SIBO sans présenter de SII) : environ 78% des patients selon les méta-analyses disponibles.
Le diagnostic du SIBO peut s'effectuer de différentes manières.
La première méthode de diagnostic du SIBO se fait en réalisant des cultures de bactéries aspirées dans l’intestin, au niveau du duodénum, avec un endoscope. Cette méthode présente des inconvénients : elle est particulièrement invasive et coûteuse et certaines bactéries intestinales sont difficiles à cultiver. Par ailleurs, la colonisation bactérienne peut avoir lieu à d'autres endroits de l'intestin que le duodénum. Les études indiquent qu'il faut compter plus de 103 CFU de bactéries /ml pour diagnostiquer un SIBO.
L'analyse de l’air expiré après ingestion de glucides (du glucose à raison de 75 g ou 10 g de lactulose) est un autre moyen de savoir si on souffre de SIBO ou non. L’analyse des gaz présents dans les poumons (hydrogène ou méthane) donne en effet une indication sur la présence des bactéries réalisant la fermentation de ces glucides. Ce test se base sur le fait que les cellules humaines ne sont pas capables de produire ces gaz. Si ces derniers sont présents dans l'air expiré c'est donc qu'ils proviennent de la fermentation des glucides par les microbes de l'intestin et sont passés ensuite dans les poumons via la circulation sanguine.
Cette méthode est peu coûteuse, non invasive et facile à réaliser ce qui la rend de plus en plus utilisée. Elle est en revanche moins fiable que le prélèvement bactérien et pas complètement validée scientifiquement. De faux positifs peuvent ainsi être rencontrés chez des personnes souffrant de maladies pulmonaires chroniques ou chez les fumeurs.
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Le traitement du SIBO utilise souvent des antibiotiques afin d’éliminer des bactéries de l’intestin grêle. Des études montrent que les antibiotiques rifaximine, norfloxacine et métronidazole sont efficaces contre le SIBO. Le traitement avec la rifamixine, l’antibiotique le plus étudié pour le SIBO, fonctionnerait chez 70 % des patients. Les antibiotiques ne sont donc pas efficaces à 100 % !
Les probiotiques, des bactéries ayant un effet positif sur l'intestin, ont été testés contre le SIBO, même s'il peut paraître contrintuitif d'utiliser des bactéries dans le cas d'un excès de bactéries. Les études sur les animaux étaient encourageantes mais les études humaines, dont la qualité est disparate, donnent des résultats plus mitigés, indiquant même parfois que les probiotiques pourraient contribuer à l'apparition du SIBO.
Une autre option de traitement consiste à agir sur l’alimentation. Notamment en réduisant la part des aliments conduisant à une fermentation.
L'option qui a été la plus étudiée, avec un certain succès, est l'adoption d'un "régime élémentaire". Il consiste à en fournir au patient des aliments « prédigérés », sous la forme de formules diététiques. Mais de tels régimes, monotones, ne peuvent se concevoir sur de longues périodes et doivent être médicalement encadrés.
Une intolérance au lactose pouvant être impliquée dans le SIBO, un régime sans lactose peut s'avérer efficace chez certaines personnes. À tester même si rien n'est démontré. De même un régime sans gluten peut être testé pendant quelques semaines puisqu'il a des effets positifs sur le syndrome de l'intestin irritable (SII) dont les symptômes sont proches. Mais rien n'a été prouvé pour ce régime.
Autre possibilité nutritionnelle : le régime sans FODMAPs. Les FODMAPs sont des sucres fermentables. Puisque le SIBO est dû à une fermentation excessive, cela paraît une bonne idée. Souvent utilisée contre l’intestin irritable, cette approche alimentaire n’a toutefois pas fait ses preuves contre le SIBO (les preuves sont de "qualité très faible" selon les scientifiques).
En complément, il peut être intéressant de se tourner vers des pratiques efficaces contre le SII :
Des livres pour aller plus loin : Soignez le côlon irritable naturellement et La solution FODMAP
Rao SSC, Bhagatwala J. Small Intestinal Bacterial Overgrowth: Clinical Features and Therapeutic Management. Clin Transl Gastroenterol. 2019;10(10):e00078.
Nickles MA, Hasan A, Shakhbazova A, Wright S, Chambers CJ, Sivamani RK. Alternative Treatment Approaches to Small Intestinal Bacterial Overgrowth: A Systematic Review. J Altern Complement Med. 2021 Feb;27(2):108-119.
Pimentel M, Saad RJ, Long MD, Rao SSC. ACG Clinical Guideline: Small Intestinal Bacterial Overgrowth. Am J Gastroenterol. 2020 Feb;115(2):165-178.
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