Une nouvelle explication à la dépression

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 28/01/2020 Mis à jour le 29/01/2020
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Une étude suggère que les traitements contre la dépression devraient aider à restaurer le bon fonctionnement de la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau.

Pourquoi c’est important

En France, d’après l’Inserm, une personne sur 5 souffre ou a souffert de dépression. Or les traitements contre la dépression échouent dans environ 30 % des cas, ce qui laisse supposer qu’ils ne ciblent pas toujours les bonnes causes. Différents travaux suggèrent que la dépression est liée à une inflammation du cerveau et un mauvais fonctionnement vasculaire. Les personnes touchées par des maladies inflammatoires, cardio-vasculaires, sont plus souvent concernées par la dépression.

Lire : Ces aliments pro-inflammatoires qui favoriseraient la dépression

Habituellement, le cerveau est isolé du reste de l’organisme grâce à la barrière hémato-encéphalique. Cette barrière physique composée de vaisseaux et de cellules contrôle le passage de molécules et les échanges entre le sang et le cerveau. Lorsque cette barrière devient perméable et « fuit », elle laisse entrer des toxines ou des molécules pro-inflammatoires dans l’espace cérébral, augmentant ainsi le risque d’inflammation et de pathologies. La maladie d'Alzheimer, par exemple, pourrait être liée à la porosité de cette barrière.

Ce que montre l’étude

Cette étude parue dans la revue PNAS a été réalisée par un ensemble de chercheurs canadiens, européens et américains. Les auteurs avaient montré chez la souris que les symptômes dépressifs étaient liés à une mauvaise étanchéité de la barrière hémato-encéphalique au niveau du noyau accumbens, une zone impliquée dans le contrôle de l’humeur.

Plus précisément, la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique était causée par la diminution d’une protéine,  la claudine-5, qui se trouve au niveau des jonctions serrées. Ces jonctions serrées présentes entre les cellules des vaisseaux sanguins servent à  empêcher le passage de molécules. Des résultats similaires ont été observés dans le cerveau de personnes décédées qui souffraient de dépression : chez elles aussi, l’expression de la claudine-5 est diminuée au niveau du noyau accumbens et leur barrière hémato-encéphalique est moins étanche.

Cécile Ménard, chercheuse à l’université de Laval, explique : « La diminution de l'étanchéité de cette barrière équivaut à entrouvrir la porte qui donne sur le cerveau. Des molécules pro-inflammatoires, qui seraient normalement bloquées, peuvent alors se frayer un passage et induire un processus inflammatoire dans le tissu nerveux. »

Les chercheurs ont voulu comprendre pourquoi la claudine-5 diminue chez certains sujets, qui développent des symptômes dépressifs, et non chez d’autres, qui « résistent » mieux. Ils ont étudié les cellules de la barrière hémato-encéphalique de trois groupes de souris :

  • des souris stressées qui développent des symptômes dépressifs,
  • des souris stressées mais qui ne développent pas de symptômes dépressifs (résilientes),
  • des souris témoins.

Ils ont ainsi mis en évidence des mécanismes moléculaires qui favorisent l’expression de la claudine-5 chez les souris résilientes, en particulier des facteurs épigénétiques.

Les souris dépressives, quant à elles, expriment plus le gène hdac1 qui code pour l’histone désacétylase 1, une enzyme impliquée dans la régulation épigénétique des neurones, la dépression et la réponse au stress. Quand hdac1 est plus exprimée dans les vaisseaux, il y a moins de claudine-5. Chez les souris dépressives, les chercheurs sont parvenus à bloquer hdac1  et à augmenter l’expression de la claudine-5 : les souris ont alors développé des interactions sociales. Par conséquent, en augmentant la claudine-5 et donc en améliorant l’étanchéité de la barrière hémato-encéphalique, on pourrait probablement combattre la dépression.

Mais ces résultats sont-ils applicables à l’homme ? Pour le savoir, les chercheurs ont examiné les données enregistrées dans une banque de cerveaux humains de l’université McGill. Ils ont trouvé que, comme chez les souris dépressives, le gène hdac1 était plus exprimé chez les personnes dépressives qui ne prenaient pas de médicament. Cette expression de hdac1 était liée à la perte de la claudine-5.

En conclusion, cette étude suggère de nouvelles pistes de traitements contre la dépression, visant à restaurer l’intégrité de la barrière hémato-encéphalique.

En pratique

Une alimentation riche en fruits et légumes, l’exercice physique, la méditation de pleine conscience, peuvent aider à lutter contre la dépression. Retrouvez ici une sélection d’articles dédiés à ce sujet :

Pour protéger le cerveau de l'inflammation  et maintenir l'intégrité de la barrière hémato-encéphalique, suivre les conseils de Max Lugavere dans Supernutrition du cerveau.

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